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Critique de Patsales



C'est maintenant qu'il faut lire ce roman!
Parce que sa description d'un monde politique à la dérive ne peut que faire écho aux folles semaines qui ont précédé l'élection présidentielle. "Les deux partis qui structuraient la vie politique française depuis les débuts de la V° République allaient-ils être balayés? L'hypothèse était tellement renversante qu'on sentait que les commentateurs qui se succédaient à toute allure sur le plateau - et jusqu"à David Pujadas, pourtant peu suspect de complaisance envers l'islam, et réputé proche de Manuel Valls - en avaient secrètement envie."
Dans cette France où la bi-polarité a explosé, un homme nouveau a commencé son entreprise de séduction: "Plus que tout autre, rappela-t-il cette fois-ci, il avait bénéficié de la méritocratie républicaine; moins que tout autre, il souhaitait porter atteinte à un système auquel il devait tout, et jusqu'à cet honneur suprême de se présenter au suffrage du peuple français. [...] Suave et ronronnant, son discours se poursuivit pendant une dizaine de minutes avant qu'on ne passe aux questions de la presse. J'avais remarqué depuis longtemps que les journalistes les plus teigneux, les plus agressifs étaient comme hypnotisés, ramollis en présence de [...]
Le second tour s'annonce donc sous les meilleurs auspices: "Surexcités, les journalistes des chaînes info se relayèrent toute l'après-midi afin d'essayer d'en savoir un peu plus sur les conditions de l'accord et la répartition des ministères, s'attirant à chaque fois la même réponse sur la vanité des considérations politiciennes, l'urgence de l"unité nationale et de panser les plaies d'un pays divisé, etc. Tout cela était parfaitement attendu, prévisible: ce qui l'était moins, c'était le retour de François Bayrou au premier plan de la scène politique."
Évidemment, les législatives sont une promenade de santé. Et l'avenir ne semble pas voir renaître une opposition digne de ce nom: "L'implosion brutale du système d'opposition binaire centre-gauche - centre-droit qui structurait la vie politique française depuis des temps immémoriaux avait d'abord plongé l'ensemble des médias dans un état de stupeur confinant à l'aphasie. [...] Cependant, peu à peu, au fil des semaines, des noyaux d'opposition commencèrent à se former. Sous l'impulsion de personnalités aussi improbables que Jean-Luc Mélanchon et Michel Onfray, des réunions de protestation eurent lieu [...]"
L'idée d'un front commun qui préfèrerait un parti islamique, même modéré, au Front National s'avère nettement moins visionnaire mais représente un horizon d'attente logique pour le mâle plus bêta qu'alpha de la geste houellebecquienne. L'Islam domine le christianisme comme l'homme domine la femme et la polygamie résout tous les problèmes, économiques autant qu'existentiels.
Roman vraiment malin, souvent passionnant, presqu'aussi souvent ennuyeux... Mais qu'en est-il du racisme supposé de l'auteur?
Je serais musulmane, je ne pense pas qu'il me plairait de voir ma religion réduite à sa part moyen-âgeuse. Je serais lepeniste, en revanche, je crois que j'apprécierais le miroir tendu.
"Une immense banderole barrait toute la largeur de l'avenue, portant l'inscription: "Nous sommes le peuple de France". Sur de nombreux petits panneaux disséminés dans la foule était écrit, plus simplement: "Nous sommes chez nous" - c'était devenu le slogan, à la fois explicite et dénuée d'agressivité exagérée, utilisé par les militants nationaux au cours de leurs rassemblements."
C'est marrant, non? Dans ce roman où tout est vrai, la seule transformation de l'arrière-plan naturaliste concerne le slogan du F.N.: non pas "Nous sommes chez nous" mais "On est chez nous", plus brutal et moins correct, partant plus menaçant.
La question sous-jacente du roman est, me semble-t-il: Pourquoi ne pas laisser le Pen gagner? Question à laquelle certains hommes politiques ne sont plus gênés de répondre.
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