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Critique de fbalestas


Ils sont trois.
Il y a d'abord Greco, une femme déjà âgée, qui porte le prénom de l'actrice Juliette Greco – le troisième est un peintre célèbre, donc ce prénom n'est pas si mal. Cette femme a été décoratrice, ou plutôt « ensemblière » comme elle aime à le dire. Elle vit sur les hauteurs de Nice, non loin de Monaco, dans une belle villa. Mais pas dans la villa de ses rêves : non loin de chez elle il y a en effet la fameuse « Villa E. 1027 », « construite entre 1926 et 1929 par Eileen Gray, une architecte et un designer irlandaise, et Jean Badovici, un architecte roumain. Deux amis et amants qui combinèrent leurs initiales cryptées pour baptiser la villa, dont le nom sonne encore comme un rendez-vous secret : E pour Eileen, 10 (la 10ème lettre de l'alphabet) pour le J de Jean 2 pour le B de Badovici, 7 pour le G de Gray ».
Ils ne sont pas trois, ils sont plutôt quatre. Car cette villa est à la fois un décor mais aussi le quatrième angle d'une figure qui réunit les trois autres personnages.
Dans cette villa mystérieuse et troublante, deux squatters se sont installés. Choquée par cette intrusion dans une maison dont le propriétaire est mort il y a 5 ans, et que Greco vise de racheter, elle découvre peu à peu Louison, un jeune danseur amateur de drôles de farces, et Tessa, sa compagne, danseuse aussi. Fascinée par ce couple, Greco va délaisser sa vie tranquille pour aller à la rencontre d'un univers qui lui parle, et faire émerger des souvenirs d'enfance qui intéressent mystérieusement les deux jeunes gens …
Avec un style très recherché, une attention particulière aux décors et aux objets, Célia Houdart nous embarque dans son récit, comme Gréco l'est par les deux jeunes gens qui squattent la villa qu'elle convoite. Avec une très grande sensibilité, l'auteure parle du rapprochement improbable entre une femme d'un certain âge et deux danseurs à peine sortis de l'adolescence. Un trio qui ne manque pas de nous fasciner nous aussi, en tant que lecteurs. On peut parler aussi de sensualité quand il s'agit de parler des corps, la femme plus âgée délaissant par exemple sa pudeur naturelle pour se baigner nue avec les deux amants. On pense à Claude Pujade Renaud et sa « Danse océane » ou bien à Michèle Lesbre dans son « Canapé rouge ».
Il y sera question de le Corbusier, qui s'est noyé tout près, sur la plage de la Buse, et qui aurait tenté de masquer le génie de Eileen Gray, et de cette mystérieuse communauté d'originaux, théosophes et écologistes avant l'heure, Monte Verita …
On prendra beaucoup de plaisir à découvrir ce récit de Célia Houdart, en écoutant par exemple ce morceau de Henri Dutilleux, ce concerto pour violoncelle, dont le titre est également emprunté à un vers du poème La Chevelure, extrait des Fleurs du mal de Charles Baudelaire : « Tout un monde lointain, absent, presque défunt » : un résumé du récit, que Célia Houdart ici ressuscite sous nos yeux.
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