Après ma rencontre avec
Houellebecq à travers
La carte et le territoire, j'ai eu envie d'aller plus loin, d'apprendre à connaître cet auteur dont on parle tant et que, pourtant, je n'avais pas encore lu. Mais c'est face à un autre
Houellebecq que je me suis retrouvée, celui de la fougue de la jeunesse, du cynisme qui fait sa renommée médiatique.
Les particules élémentaires sont une histoire à la fois loufoque et triste, celle de deux demi-frères, miroir de deux univers, liés par la force des choses – une mère fantasque – et pourtant opposés, contraires en tout. A part leur mère, une seule chose semble les réunir : le naufrage sentimental dans lequel leurs vies sont plongées. Bruno et Michel sont deux faces d'une même pièce, deux idéaux-types de l'homme occidental tentant de survivre dans un univers hostile. L'un, Bruno, cherche à tout prix à se sentir totalement, complètement, essentiellement vivant. Dans le langage de
Houellebecq, cela s'exprime dans des scènes sexuellement trash ou fantasmée comme telles car se sentir vivant, pour Bruno, c'est baiser. Au sens le plus strict du terme. L'autre, Michel, se contente d'exister, dans une attitude froide et scientifique, qui permet à l'auteur, amateur de digressions, de mêler à son texte des dissertations physiques et biologiques.
Les péripéties rocambolesques s'enchaînent à un rythme fou, tranchant ainsi avec la gravité du ton général de l'ouvrage, où l'on retrouve la « patte »
Houellebecq. Car finalement, cette histoire est celle d'une humanité occidentale à la dérive : les aventures ébouriffantes ne sont qu'un léger paravent qui cache une variation sur la vie et sur la mort, sur leur non-sens. Apparemment frivole, ce roman est construit autour de cette atmosphère de délitement, de déchéance, d'avancée inéluctable vers la mort et les moyens pathétiques que les hommes mettent en oeuvre pour tenter d'éviter l'inévitable. Une belle réflexion sur la vie.