AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Philemont


Les particules élémentaires raconte le destin parallèle de deux demi-frères dont la vie est éminemment marquée par les femmes et la libéralisation des moeurs des années 1960 et 1970. Leur mère participe d'ailleurs activement au mouvement hippie, au détriment de ses enfants qui sont élevés séparément par des personnes tierces. A l'âge adulte, l'un est devenu un brillant chercheur en biologie mais mène une vie terne et isolée, son univers se résumant à son laboratoire et le supermarché installé à côté de chez lui ; il n'a ni relation amoureuse, ni relation sociale, à l'exception de son demi-frère qu'il a fini par connaître à l'adolescence. Ce demi-frère est un petit professeur de français en lycée qui ne parvient pas à concrétiser son aspiration à devenir écrivain ; il est vrai que ce qui le motive au plus haut point c'est le sexe, lequel confine à l'obsession rarement assouvie. L'un et l'autre sont les représentants de la misère sexuelle, le premier pour son absence totale de désir, le second pour la frustration permanente de sa libido exacerbée. Pour ce dernier cela mène inévitablement aux portes de la folie, voire du suicide, mais pour le chercheur en biologie c'est le sujet d'une réflexion solitaire qui sera à l'origine d'une révolution scientifique visant à dissocier radicalement la reproduction du plaisir...

Deuxième roman de Michel HOUELLEBECQ, Les particules élémentaires est connu avant tout pour le tapage médiatique qui accompagna sa publication en 1998. Il est vrai que la prose de l'auteur est d'une rare crudité et qu'inévitablement elle a été accompagnée d'un accueil critique très partagé. En outre, l'oeuvre se voulant un bilan de ce qu'a été la société française dans la deuxième moitié du XXème siècle, certains ont pu se sentir attaqués, jusqu'à demander l'interdiction du roman. C'est probablement cela qui explique qu'il n'obtiendra pas le Goncourt, l'institution n'étant pas une adepte de la provocation, contrairement à Michel HOUELLEBECQ.

Car ce que nous montre ce dernier dans son roman c'est une conception pessimiste de la vie, et même le caractère vain de l'humanité. C'est même pourquoi il va jusqu'à élaborer une théorie du futur dans laquelle l'homme laisserait la place à une espèce génétiquement manipulée et dont la reproduction par clonage libérerait de toute dépendance à la sexualité. En d'autres termes, le futur selon HOUELLEBECQ passe inévitablement par l'eugénisme.

A ce niveau on comprend que le roman ait pu choquer. Mais on peut aussi s'étonner qu'il ait été souvent pris au premier degré ; à ce niveau les lecteurs habitués des littératures de l'imaginaire auront peut-être plus de facilités. Demeure en outre le constat éminemment réalistes de deux vies médiocres évoluant dans une société en pleine décadence. Il y a enfin la prose de Michel HOUELLEBECQ, toujours argumentée avec érudition et humour. En fait, avec Les particules élémentaires, il n'y a pas de juste milieu : il s'agit d'un roman que les lecteurs détesteront, ou qu'ils adoreront. Je fais partie des seconds.
Commenter  J’apprécie          162



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}