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Critique de bdelhausse


Ajoutons une 178è critique à ce livre qui n'en a certainement pas besoin... Lire le premier roman de Houellebecq en 2023, c'est surimposer une série d'images lors de la lecture, et qui viennent -justement (ou injustement)- perturber le ressenti du lecteur. Une de ces images est de considérer que le personnage principal est Michel Houellebecq. On peut se le dire au terme de 30 ans de bouquins de la même veine. Mais quand Extension du domaine de la lutte paraît, on a encore des doutes sur le fait que Houellebecq se met en scène via son roman.

30 ans, ce roman a 30 ans ou quasi. En 1994, il fait l'effet d'une mini-bombe. En 2023, il ne fait plus d'effet du tout. Je me suis d'ailleurs assez vite lassé des émois du personnage principal. Cela m'a paru factice et forcé. OK, il y a de chouettes passages (jusqu'aux 4/5 du livre, je reviendrai sur la fin dans un moment). On parle toujours de Houellebecq comme d'un technicien de la langue française. Il manie effectivement plutôt bien la langue. A l'écrit... car à l'oral... on a toujours l'impression qu'il s'ennuie ou est pris de boisson (les deux sans doute).

Il est des écrivains qui parlent avec passion de leurs livres ou des romans en général. Houellebecq, c'est l'inverse. Je le vois, et j'ai envie de jouer aux jeu vidéo.

Le sujet du roman... le spleen d'une génération de trentenaires... n'exagérons pas. C'est donner plus d'aura au livre qu'il n'en avait dans l'esprit de son auteur. le mal de vivre d'un asocial... sans doute. J'aime bien que la littérature m'élève (c'est sans doute prétentieux de ma part), j'ai envie de sortir d'une lecture grandi, grandi par le sujet, par la forme, grandi grâce à l'auteur. Ici, je n'ai pas l'impression de cela. Je me suis un peu senti souillé, sali par la pensée d'un auteur qui semble vouloir ramener tout le monde à sa propre petite personne mesquine et revancharde.

L'entame du roman est cynique, caustique. Je pourrais adhérer à la violence du propos à l'encontre des femmes UNIQUEMENT dans la mesure où on se trouve dans une fiction, l'auteur faisant parler un homme que l'on va tout de suite prendre en grippe... le hic, c'est que l'on va douter de la distance entre l'auteur et son personnage principal, entre le propos de l'auteur et la critique de la société, ou la critique du comportement, de la pensée, du personnage principal. Et la pensée du personnage principal semble finalement se confondre avec celle de l'auteur. 30 ans plus tard, le lecteur est fixé à mon avis.

Les 20 premières pages passées, un roman légèrement antérieur à celui de Houellebecq s'est imposé à moi. American Psycho. Surtout quand on est dans le passage où le personnage principal veut pousser son collègue au meurtre. Puis on passe à autre chose. le parallèle avec American Psycho me semble pouvoir être poursuivi: je n'adhère pas au propos violent et à la vision du personnage principal du roman américain, mais Brett Easton Ellis met de la distance entre ce personnage et lui, assez clairement.

Misère sexuelle, sociale, psychologique... la folie du personnage principal s'impose. Folie particulièrement floue et chaotique dans l'écriture des 20 dernières pages, fort pénibles en ce qui me concerne. Et si cette folie était celle du système capitaliste qui force ses particules (les "citoyens") à s'entrechoquer pour leur survie. On sait que pas mal d'auteurs essaient de faire une lecture économique des romans de Houellebecq. le sujet serait une critique du capitalisme... Marx doit déjà avoir dit tout cela fin du XIXè siècle.

Non, plus j'essaie d'analyser mon ressenti et ma lecture, moins je suis convaincu de ce que j'ai lu. Une chose est sûre, je me suis copieusement ennuyé pendant une bonne moitié d'un livre (dont la lecture m'a pris finalement fort longtemps, par rapport au nombre de pages), au moins autant que le personnage central du roman, pour lequel je n'éprouve aucune empathie ni compassion. le pire, finalement, au terme d'une lecture assez morose, c'est que je suis assez d'accord avec Houellebecq sur la misère sexuelle et sociale de la fin du siècle, dans une atmosphère à la fois débridée et pudibonde, des années post-SIDA.

Allez, Michel, j'ai le titre de ton prochain film X... Extention du domaine de la bi...
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