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Critique de ChezLo


ChezLo
03 septembre 2017
Paris, 2022, ambiance morose à l'approche des élections. Les forces politiques font subir aux citoyens un équilibre inattendu, avec les identitaires derrière le Front National, et Mohammed Ben Abbes candidat du parti de la Fraternité Musulmane, ouvert à l'ouverture. Notre personnage suit cela d'un oeil, sans le son de la télé, en demandant quelques infos à une connaissance remerciée des services secrets. Sa copine Myriam l'a quitté pour rejoindre Israël avec sa famille. Il est seul et l'orage semble gronder. Alors il quitte la capitale pour le sud-ouest de la France, la veille du second tour.


Loin du raffut et des polémiques médiatiques de la sortie du roman, je me suis consacrée à la lecture de Soumission.

Houellebecq s'amuse avec cet exercice d'anticipation proche, en imaginant en 2014 ce que seraient les élections présidentielles de 2022 et la situation sociale qui suivrait. Il prévoyait dans sa fiction l'élimination des deux partis habituels, une Marine le Pen au second tour, mais face à un parti islamiste modéré. Point de vision du phénomène Macron. Loin de centrer son roman sur une montée de l'islam politique et conquérant, il est aussi beaucoup question de littérature, et des mouvements identitaires pour des "indigènes européens". On s'amuse de Bayrou en homme providentiel sur le devant de la scène, central, traditionnaliste.

Et Houellebecq s'amuse à penser qu'à la veille d'un second tour, le bloc républicain contre le FN verrait une alliance PS-UMP-Fraternité musulmane. Au final, Mohammed Ben Abbas sera élu, les Universités perdront une immense partie de leurs crédits publics au profit de financements privés du Qatar et d'Arabie Saoudite. Quitter la fac ou se convertir et accepter un poste très confortable ?

A travers cette fable politique, ce roman, ce droit à l'imagination littéraire, Michel Houellebecq, avec son humour pince-sans-rire, son observation des semblables auxquels il semble ne pas ressembler du tout, il effiloche le portrait d'une France apaisée car soumise, doucement satisfaite du retour à un traditionalisme flatteur, à la maîtrise du laisser-aller culturel et social, à la reconsidération des religions, à la valorisation de la cellule familiale comme noyau économique, et le retour au bon vrai mariage hétéro. Cela satisfait plus de groupes que l'on aurait pu imaginer, et Ben Abbas s'impose en rassembleur tolérant, alors qu'il aura à l'esprit la détestation entre Qatar et Arabie Saoudite.

Soumission, c'est peut-être une fable politique, mais la question de l'Islam n'intervient pas dès le début du roman. C'est aussi et surtout le parcours d'un homme universitaire et l'évolution de sa vie privée désenchantée, solitaire, contrariée. Il s'interroge souvent sur l'utilité d'un suicide, d'une poursuite du quotidien, ou d'une soumission à la vie en société telle qu'elle se métamorphose, malgré nous.

Ni scandale, ni chef d'oeuvre, un roman, la fiction d'un auteur qui s'est documenté un tantinet.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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