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Critique de bdelhausse


En 2018, on qualifierait volontiers l'intrigue d'Une Maison de Poupée de thriller... on y mettrait peut-être même une petite touche érotique, style 50 "nuancettes de gris"... En Afrique, les femmes disent qu'elles sont les vraies pierres d'angle de la société et des ménages, mais qu'elles laissent les hommes croire que rien ne se fait sans eux... Ibsen semble avoir taillé sa pièce sur ce proverbe africain.

Résumons l'intrigue.

Nora, une parfaite épouse soumise, un brin écervelée et dépensière (ce n'est pas un pléonasme), prépare un Noël bourgeois. Dans le genre "Perrette et le pot au lait", on ne fait pas mieux, vu qu'elle dépense de l'argent qu'elle n'a pas. Son mari va devenir directeur de banque, on peut donc cesser les économies.

Mais voilà que surgissent deux grains de sable. Une amie, veuve et démunie d'abord. Elle rappelle à Nora par sa seule présence combien la vie est dure, et combien Nora s'est écartée de son idéal. Ensuite l'usurier entre en scène. Nora lui doit de l'argent, emprunté pour sauver son mari. Dévouement ultime, elle a même commis un faux en écriture. En même temps, on découvre que le mari de Nora veut le mettre à la porte de la banque et qu'il est amoureux (éconduit) de l'amie de Nora, Madame Linde.

Tout se met en place pour un thriller qui va gonfler peu à peu, avec Nora qui apparaît de plus en plus comme une poupée dans les mains de son mari. Il lui fait danser une tarentelle que l'on devine érotisée devant des amis. Nora prise au piège envisage de se suicider pour sauver son mari de l'opprobre qui risque de retomber sur lui et de lui nuire. D'ailleurs, quand il apprend ce qu'elle a fait, en gros beauf bourgeois, il ramène tout à lui et pète un câble comme on dirait aujourd'hui.

Pour Nora, la coupe est pleine. Elle prend une décision irrémédiable...

C'est ciselé, travaillé, les dialogues, la progression, la tension... tout cela est moderne. On frôle la comédie de moeurs, la tragédie, le drame social... c'est tout cela à la fois et bien plus encore. Ibsen se fend de quelques saillies sur ce que devrait être une société juste. C'est féministe, mais c'est surtout sans concession pour la société scandinave (et autre) patriarcale de l'époque. Nora est passée du statu de poupée de son père à poupée de son mari. Et les choses se retournent. Finalement, Nora prend Madame Linde comme modèle, lui enviant son indépendance, alors qu'en même temps pour sauver son amie Madame Linde se rabiboche avec l'usurier pour qu'il abandonne ses menaces.

On ajoute le personnage du docteur, vieux monsieur malade épris de Nora (ou de l'image qu'il a d'elle). Il est à l'image des hommes de la pièce. Tandis que la bonne apparaît de nouveau comme une femme forte qui peut faire tourner le foyer sans l'aide de personne.

A conseiller sans modération.
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