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Critique de ladesiderienne


Août 1916, dans un village lorrain, Louise, 16 ans, orpheline, est confiée aux mains expertes d'Anne. Elle a été trouvée par des soldats, atrocement violée par une troupe de soudards. La douce Anne oeuvre en compagnie de sa fille, la glaciale Vida, en tant que matrone et s'occupe, en plus des accouchements, de tous les problèmes féminins (ceux qui rebutent un peu les médecins qui préfèrent réserver leur art aux soins des hommes qui rentrent de la guerre). Devant leurs yeux défilent donc femmes enceintes, filles qui veulent avorter, prostituées atteintes de maladies vénériennes. Remise sur pied, Louise est d'abord reléguée à l'étable où elle s'occupe des animaux puis, petit à petit, malgré son illettrisme, elle assiste Anne dans son travail et apprend à soigner les petits ou gros bobos de ses consoeurs.

le 1, Rue des Petits Pas, adresse du dispensaire, porte bien son nom car c'est ainsi que l'on se reconstruit après la guerre dans ce village de réfugiés situé dans une zone interdite et qui n'a pas encore d'existence officielle, entre les soldats démobilisés, les américains qui occupent la place et les femmes, victimes collatérales de la guerre, qui s'organisent pour que la vie reprenne.

Un peu comme "Le Choeur des femmes" de Martin Winckler, ce livre est un hommage à la condition féminine en évoquant les origines du métier de sage-femme. L'auteure que je ne connaissais qu'à travers ses polars écrits à 4 mains avec Jérôme Camut (Les Vois de l'ombre) nous offre un ouvrage d'un tout autre genre, empreint d'un réalisme parfois très cru. La reconstruction du village et de ses habitants ne se fait pas sans heurts : on assiste à de grands moments de fraternité mais aussi à des scènes de jalousie et de folie. L'entraide côtoie les plus viles mesquineries et malgré l' utilité de sa fonction, on ne tarde pas à reprocher à Louise sa jeunesse et son absence de diplôme, ajouté à cela le fait d'élever un enfant qui n'est pas le sien et ses amours interdites.

J'ai beaucoup aimé le portrait émouvant de ces matrones tiraillées entre leur métier, la loi et la religion, qui servent de lien entre les femmes de tous milieux, qu'elles soient baronnes ou catins. Par contre, la multitude de personnages qui s'activent dans ce village, qui copulent à droite et à gauche (c'est la vie qui reprend ses droits) a apporté un peu de lourdeur au récit. Si on y ajoute la généalogie compliquée de Vida dont l'histoire des ancêtres est liée à une légende et sur laquelle l'auteure s'étend beaucoup, vous comprendrez que ce roman ne supporte pas le moindre relâchement dans l'attention du lecteur. Cette lecture difficile mais terriblement humaine mérite un 14/20.
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