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Critique de Thrinecis


Un très grand roman noir, premier tome d'une trilogie ambitieuse, bien écrite et sans temps mort qui nous ramène dans une des périodes les plus sombres de l'histoire des Etats-Unis, les années 60, au Mississippi quand d'atroces crimes racistes commis par le Ku Klux Klan demeuraient impunis.

L'histoire commence en 2005 par le décès d'une vieille infirmière noire, Viola Turner, revenue 40 ans plus tard dans sa région natale, à Natchez, pour y mourir de son cancer. Suicide assisté ? Meurtre ? le fils de Viola n'a pas le moindre doute et accuse de meurtre le médecin de sa mère, Tom Cage, septuagénaire toujours en exercice, homme respecté et bien aimé de toute la ville. Penn Cage, le fils de Tom, ne croyant pas une seconde à la culpabilité de son père qui refuse curieusement de se défendre, décide de mener l'enquête, aidé de sa fiancée Caitlin, brillante journaliste d'investigation qui cherche à gagner un deuxième Pulitzer.
En parallèle, Henry Sexton, un vieux journaliste, enquête inlassablement depuis 40 ans sur les crimes racistes commis par les Aigles Bicéphales, une faction ultra-violente du Ku Klux Klan, dont les membres toujours en vie et jamais inquiétés par le FBI sont aux ordres d'un millionnaire influent de la ville.
La croisade d'Henry Sexton et l'enquête de Penn Cage se télescopent assez vite quand Penn découvre que Viola Turner fut à la fois victime et témoin majeur des crimes des Aigles Bicéphales en 1964. Malgré plus de 1000 pages, hormis le prologue consacré aux crimes du passé, l'histoire ne se déroule que sur 2-3 jours durant lesquels Penn est en permanence déchiré entre sa loyauté envers son père, son amour pour sa fiancée et son honnêteté intellectuelle qui lui commande de faire la vérité sur les crimes du passé.

En ayant situé son roman quelques mois après les inondations catastrophiques de la Nouvelle-Orléans lors de l'ouragan Katrina, Greg Iles restitue à merveille les enjeux économiques et mafieux de sa reconstruction, la corruption qui règne dans les milieux influents et aussi dans la police et surtout l'ambiance du Sud, âcre mélange de protestantisme et de ségrégation raciale toujours à l'oeuvre de nos jours.

Je n'ai eu qu'un petit agacement à la fin du récit à propos de l'égocentrisme mal placé de la journaliste qui privilégie le secret sur ses sources et ses révélations afin d'être la première à les publier plutôt que de les partager avec un membre du FBI, retardant ainsi les progrès de l'enquête, ainsi qu'à propos de sa posture héroïque mais peu crédible pour ne pas dévoiler le nom de sa source alors qu'elle est à deux doigts de mourir.

Mais cela reste un très grand livre, effrayant quand on réalise qu'il est directement inspiré de faits réels qui se se sont produits il y a seulement une soixantaine d'années.
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