Pourquoi j'aime lire
Houellebecq ? Parce qu'il a de l'humour, le sens de la dérision et parce qu'il décrit de façon impitoyable, presque entomologiste, la fin de civilisation qui s'est emparée de l'Occident pour en dilapider l'héritage, tout particulièrement dans notre pays.
« Cette Europe qui était le sommet de la civilisation humaine s'est bel et bien suicidée, en l'espace de quelques décennies (..) Il y a eu dans toute l'Europe les mouvements anarchistes et nihilistes, l'appel à la violence, la négation de toute loi morale. Et puis, quelques années plus tard, tout s'est terminé par cette folie injustifiable de la première guerre mondiale.
Freud ne s'y est pas trompé,
Thomas Mann pas davantage : si la France et l'Allemagne, les deux nations les plus avancées, les plus civilisées du monde, pouvaient s'abandonner à cette boucherie insensée, alors c'est que l'Europe était morte. »
Les personnages de
Soumission se soumettent à un ordre nouveau, chacun s'adapte et, comme toujours, certains mieux et plus vite que d'autres. Ils se soumettent comme, me semble t'il, se soumettent les Français qui, à grand renfort de bougies et marches blanches, finissent par tout accepter, des premiers attentats dans le métro aux meurtres de masse comme un soir de 14 juillet en passant par la décapitation d'un professeur d'histoire qui tentait de faire son métier.
« C'est la
soumission, dit doucement Rediger. L'idée renversante et simple, jamais exprimée auparavant avec cette force, que le sommet du bonheur réside dans la
soumission la plus absolue. (..) Voyez-vous, poursuivit-il, l'islam accepte le monde, et il l'accepte dans son intégralité, il accepte le monde tel quel, pour parler comme
Nietzsche. »
Comment ne pas se reconnaître un peu dans les personnages de
Houellebecq, désabusés, sans conviction ni perspective, prêts à tout accepter pour ne pas avoir à faire la guerre qu'on leur a déclarée.
Alors reste à lire
Houellebecq pour rester lucide. C'est déjà quelque chose de ne pas se mettre la tête dans le sable.