AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Laureneb


Une critique où je reprends en résumant ce que j'ai indiqué sur la page de chacune des oeuvres séparément.

Dans les Orientales, Hugo est encore un jeune poète, pas encore un maître. Il cherche donc à révolutionner l'art. On le voit dans la musicalité des vers, avec un jeu très poussé sur les sonorités et sur les longueurs - le poème "Djinns" est assez connu pour cela, à juste titre, il faut le lire à voix haute.
J'ai aussi bien apprécié la préface, où il se justifie de choisir l'Orient, pour ses images évocatrices - on est en plein dans ce que Edward Saïd nommera l'orientalisme. Effectivement, rien ne manque, du sable du désert, aux fontaines des oasis, des esclaves voluptueuses du harem, à la peau cuivrée ou diaphane, aux sabres dégoulinant de sang noir et rouge, dans un croisement incessant entre sensualité - qui est presque de l'érotisme - et violence, de l'héroïsme des Grecs aux massacres des conquérants turcs...
Enfin, il est révélateur de l'évolution politique de Hugo : le poème "Lui" montre que tout ramène au géant de ce siècle, Napoléon. Même en parlant d'Orient, le poète pense au conquérant.

Dans les Feuilles d'automne, il y a moins d'innovations stylistiques, Hugo n'a pas encore mis le "bonnet rouge au vieux dictionnaire", pas encore de grande rupture dans le style, les alexandrins semblent relativement sages dans la forme - réserve-t-il à cette époque l'audace à son théâtre ? La thématique de la beauté de la nature, n'est pas ce que je préfère chez lui, ce certain sentimentalisme parfois un peu fleur bleu...
On retrouve cette admiration pour l'Empereur chez cet Hugo qui a déjà évolué politiquement. Et surtout, on lit déjà une pitié bienveillante pour les pauvres - qui ne sont pas encore misérables. Il salue aussi déjà la liberté, refusant la tyrannie et l'oppression, prêt à se battre - à sa manière, par sa lyre, pour cette valeur suprême.
Et puis ce n'est plus un jeune amoureux chaste, c'est un père de famille, qui a déjà eu des joies et des douleurs, des tromperies aussi. Il se sent déjà au milieu de sa vie, dans "son automne". Il se sent comme un exilé, qui n'est plus à sa place dans sa patrie, qui n'est pas apprécié et qui est critiqué.
Mais finalement, faut-il dire comme l'écrivit Alexandre Dumas en découvrant les Contemplations "qu'il était bon que Hugo souffrît" pour pouvoir écrire une oeuvre si belle ? Lire tout l'amour qu'il porte à la jeune Léopoldine est déchirant par avance, lire l'opinion que Victor Hugo porte sur ses livres - pensant avoir déjà atteint le sommet de son oeuvre est émouvant, alors qu'il lui reste tant de souffrances personnelles et collectives à vivre, tant de douleurs intimes et nationales à partager, mais aussi tant de chef-d'oeuvres à écrire.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}