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Citations sur Aimée de Coigny : Ardente et passionnée (19)

Quand Bonaparte devient Premier consul, le pays est exsangue. Les Directeurs n’ont pensé qu’à s’enrichir, la France était le moindre de leurs soucis.
Les impôts rentrent difficilement. La Terreur blanche règne dans certaines régions. L’instruction publique est nulle, l’état des hôpitaux navrant. Les commerçants sont contraints de fermer boutique, faute de denrées ou de marchandises. Des industriels licencient leurs ouvriers. À Marseille, le port est « un cimetière de bateaux ». Faute d’argent pour payer l’huile des lanternes, Bordeaux vit dans l’obscurité. On s’évade des prisons – véritables cloaques – tant les murs sont délabrés. Prendre la diligence équivaut à faire un acte d’héroïsme, tant en raison des brigands que de l’état des routes. Les digues s’écroulent. Quant aux finances… Bonaparte y nomme Gaudin, un spécialiste. Bien qu’il révèle dans ses Mémoires qu’il avait eu beau gratter le fond de tous les tiroirs de son ministère, trois ans plus tard, le franc germinal est créé.
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Chez la princesse d’Hénin qui, en dépit de ses trente-neuf ans – un âge certain à l’époque… –, garde un charme imposant de Junon un peu mûre, les deux camps se rejoignent également. Malheureusement, dans son salon, on joue… on joue même beaucoup pour essayer d’améliorer « l’ordinaire ». On joue au whist, bien entendu, le jeu préféré du comte d’Artois, mais au loto, ainsi que le signale Horace Walpole dans sa correspondance qui précise, le 27 septembre 1792 : « Leurs interminables histoires sur leurs absurdes compatriotes m’ennuient à mourir. Absurdes, ils le sont les uns et les autres, démocrates et aristocrates. Calonne leur débite des mensonges qui les élèvent aux nues et, après quelques jours, ils apprennent de nouvelles horreurs qui leur causent un cruel désappointement et les plongent dans le désespoir. Pauvres gens, je ne trouve rien à leur dire pour les encourager ! »
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Talleyrand donne sa démission de ministre des Relations extérieures en juillet 1799, et abandonne – momentanément – l’hôtel Galliffet pour un meublé de la rue Taitbout, où il vit en compagnie de la pulpeuse Mme Grand qui deviendra un jour son épouse et princesse de Bénévent. Il attend patiemment son heure. Il est grand temps qu’elle vienne, car le « margouillis » national – expression du temps – est partout. « La dépravation des mœurs est extrême, souligne un rapport de police, et la génération nouvelle est dans un grand désordre dont les suites malheureuses sont incalculables pour la génération future. L’amour sodomiste et l’amour saphique sont aussi effrontés que la prostitution et font des progrès déplorables. »
Les vêtements portés sont si extravagants qu’ils semblent proches du déguisement. Col-cravate montant plus haut que le menton, fonds de pantalon démesurés, jambes étroites, taille déplacée, chapeaux énormes, cheveux coupés à la chien pour les hommes, chiens hirsutes d’ailleurs, avec des mèches de toutes tailles. La rapine règne en maîtresse. Piller les deniers publics est la moindre des peccadilles. La France semble revenue à l’état sauvage. Les routes sont défoncées, les canaux embourbés. Il ne faut pas croire que le peuple est libre ! Dans l’Yonne, il est même interdit de danser le décadi !
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Les parents offrent à leurs rejetons des amours de petites guillotines avec lesquelles il est possible de raccourcir proprement des animaux, oiseaux, souris, etc. Les fenêtres donnant sur le lieu des supplices se louent à prix d’or.
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Les deux camps se réunissent parfois chez la duchesse de Fitz-James, et Aimée apprend qu’il est d’usage de déposer 3 shillings dans une coupe placée dans l’antichambre afin de régler les frais de bougies, de boissons et de menues friandises. Si l’hôtesse estime que certains participants en ont les moyens, elle trouve malséant qu’ils ne déposent pas au moins une guinée dans la coupe. À l’issue de la soirée, Mme de Fitz-James compte soigneusement la « recette » et vérifie s’il n’y a pas de faux shillings en se livrant à d’aigres réflexions sur les participants avares !
