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Critique de Deleatur


Sac au dos:

Parue dans sa version définitive en 1880, cette longue nouvelle m'a franchement laissé sur ma faim. Son titre ainsi que la quatrième de couverture de l'édition Folio semblent en effet promettre un texte qui n'existe pas: "En 1870, un jeune conscrit raconte le quotidien des soldats français en guerre contre la Prusse: la douleur et les larmes, les poux, la crasse et la mort...". Derrière le personnage de fiction, le jeune conscrit est Huysmans lui-même, qui raconte son expérience du conflit. Mais force est de constater qu'il n'en a pas vu grand chose, sinon une succession d'hôpitaux pour soigner sa dysenterie. Pas l'ombre d'un Prussien dans le texte, et à peu près rien sur la guerre en elle-même. Les premières pages ne manquent cependant ni d'intérêt ni de talent, racontant la mobilisation et le départ pour le front, sur un ton grinçant et résolument antimilitariste. C'est à vrai dire le principal intérêt de ce texte, paru en un temps de nationalisme revanchard et à l'époque où se développent par exemple les premiers bataillons scolaires ainsi que toute la rhétorique des "provinces perdues". Passées ces quelques pages, il ne reste qu'un récit assez banal de troufions qui font le mur de l'hôpital pour aller se goberger et courir la gueuse. Pour un peu, on en viendrait presque à regretter que Huysmans n'ait pas vraiment vu cette guerre, car son regard iconoclaste aurait peut-être bien tiré un chef d'oeuvre d'un tel matériau... Bref, ce n'est certainement pas par ce texte-là que je conseillerai d'aborder l'auteur.

A Vau l'eau :

Voilà en revanche un texte autrement dérangeant. Il s'agit là encore d'une longue nouvelle, dont le sujet est cette fois le quotidien bien morne d'un employé de bureau.
M. Folantin – c'est son nom – est dévoré par l'ennui et cherche désespérément un sens à son existence. M. Folantin, hélas, ne croit en rien : ni en l'amour ni en la religion ni en aucun système politique ou philosophique d'aucune sorte. C'est un matérialiste qui voudrait trouver la clé de son salut dans la qualité de ses restaurants ou la décoration de son intérieur. Il va d'illusions en petites défaites jusqu'à la résignation finale, et comprend peut-être enfin dans la conclusion qu'il n'existe pas de sens à sa vie. « Il faut se laisser aller à vau-l'eau », se dit-il comme dans un début de sagesse... Texte sombre, souvent narquois, et qui interpelle encore le lecteur aujourd'hui.
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