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Critique de Dez54


Un très bon roman dramatique coréen sur fond de guerre de Corée


Publié en 2001 en Corée du Sud, l'invité narre le retour de Yosop Ryu, pasteur émigré au États-Unis qui revient un demi-siècle après son départ vers les USA, en Corée du Nord via un voyage organisé. le roman alterne entre les chapitres contemporains, qui décrivent la redécouverte de son pays par le pasteur et les retrouvailles avec sa famille restée sur place, et ceux qui décrivent la jeunesse du personnage dans la Corée de 1950 où se déroule une guerre fratricide opposant (entre autres) les communistes et les conservateurs chrétiens de la péninsule. l'invité c'est donc le pasteur Ryu, mais c'est aussi ce mot qui, en Coréen, sert à désigner la variole et par métaphore le christianisme et le communisme, idées importées par bateaux de l'Occident et qui ravagèrent et décimèrent le pays de l'auteur.


Notre roman commence donc avec Yosop Ryu et son frère ainé Yohan Ryu lors d'une dernière conversation avant la mort naturelle du second. Si ce décès arrive au début du roman, il restera un personnage tout aussi important que son frère, puisqu'on retrouvera les scènes de son passé en tant que militant ardent des jeunesses chrétiennes en armes. On retrouvera dans ce roman, le pire de la guerre : les jeunes hommes fanatisés par leur cause, les massacres de civils coupables par contagion, la cruauté, la soif de revanche, la douleur et la haine qui muent tous ces acteurs dans une tragédie sans vainqueur. le roman comprend également quelques passages qui flirtent avec le fantastique ou l'onirique quand nous nous trouvons avec le pasteur Ryu qui tente de communiquer avec les morts.


Passées les 70 premières pages qui mettent un peu de temps à fixer les enjeux et le décor du roman, j'ai été totalement happé par ce livre qui s'est avéré très prenant. L'écriture est juste, certains passages très touchants, Hwang Sok-yong semble renvoyer dos à dos les deux camps, tous deux coupables d'atrocités et de massacres aveugles, et nous parle d'un long chemin ardu vers le pardon et la repentance, d'une réconciliation à la fois nécessaire et impossible. Il interroge également les sujets de la mémoire et des mythes nationaux fabriqués. Ces sujets ne sont pas entièrement spécifiques à la Corée et nous renvoient également à notre propre histoire nationale (l'occupation, l'épuration, le mythe de la France résistante). Un grand roman qui fait réfléchir et nous touche tout en parlant d'une guerre relativement peu abordée en Europe.


Voilà donc un bon roman que j'ai beaucoup aimé et que je recommande donc à ceux qui souhaitent mieux connaitre cet auteur. Pour ceux qui seraient intéressés par ces sujets, sachez également, que l'auteur a publié Monsieur Han qui est moins exigeant, plus court (une centaine de pages contre environ trois cents pour celui-ci) mais tout aussi qualitatif et peut représenter une bonne porte d'entrée pour découvrir Hwang Sok-yong.
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