Ils craignaient le vin sombre et les pâles ménades;
Ils étaient indignés, ces vieux fils de Brennus,
De voir les rois passer fiers sous les colonnades,
Les cortèges des rois étant des promenades
De prêtres, de soldats, de femmes aux seins nus,
D'hymnes et d'encensoirs, et de têtes coupées,
Frappez, écoliers,
Avec les épées
Sur les boucliers.
Libre, il sait où le bien cesse, où le mal commence;
Il a ses actions pour juges.
Ce sont les rois qui font les gouffres; mais la main
Qui sema ne veut pas accepter la récolte,
Le fer dit que le sang qui jaillit se révolte.
Seigneurs ! préservez moi, préservez ceux que j'aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l'été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !
L'Arabie est son aïeule.
Les Maures, pour elle seule,
Aventuriers hasardeux,
Joueraient l'Asie et l'Afrique :
Mais Grenade est catholique,
Grenade se raille d'eux,
Grenade, la belle ville,
Serait une autre Séville
S'il en pouvait être deux.
Avant que, de fleurs dépeuplés,
Les champs n'aient subi les faucilles,
Allez, allez Ô jeunes filles,
Cueillir des bleuets dans les blés !