Faire le deuil, ça signifie quoi, en fait ? Oublier ? Apprendre à vivre sans l'être que l'on vient de perdre ?
Ne pensez-vous donc pas que nous avons tous le droit de décider de nos derniers instants avant quiconque ?
Au nom de la liberté du choix,
Au nom de la dignité humaine,
Au nom à la liberté de la personne,
Accordons la priorité à la volonté individuelle.
Défendre l'euthanasie, c'est défendre la vie.
Pourquoi faire vivre quelqu’un qui souffre, quelqu’un d’à moitié mort qui supplie qu’on le laisse choisir?
La justice peut-elle refuser une mort digne à ceux que la vie a abandonnés?
Oui, je persiste: je veux mourir parce que cette vie de merde qu'on me fait vivre depuis mon accident, je n'en peux plus, je n'en veux plus, ce n'est pas une vie.
Ma mère m'a donné la vie, je lui demande à présent de me donner la mort.
Tu sais maman, la mort, ce n'est pas moche. C'est beau la mort c'est si simple.
Alors pour que vous me compreniez mieux, pour que le débat sur l'euthanasie franchisse enfin un palier, que ce mot et cet acte ne soient plus un sujet tabou, que l'on ne laisse plus vivre les gens lucides comme moi qui veulent obstinément mourir mais qui ne peuvent mettre eux-mêmes fin à leurs souffrances, j'ai voulu faire ce livre que je ne lirai jamais de mon vivant. Oui, ce livre, je ne le verrai jamais dans les librairies, je ne verrai jamais la gueule qu'il a, car je suis mort depuis le 24 septembre 2000 peu après 20 heures sur une route départementale de l'Eure. Depuis ce jour, je ne vis plus, on me fait vivre, on me maintient en vie. Pour qui, pour quoi, je ne sais pas. Tout ce que je sais c'est que je suis un mort vivant, que je n'ai pas souhaité cette fausse mort et encore moins tout ce que j'endure depuis près de trois ans.
Les animaux c'est comme les hommes,on n'a pas le droit de les laisser souffrir.
Et puis, si j'ai refusé de me montrer, c'est aussi par respect pour ma mère. Je sais qu'au quotidien elle fait tout pour que je sois présentable. C'est elle qui chaque soir prépare mes habits pour le lendemain. Elle préfère le faire elle-même car si ce sont les infirmières du matin qui le font, je suis habillé n'importe comment. Elles n'ont aucun goût ! Il est vrai qu'elles ont peut-être d'autres préoccupations. Mais pour moi, c'est très important, encore aujourd'hui, d'avoir de belles fringues, d'être bien coiffé, que mon bouc soit bien taillé. Question de dignité. Question, non pas de bien-être, mais de mieux paraître, de mieux me présenter à mes proches, à ceux qui viennent régulièrement me rendre visite et qui sont habitués à me voir délabré mais digne.