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Critique de Laveze


Zouleikha ouvre les yeux de Gouzel Iakhina
Zouleikha vit dans une isba double avec son mari Mourtaza, et sa belle mère, la »Goule ». Elle avait 15 ans quand ils se sont mariés. Elle a eu des filles , toutes décédées. Sa vie est une succession de corvées dans un environnement glacial essentiellement par le profond mépris que sa belle mère lui témoigne. Elle se fait frapper régulièrement par son mari, majoritairement à cause de la Goule, aveugle et sourde mais avec une langue de vipère. Ils habitent Ioulbach, non loin de Kazan. Depuis 1919 ils sont obligés de cacher la nourriture et tout ce qui peut se voler car différents organismes officiels venaient les piller à leur gré, le monopole céréalier, l'impôt sur la nourriture, les bolcheviks, le pouvoir des soviets, les délégués, les komsomols, et d'autres encore, mais elle les appelait la Horde Rouge. En 1921 ils avaient tout emporté. Mourtaza en devient fou, il abat leur vache pour qu'ils ne l'emportent pas. Et les problèmes soudain s'accélèrent, en allant cacher du blé, Mourtaza se fait tuer par des soldats et le soir même le président du soviet vient dans leur isba pour se plaindre auprès de Zouleikha qu'elle et son mari n'aient toujours pas adhéré au kolkhoze. S'apercevant que son mari est mort ils l'enterrent, emmènent Zouleikha avec eux, contents, l'isba appartient désormais au kolkhoze, ils abandonnent la Goule sur place, ils la croyaient déjà morte. La dékoulakisation stalinienne est en marche, on est en 1930, au coeur du Tatarstan. La première nuit se passe dans une mosquée transformée en étable avant le départ vers la Sibérie, la déportation avec d'autres koulaks. Première étape Kazan qu'elle avait rêvé de visiter avec son mari et elle va y rencontrer Wolf Karlovitch, gynécologue, chirurgien, perdu dans ses souvenirs, manipulé par sa bonne et son amant pour récupérer une partie de son appartement, grand à l'origine mais dans lequel vivent désormais de nombreuses personnes. Ils restèrent un mois à la prison étape de Kazan avant le vrai départ en train, dékoulakisés, prisonniers politiques et de droit commun. Ils sont 52 par wagon, le train est sous la responsabilité d'Ignatov, l'homme qui a tué Mourtaza le mari de Zouleikha.
Les semaines vont passer dans ce train, certains vont s'évader, Zouleikha, elle, va suivre son destin à côté du professeur, gentiment absent, dans un monde virtuel. Puis ce sera Krasnoïarsk, direction l'Angara, la péniche, la suite de cette incroyable odyssée, les morts qui jalonnent leur parcours et toujours Ignatov qui attend de rentrer chez lui.
De 1917 à 1946 on suit la vie de Zouleikha la Tatare, plongée au coeur d'une révolution qui la dépasse, d'une vie de soumission et de brimades quotidiennes, enfermée dans des croyances millénaires, elle va passer d'un enfer à l'autre tout en s'ouvrant et se découvrant. Un portrait de femme touchant, émouvant mais pas seulement, Ignatov le militaire et Wolf le médecin sont deux personnages marquants de ce premier roman de Gouzel Iakhina, née en 1977, une tatare de Kazan.
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