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Critique de Tachan


Tachan
18 décembre 2018
Dernier titre qu'il me restait à lire en français de Keiko Ichiguchi, Les cerisiers fleurissent malgré tout en est le plus intime. L'autrice s'y livre totalement, de son enfance souffreteuse à son choc face à la nouvelle de la catastrophe de mars 2011. C'est un récit brut et poignant qui ne laisse pas indifférent.

J'ai déjà lu et adoré les précédents récits de cette autrice japonaise vivant en Italie. 1945 parlait de la Seconde guerre mondiale, America de l'eldorado américain et Là où la mer murmure de famille et de maladie. C'était à chaque fois des récits plein d'émotions et avec une grande douceur et poésie. Ce dernier, Les cerisiers fleurissent malgré tout, ne déroge pas à la règle, même s'il est plus sombre peut-être.

Ce nouveau titre est un témoignage un peu déstabilisant au début. Tout commence par le récit de son enfance. Un moment difficile pour celle qu'elle était et qu'elle raconte avec un grand recul qui pourrait faire penser à une certaine froideur. C'était une enfant fragile, à qui on a découvert très tôt une maladie. On suit donc cette petite qui voudrait vivre comme les autres enfants mais qui en est empêchée. C'est assez triste parce qu'elle fait montre de beaucoup de caractère et d'envie de vivre justement. Mais en même temps cette enfant est très mature pour son âge et semble analyser tout ça avec beaucoup de froideur. Jusqu'à une rencontre qui va tout changer pour elle. le récit va alors devenir bien plus lumineux et chaleureux.

Cependant l'autrice aime bien casser les rythmes ici et ce qui ressemblait d'abord au récit autobiographique de son enfance à travers le regard adulte de la jeune femme vivant désormais avec son mari en Italie, va basculer dans quelque chose de beaucoup plus chaotique. En effet, alors qu'ils préparent comme chaque année leur voyage pour se rendre au Japon admirer les cerisiers en fleur, la catastrophe de mars 2011 se produit. On suit alors un tout autre récit. Fini l'apitoiement sur l'enfance difficile de la mangaka, place à la réaction de tous ces japonais expatriés face à ce terrible événement. On découvre leurs craintes, leurs appréhensions face aux nouvelles, leur colère aussi face à un gouvernement qui leur cache des choses, et leur révolte face à ceux qui ne les comprennent pas.

C'est un récit qui bouscule, un récit qui permet de voir les choses depuis une autre perspective que la nôtre alors même que Keiko Ichiguchi a vécu tout ça en étant en Europe comme nous, mais son regard est forcément autre. On découvre avec elle la force des habitants de ce pays face à une telle catastrophe. Elle nous explique aussi comment eux font face à un tel événement, ce qui pas forcément la même chose que nous Européens, et qui peut créer une incompréhension gênante.

Cela donne au final, un titre un peu étrange qui part d'une histoire pour dériver vers une autre. Mais c'est un récit fort, qui prend aux tripes et qui est lourd d'enseignements. Les dessins sont une nouvelle fois pleins de poésie. J'aime beaucoup le trait de la mangaka même si parfois c'est un peu froid. Il se dégage tout de même d'eux une vraie chaleur humaine lors de certaines scènes qui ne peut qu'émouvoir. J'ai d'ailleurs aimé les quelques pages à la fin expliquant son processus créatif, c'était éclairant.

J'aurais aimé que Kana continue à nous faire découvrir les récits de cette autrice et je suis triste que ce ne soit plus le cas. C'est une mangaka qui propose des titres différents de par sa situation personnelle et c'était fort intéressant.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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