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Eugène Lejantel, jeune Parisien, est mobilisé pour la guerre de Prusse. Peu de temps après son départ, il tombe malade et a bien des difficultés à se faire soigner. Avec son compagnon Francis, il trompe l'ennui à l'hospice et tente des sorties de polissons dès que l'occasion se présente. « Mon ami et moi étions arrivés à ce degré d'abrutissement qui vous jette sur un lit, s'essayant à tuer, dans une somnolence de bête, les longues heures des insupportables journées. » (p. 36)

De la guerre, il ne voit finalement pas grand-chose : de son grabat, il apprend la défaite de l'Empereur. Et il a à peine le temps de rentrer à Paris que la capitale est occupée par l'ennemi. Mais c'est sans importance : de retour dans son petit logis, il profite d'une intimité que l'armée n'offre pas. « Il faut avoir vécu dans la promiscuité des hospices et des camps pour apprécier la valeur d'une cuvette d'eau, pour savourer la solitude des endroits où l'on met culotte bas, à l'aise. » (p. 56)

C'est ici le Huysmans naturaliste qui écrit, bien avant sa période décadente ou mystique. Cette nouvelle propose un naturalisme guerrier, mais surtout un naturaliste médical. Ici, on parle de dysenterie et de furoncle en toute liberté. Eugène Lejantel incarne le jeune Parisien attaché à son petit confort. Huysmans évoque avec humour et ironie la joie de disposer de latrines personnelles.
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Sac au dos:

Parue dans sa version définitive en 1880, cette longue nouvelle m'a franchement laissé sur ma faim. Son titre ainsi que la quatrième de couverture de l'édition Folio semblent en effet promettre un texte qui n'existe pas: "En 1870, un jeune conscrit raconte le quotidien des soldats français en guerre contre la Prusse: la douleur et les larmes, les poux, la crasse et la mort...". Derrière le personnage de fiction, le jeune conscrit est Huysmans lui-même, qui raconte son expérience du conflit. Mais force est de constater qu'il n'en a pas vu grand chose, sinon une succession d'hôpitaux pour soigner sa dysenterie. Pas l'ombre d'un Prussien dans le texte, et à peu près rien sur la guerre en elle-même. Les premières pages ne manquent cependant ni d'intérêt ni de talent, racontant la mobilisation et le départ pour le front, sur un ton grinçant et résolument antimilitariste. C'est à vrai dire le principal intérêt de ce texte, paru en un temps de nationalisme revanchard et à l'époque où se développent par exemple les premiers bataillons scolaires ainsi que toute la rhétorique des "provinces perdues". Passées ces quelques pages, il ne reste qu'un récit assez banal de troufions qui font le mur de l'hôpital pour aller se goberger et courir la gueuse. Pour un peu, on en viendrait presque à regretter que Huysmans n'ait pas vraiment vu cette guerre, car son regard iconoclaste aurait peut-être bien tiré un chef d'oeuvre d'un tel matériau... Bref, ce n'est certainement pas par ce texte-là que je conseillerai d'aborder l'auteur.

A Vau l'eau :

Voilà en revanche un texte autrement dérangeant. Il s'agit là encore d'une longue nouvelle, dont le sujet est cette fois le quotidien bien morne d'un employé de bureau.
M. Folantin – c'est son nom – est dévoré par l'ennui et cherche désespérément un sens à son existence. M. Folantin, hélas, ne croit en rien : ni en l'amour ni en la religion ni en aucun système politique ou philosophique d'aucune sorte. C'est un matérialiste qui voudrait trouver la clé de son salut dans la qualité de ses restaurants ou la décoration de son intérieur. Il va d'illusions en petites défaites jusqu'à la résignation finale, et comprend peut-être enfin dans la conclusion qu'il n'existe pas de sens à sa vie. « Il faut se laisser aller à vau-l'eau », se dit-il comme dans un début de sagesse... Texte sombre, souvent narquois, et qui interpelle encore le lecteur aujourd'hui.
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Cela faisait fort longtemps que je me disais ce Huysmans, il faudrait essayer, il a quand même eu ses heures de gloire aux côtés des Zola, Flaubert et autre Maupassant, mais sa réputation un peu ésotérique me rebutait. Je crois que c'est Houellebecq qui m'a décidé !

Donc, essai avec ce petit ouvrage regroupant deux des textes courts les plus connus de l'auteur.

Dans "Sac au dos", Eugène et son comparse Francis sont conscrits pendant la guerre de 1870.
Tombant rapidement malades, ils vont se trimbaler d'ambulances en hôpitaux et hospices militaires. Gais lurons, ils alternent périodes d'ennui et sorties qui tournent aux frasques. Eugène aime les femmes, et va se faire un peu dorloter par Soeur Angèle qui n'est pas insensible à son charme. le rythme est enlevé, la situation des deux hommes n'est finalement pas si mauvaise, d'où une sensation d'optimisme voire d'insouciance qui se dégage parfois du récit...même si on n'oublie pas de nous signaler les estropiés, et nous rappeler l'ambiance générale, omniprésente, de faim et de crasse. Et nos héros croiseront quand même des soldats revenant du front avec leurs témoignages bouleversants. Et au final, un hommage aux femmes qui font tenir et à l'avènement de la République.

