Déprimant à souhait. L'histoire d'un type passé la quarantaine, dont la vie sentimentale se réduit à peau de chagrin, un job sans rêves et une libido déglingué, annihilé. Comment ça, ça vous rappelle quelque chose ? Oui, c'est du
Houellebecq tout craché, le malaise de l'homme blanc mature au XXe-XXIe siècle... Pour certains c'est un défaut, je n'y vois pas de problèmes (que les auteurs qui n'écrivent jamais le même bouquin jettent la première pierre...). S'il est vrai que l'habitué pourra retrouver un
Houellebecq en terrain conquis, radotant parfois, c'est aussi l'occasion d'apprécier tout ce qui fait la force de cet auteur qui sait si bien capter notre présent, et souvent en extrayant la moelle encrassée de notre société, de nos rapports humains de plus en plus distants. Il y a des errements (la relation avec Claire par exemple, que j'ai trouvé dispensable) mais aussi des moments grandioses (surtout lorsque l'on parle de névrose...) comme tout ce qui a trait à la vie présente de Camille ou la révolte de l'aristocrate-paysan.
Un livre dont je suis sorti en suffoquant, tant le mal-être y est profond, happant. Difficile de lui en vouloir, peu sont capables de nous entraîner dans de tels gouffres. Au final, en refermant le livre, j'y ai vu une analogie avec une scène de Thalasso, le film dans lequel jouent
Houellebecq et Depardieu. Pour ceux qui ont vu le film, il y a un moment très poignant avec
Houellebecq, dans une sorte de confession désespérée. C'est tout à fait l'humeur de
Sérotonine, à la fois malaisant, déprimant et humain (pour ne pas dire sublime...).