Le grand navire humain, voguant sous les étoiles,
Doit avoir, fuyant l'ombre et cherchant toujours l'est,
L'avenir pour boussole et le passé pour lest.
Quand le vivant s'endort, il s'établit immédiatement une communication entre son lit et sa tombe. Tout corps couché prend la ligne de l'horizon de l'âme. l'endormi devient le réveillé de l'ombre; il n'est pas immobile, il vole dans l'immensité; il n'est pas aveugle, il voit dans l'infini; il n'est pas sourd, il entend dans l'espace; il n'est pas muet, il parle dans la mort; il n'est pas couché, il est ailé, il n'est pas étendu, il est planant, il n'est pas tombé, il est ressuscité. L'endormi est l'assaillant de la nuit.
Vous tenez le livre, vous l'avez sous les yeux, tout à coup il semble que la page se déchire de haut en bas comme le voile du Temple.
Par ce trou, l'infini apparaît.
Les phénomènes du sommeil mettent-ils la partie invisible de l'homme en communication avec la partie invisible de la nature?
La première chose que l'homme a sous les pieds, c'est l'impénétrable, la terre;
La première chose qu'il a sous les yeux, c'est l'incommensurable, le ciel.
Un livre est un engrenage. Prenez garde à ces lignes noires sur du papier blanc ; ce sont des forces ; elles se combinent, se composent, se décomposent, entrent l'une dans l'autre, pivotent l'une sur l'autre, se dévident, se nouent, s'accouplent, travaillent