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Critique de BazaR


Roulé dans la farine et manipulé comme un pantin.
Voilà comment je me sens.
Dave Hutchinson devrait avoir honte.

A travers les yeux et les oreilles de Duke Faraday, on pénètre dans une communauté de marginaux dont il est le Président presque honorifique, exilée très, très loin de la Terre, qui a pour credo et cahier des charges de faire évoluer l'humanité par tous les moyens génétiques à sa disposition.
Là on est dans un contexte de science fiction, pas gêné par les débats d'éthique du monde réel, et on peut décrire ça de plein de manières entre l'horreur absolument dystopique ou l'Eden utopique. Les yeux et les oreilles de Duke placent le curseur proche de l'utopie. C'est simple, j'ai eu l'impression de voir une copie des Extros d'Hypérion de Dan Simmons (copie un peu pâle quand même ; les descriptions d'habitats spatiaux et d'humains transformés lumineusement beaux m'ont plus marqué chez Simmons, mais Hutchinson s'en tire pas mal quand même). L'idée pénètre par osmose dans nos neurones, sans qu'on y pense : entre des mains altruistes, le transhumanisme c'est bon.

Le ton, le comportement de Duke contribuent d'ailleurs à effacer toute velléité d'anxiogénie (oui, je sais monsieur Pivot, j'invente un mot). Il est carrément désinvolte, cool, blagueur, presque maladroit au milieu de tous ces génies geeks augmentés. Je lui ai spontanément attribué le visage d'un héros de série que j'aime bien (je le masque pour éviter d'influencer les éventuels futurs lecteurs). Tous ces braves gens s'expriment sur un ton familier mâtiné de « je n'en ai rien à battre » et de « foutu réacteur en carton » qui éloigne la différenciation avec le lecteur à des années-lumière.

Malgré la menace potentielle qui pèse sur la communauté, les contre-mesures organisées par Duke se mettent en place sans difficulté ; ça glisse comme sur des roulements à bille bien huilés. le récit en devient presque poussif tellement ça manque d'obstacle.
Jusqu'au moment où la menace se précise.
Et là c'est doute, interrogation, renversement de perspective.
On s'est foutu de nous.
Et vous savez quoi ? Des claques comme ça, j'en redemande tous les jours (et je ne suis pas maso).

On est vraiment dans le domaine de la manipulation, de l'information, du lecteur, du réel. Dave Hutchinson se prend pour Philip K. Dick, mais un Dick qui prendrait au sérieux le décor de son histoire.
Et nous sommes ses animaux de laboratoire.

C'est du dickien rationnel. Je vois que ça.
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