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Critique de fbalestas


Voilà un récit plaisant et très agréable à lire.

Chandra est un jeune homme originaire de Calcutta, très doué pour les mathématiques, que ses parents envoient à Paris pour parachever ses recherches en mathématiques.
Manoj, son père, est propriétaire d'une station d'épuration à Calcutta, et va subir un acte de grande malveillance dans son travail.

Le récit alterne le récit de la découverte de Chandra du coeur de la capitale française – il est logé dans une chambre de bonne par un couple de curieux originaux au sein de l'île de Cité – et le récit de la famille de Chandra, restée à Calcutta, mais avec qui il échange via Skype : la grand-mère, Indir, un membre essentiel de la famille, Rosha, sa mère, une intellectuelle universitaire, en butte au sexisme ordinaire contre les femmes et ses deux charmantes soeurs Sharmila et Sweety.

A Paris, Chandra est donc logé par Klemens, un original qui cache de curieux trésors dans un vieil appartement parisien, qui est l'enceinte de la Bibliothèque polonaise, et qui va l'initier aux premiers graffitis parisiens datant de 1764, et lui montrer où on peut encore en trouver. En marge de ses études à l'Institut Point Carré, il se lie d'amitié avec deux étudiants exilés comme lui : Dimitri le russe, et la belle Margot.
Sa découverte de Paris, qu'il découvre lentement en se promenant à pied, nous ouvre un Paris intime, sous l'oeil neuf du scientifique qu'il est profondément.

Pendant ce temps, Manoj, son père, a de curieux soucis dans son travail : en retrouvant un animal mort dans une des cuves de sa station d'épuration, il découvre que celui-ci a été empoisonné par de l'arsenic, versé par malveillance dans les cuves d'eau potable, et par ailleurs victimes d'une explosion interne : des signes évidents d'un acte délibéré contre lui.
Et le scribe, me direz-vous ? C'est lors d'une visite au Louvre que Chandra le découvre, et, quelques milliers d'années plus tard, le jeune indien se retrouve, comme ce scribe, lettré, mathématicien, isolé loin des siens, mais poursuivant ses recherches avec beaucoup de conviction – des recherches qui pourraient bien aider son père Manoj à résoudre ses problèmes de cuves fissurées.


C'est fluide, léger, agréable, avec une prégnance des odeurs et des couleurs très plaisante pour le lecteur – la description de Calcutta et de ses millions d'habitants, et de son trafic urbain pollué est très expressive - avec une attention particulière aux décors que j'avais déjà remarquée en lisant Tout un monde lointain de la même autrice.

On pense à Satyajit Ray, le cinéaste indien, que la famille de Chandra a côtoyé : une même attention aux êtres et aux choses, sans jugement ni conclusion (on ne saura pas si Manoj sera venu au bout de ses peines et aura trouvé les coupables, ni si Chandra aura rendu son exposé à temps, et aura brillé par ses raisonnements mathématiques).

Métaphore de ce récit contemporain mais appelé à durer, la découverte des graffitis datant de l'époque de Restif de la Bretonne laisse à penser que des traces, produites aujourd'hui, auront peut-être un écho demain - tout comme ce scribe, datant d'une autre ère, nous fascine bien encore lui aussi, derrière sa fenêtre du Musée du Louvre.

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