Dans "A vau l'eau", l'auteur semble nous entraîner fatalement et inexorablement vers un drame, avec l'histoire de M.Folentin, petit fonctionnaire sans grade et sans personnalité, qui laisse passer sa vie et s'ennuie dans sa solitude de vieux garçon. Sa principale recherche de plaisir est de trouver de bonnes tables pour manger...malheureusement, il n'est jamais satisfait, allant de gargouilles en bouis-bouis infâmes et malpropres, n'appréciant pas davantage les sorties et spectacles proposés par sa compagnie du moment. Passant par des phases de déprime, il a aussi des phases de lucidité philosophe où il se dit qu'il n'est pas si malheureux...et que finalement ses quelques efforts pour émerger de sa vie monotone et vide ne l'ont pas fait avancer...en concluant ainsi qu'il est préférable de se laisser porter et le temps passer sans rien infléchir, laissant ainsi sa vie partir "A vau l'eau"...
La conclusion est assez étonnante, tant on aurait dit que Folentin courait à sa perte !

Ces deux nouvelles se lisent agréablement. C'est bien écrit, il y a du rythme dans la première, et des réflexions très pertinentes à mon avis sur l'état de la société de son temps et son évolution dans la seconde...On sort à chaque fois avec une impression en demi-teinte, finalement pas si pessimiste, il y a de l'espoir ou de la philosophie, que les personnages trouvent au fond d'eux malgré un environnement assez désespérant.
Peut-être la forme courte (ce sont finalement des nouvelles) ou l'inexpérience encore de l'écrivain (ce sont parmi ses premiers textes) font qu'on ne s'étend pas sur les états d'âme de ces anti-héros.
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Ce livre est constitué de deux nouvelles.
Dans la première « Sac au dos » qui donne son titre au livre, nous faisons la connaissance de Eugène et Francis tous jeunes conscrits de la guerre de 1870.
Mais de guerre, ils n'en entendront même pas le son de la canonnade, tous deux malades iront de dispensaires, en infirmeries et en hôpitaux.
Ils croiseront bien quelques soldats qui leur raconteront la guerre et les malheurs qui vont avec.
Et pour les deux jeunes gens, la défaite de Napoléon III devant les Prussiens leur amènera une vie nouvelle dans une IIIème République naissante.
Récit en grande partie autobiographique et pamphlet contre les absurdités de la guerre.
Dans la seconde nouvelle «A vau l'eau » l'auteur nous fait suivre les tourments de Folentin petit fonctionnaire ministériel, célibataire convaincu, qui déplore son existence morne due d'après lui au simple fait d'être né dans une famille désargentée.
Le seul plaisir de Folentin, le seul qu'il s'accorde, est celui de la table.
Mais voilà, rien ne trouve grâce à ses yeux, aucune cantine, aucun restaurant aucune table d'hôte, pas même les repas qui lui sont livrés à domicile.
Personnage qui sombre dans la mélancolie et qui parfois par quelques sursauts se révolte contre son existence morne, dans laquelle il retombe vite.
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Deux courts romans de mon cher JKH, manifestement en grande partie autobiographiques. le premier narre, dans un style célinien avant l'heure, les tribulations de deux soldats perdus de l'imprudente aventure prussienne de Badinguet, le second décrit dans le détail la vaine recherche, par un employé de bureau célibataire et aigri, non pas du temps perdu, mais plus prosaïquement d'un resto potable pour dîner le soir dans son quartier de Saint Sulpice, qui aujourd'hui ne connaît plus ce problème... Dans ces deux textes, le style de l'auteur, son sens de l'observation et de la description, font merveilleusement passer son indécrottable pessimisme.
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Deux nouvelles qui permettent de découvrir Huysmans, auteur quelque peu mis de côté face aux montres sacrés de son temps que sont Zola et Maupassant. On retrouve en particulier dans le deuxième récit les thèmes du célibat, de la solitude, de l'ennui qui sont chers à Houellebecq et qui expliquent le choix du romancier d'avoir fait appel à Huysmans dans son livre "Soumission".

Il y a quelque chose dans le style de JKH qui tient vraiment de Céline dans cette capacité à décrire la vie de célibataire dans ce qu'elle a de plus absurde. L'alternance de passages descriptifs dans la plus pure esthétique naturaliste et de réflexions introspectives sur toutes sortes de choses du quotidien fait l'unicité de Huysmans et tout son intérêt.
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MELANCOLIE, DESENCHANTEMENT, DEPERISSEMENT

Deux nouvelles de J.K. Huysmans..."Sac au dos" et "A vau l'eau" (Husmans a, entre autre, le génie du titre : "A vau-l'eau", "A rebours", "Là-bas"*).

