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Critique de evascardapelle


Des romans qui traitent de la rupture amoureuse et de l'érosion du couple, ce n'est pas ce qui manque.
Si "Un été sans les hommes" commence par la rupture ou plutôt "la pause" du couple formé depuis plus de trente ans par Mia et Boris, ce ne serait pas juste de le limiter à ce thème. Ce roman est résolument féministe. Et il est dans sa version la plus appréhendable et juste : sans aucune oppostion au masculin.
Siri Hutsvedt est forte. Très forte. A partir d'une histoire plutôt banale, elle nous embarque dans une réflexion profonde, pertinente et étonnante sur la femme, sur les périodes qui composent toute vie, l'adolescence par exemple, sur les rôles qu'elle endosse, dont celui de la maternité, sur les sentiments amoureux et la sexualité.
Sur la pause, l'auteur ne verse ni dans le pathos, ni dans la vulgarité. On est TRES loin de "Beaux Rivages" de Nina Bouraoui. Dans ce style d'exercice, on mesure toute la puissance de la littérature américaine qui dévoile rarement tout, qui ne livre au lecteur que le strict minimum, pour que celui ci s'approprie et réinvente l'histoire selon ses propres valeurs.
Quand l'héroine de "Beaux rivages" consulte proprement son psy, celle de Hutsvedt pete un plomb. A l'hôpital psychiatrique. Elle y est internée un moment et l'auteur nous épargne les détails. Ça tombe bien. On imagine aisément sa douleur. On y croit.
La pause de son couple, c'est le moyen pour l'héroine de réaliser la sienne dans un environnement exclusivement féminin. Poétesse, auteure, la narratrice anime le temps de sa convalescence un atelier d'ecriture regroupant sept adolescentes. L'occasion pour elle de replonger dans la sienne, en miroir, révélatrice de différences à un âge où on
les supporte peu, et sur lesquelles on forge sa vie adulte et ses relations sociales. La narratrice retrouve également sa mère en maison de retraite qui lui offre un voyage dans le temps. Tout couple a ses mystères, toute femme en cache les secrets en son coeur.
De ses rencontres avec les protagonistes féminines qui l'entourent, l'héroïne en ressort apaisée. Hutsvedt en profite pour remettre les pendules a l'heure en démontant certaines théories de l'évolution féminine avec un cynisme délicieux. C'est là que l'écriture de cette admirable écrivain peut paraître rébarbative avec ses références scientifiques et littéraires. Sauf qu'il y a chez Siri Hutsvedt, un humour, une réflexion, une élégance dans l'écriture qui vous emportent et qui vous tiennent en haleine jusqu'à la fin.
J'ai beaucoup aimé.
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