Pour les nobles, travailler, c’est déroger… Seules les femmes se livrent à cette occupation hélas ! nécessaire. Ce sont elles qui font vivre leur mari, leur fils, toute leur famille avec un courage digne d’admiration.
Parfois les jeunes filles échangent leurs toilettes, afin de se donner l’illusion d’en avoir une neuve, transformée à l’aide de rubans, d’un autre fichu, d’un bouquet de fleurs, au gré du goût ou de l’imagination de celles qui n’ont plus rien.
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À Rome, les Français tiennent le haut du pavé. Sur le Corso, à l’heure de la promenade, on n’entend parler que leur langue […]. Le comte d’Espinchal a laissé un intéressant Journal d’émigration, et note au sujet des mœurs fort libres : « Il y a à Rome moins de filles publiques que de femmes qui font commerce de leurs charmes. Ce sont les maris, vêtus en abbés, qui se chargent de les conduire chez nous, à peu de frais… » Il semblerait donc que, depuis les frasques de Casanova, les choses n’aient guère changé.
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Certaines dates de cette année 1789 sont restées dans la mémoire d’Aimée. Elle les évoquera dans son Journal. Ainsi elle remarque, le 28 avril, la rougeur de la duchesse d’Orléans quand on l’interroge sur l’incendie de la manufacture de papiers peints Réveillon, incendiée et pillée dix jours auparavant. Passant par là en carrosse, elle avait été acclamée. Quant au duc « qui s’y trouvait peut-être, il changea la conversation ».
Le bruit a couru longtemps que les partisans du duc d’Orléans avaient distribué de l’argent pour fomenter des troubles. L’or anglais aurait été également distribué dans le même but…
« J’ai longtemps cru, dit-elle, que le duc d’Orléans était plus bête que méchant. Dans ses caves on cherchait la pierre philosophale… Il fut lâche aussi. Chef d’escadre à Ouessant, il feignit de ne pas comprendre les signaux… alors qu’il devait couler vaisseau après vaisseau.
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Le 20 juin, l’Assemblée fait le serment de donner une Constitution à la France. Aimée applaudit. « J’ai vu depuis la ruine d’une demi-douzaine de ces constitutions ; mille ans la France s’en était passée ; nous avons été dindonnés. »
Personne ne se doutait à l’époque de l’effondrement proche tant « les préludes des bouleversements sont toujours pleins de charme », poursuit Aimée. La Révolution française, on le sait – alors qu’elle l’ignorait encore –, fut l’œuvre d’hommes de lettres ». Les salons bruissaient de conversations philosophiques plus ou moins bien assimilées. Il est facile – et sans risque – de détruire le monde dans un salon. La mode est à « la chasse aux mots », comme l’a dit le roi Salomon, que cite notre duchesse, mais « la chasse aux mots ne produit rien », a conclu cet « épicurien sceptique » des temps anciens.
« Des écrivains adroits prirent alors beaucoup de peines et de soins, continue Aimée, pour apprendre au peuple français, heureux autant qu’il pouvait l’être, et beaucoup plus qu’il ne le fut depuis, l’énormité de ses souffrances… Et moi aussi, avoue-t-elle, j’ai respiré cette enivrante odeur de corruption dans nos salons, ouverts à tous ceux qui devaient se faire nos pires persécuteurs. Le tourbillon, né de leur verbe déréglé… a détruit un monde harmonieux, sous le couvert d’une mascarade effrontée, sanglante, absurde. »
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Le 18 novembre 1785, Madame devint veuve. Après avoir échappé à la guillotine, elle fut l’une des premières à rouvrir son salon. En 1796, à presque soixante ans, se tenant très droite, on voit encore qu’elle avait été fort belle. Plutôt maigre, elle conserve un teint d’une fraîcheur exquise et possède d’admirables yeux d’un bleu foncé. Extrêmement soignée, elle coiffe toujours un léger bonnet blanc qui porte la griffe de Mlle Despréaux, la modiste en renom, et se vêt uniquement de blanc dès la belle saison. L’hiver la revoit en teintes sombres, mais un superbe châle de cachemire blanc drape ses épaules.
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Des mères n’hésitent pas à amener leurs enfants. Il faut que les jeunes apprennent comment on traite les ennemis de la République. C’est une leçon ! Une mère gourmande son bambin qui pleurniche : « De quoi te plains-tu ? Je t’ai pourtant mené voir tomber vingt têtes ! »
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