"Sac au dos" ou le troupeau humain de soldats pris dans un mouvement sans fin de trains, de marche à pied, puis d'arrêts d'hôpital en hôpital. On est en 1870...Le second Empire s'effondre....Pour le personnage principal, la guerre reste une expérience de promiscuité type "transport de viandes vivantes". La conclusion sur ce que signifie bien être (un lit douillet et des cabinets propres) ramène l'humain au rang d'animal ne tolérant que son odeur "sui generis"("(«chacun trouve que sa propre merde sent bon» disait Erasme).

"A vau l'eau", ode élevée à la petitesse de l'employé de bureau fonctionnaire de l'administration républicaine des débuts de la IIIème, raconte les journées vides de vie, d'enthousiasme, de sens de Jean Folantin, quasi exclusivement préoccupé par son dîner du soir. Flaubert finissait par avoir de la compassion pour les "idiots" qu'il créeait ("Bouvard et Pécuchet), Maupassant adorait torturer son bourgeois de Paris...Ni cruel, ni attendri (Au fond, le grand Gustave est une bonne pomme), mais anatomiste disséquant le corps et l'âme sentant le suri...Huysmans découpe son Folantin et le regarde en tant que créature des moins appétissantes.
La grandeur de Huysmans tient en trois points : son style, direct, sonnant juste, avec des mots biens choisis ; son art de décrire l'absurde condition de la vie quotidienne faite d'ennuis, de besoins, de manque de moyens ; sa capacité à saisir le lecteur qui ne peut pas quitter le livre. Huysmans sait tenir sa lectrice ou son lecteur. En prime on trouvera dans "A vau l'eau" de très beaux moments sur l'amour des livres, seuls passages où la lumière semble vuloir s'imposer.

A lire donc !



On passe du dépérissement ("A vau l'eau") à la construction d'une forteresse esthétique "dandy" façon fin de siècle "à la Mallarmé" (A rebours) pour se jeter dans l'horreur (celle qui fascinait certainement Flaubert), les expériences mystico-sexuelles adoratrices de Satan afin de se fouetter les sangs, se bercer d'extases perverties et finir par embrasser la Foi ("Là bas"). C'est Jérôme Charvenet qui citait dans un de ses billets je crois, Barbey d'Aurevilly disant à propos de Huysmans qu'il aurait un jour à choisir entre « la bouche d'un pistolet ou les pieds de la croix"
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Ce bref livre contient deux nouvelles assez différentes tant de leur thème que dans leur style.
La première (qui donne le nom au livre) relate la guerre de 1870 d'un jeune conscrit ... qui connaîtra surtout les hôpitaux. Hormis le passage de la bataille (bref mais assez poignant) , ce récit m'a laissé sur ma fin. Trop bref, trop descriptif, j'ai trouvé l'ensemble manquant de profondeur et de style.
J'ai finalement préféré la seconde nouvelle : "A vau l'eau". Description de la médiocrité ordinaire d'un petit employé de la fin du XIXe siècle dont le principal objectif dans la vie est la découverte d'un lieu acceptable pour dîner. le ton est humoristique et l'ensemble n'a pas été sans me rappeler par moment Maupassant.
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Après des études de droit quelque peu poussives, Eugène Lejantel (nom d'emprunt) est incorporé à Paris, dans un régiment de gardes mobiles. Envoyé au camp de Mourmelon pour y faire une préparation militaire, il tombe malade et est envoyé à l'hôpital où il fait la connaissance d'un peintre dénommé Francis Emonot avec lequel il se lie d'amitié. Les deux lascars ne sont pas à l'article de la mort, aussi, en bons vivants, amateurs de jolies filles, ils n'hésitent pas à faire le mur pour des escapades nocturnes à Evreux. Leurs incartades seront découvertes et sanctionnées. Francis rejoindra son régiment et Eugène retournera chez ses parents à Paris.

Dans cette courte nouvelle, la guerre de 1870 semble bien lointaine et ce n'est pas avec le sac au dos dans la poussière que nous entraîne Joris-Karl Huysmans mais plutôt dans le huis-clos d'un hôpital aseptisé, un sanctuaire de paix géré par des religieuses chargées de prodiguer les soins aux malades et blessés de guerre. Une part autobiographique est donnée à ce récit cocasse et plaisant. L'auteur croque avec humour « l'envers du décor », une autre vision de la guerre vue par les malades depuis leurs chambrées d'hôpital et ironise sur l'impéritie des médecins militaires, prescrivant à tous, vénériens et blessés, fiévreux et dysentériques, une tisane de réglisse.

L'auteur utilise volontairement la dérision pour dénoncer un nouvel aspect de l'absurdité de la guerre. Il rejoint dans cette optique les sujets abordés par ses compagnons d'écriture des Soirées de Médan, avec notamment, les conséquences désastreuses de l'impréparation militaire, décrites dans « L'attaque du moulin » d'Emile Zola ou la satire sociale détaillée par Guy de Maupassant dans « Boule de suif ». Un beau style littéraire pour une histoire bien sympathique qui prête à sourire !
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