AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Yaena


Agathe et Isaïah sont collègues de travail. Rien à voir avec ceux que vous croisez à la machine à café le lundi matin (enfin j'espère pour vous !). L'une voie les fantômes et l'autre les aide à passer de l'autre côté. Elle a le don de double vue et lui maîtrise l'art du Hoodoo (une forme de vaudou) qui lui permet d'aider les morts à quitter le monde des vivants. Ensemble ils libèrent les âmes en peine. Rien à voir avec les ghostbuster, ils se définissent plutôt comme des sorciers. Depuis 10 ans nos deux baroudeurs amateurs de métal, exorcisent les vieilles demeures. Forts de leur expérience c'est l'esprit tranquille qu'ils se rendent en Bretagne pour exorciser le manoir de Ker Ar Bran et son énigmatique phare. Dans cette vieille masure un fantôme fait des siennes et met les propriétaires à cran. C'est même tout le village de Landrez qui semble bouleverser par les évènements.

J'ai tout de suite été séduite par le personnage d'Agathe, mélange de fêlures, de rébellion, de trop plein d'amour et de marginalité. Isaïah a mis plus de temps à me convaincre avec ses airs de premier de la classe, mais au fil des pages il a pris en épaisseur et en charisme et finalement m'a bien plu.

Je dois dire que dans les premières pages mon avis été mitigé. Je voyais poindre l'histoire déjà vue et sans saveur. Puis petit à petit la magie du mélange des genres a commencé à opérer. le temps que tout se mette en place et j'étais happée. Rozenn ILLIANO nous entraine dans un tourbillon, trois époques différentes et un même lieu : Ker Ar bran et son phare. Les vieilles légendes bretonnes se déploient dans un décor brut et sauvage. Sur fond de mer démontée et bercé par le remous des vagues qui se meurent au pied de la falaise, c'est toute l'histoire de Landrez qui prend vie. L'ambiance d'abord feutrée se fait pesante, puis oppressante, les âmes en peine vous enlacent et accompagnent chacune des pages.

Que s'est-il passé dans ce manoir et dans ce phare? Pourquoi le village retient son souffle à la seule évocation de Ker Ar Bran ?

Au fil des mots l'histoire gagne en consistance, l'atmosphère s'épaissit et le malaise devient palpable. le lecteur voit les réponses à ses questions s'esquisser puis disparaitre. Pas de longueurs mais des temps morts pour reprendre son souffle et mieux faire monter la tension. Puis en arrière-plan dissimulée sous cette ambiance ésotérique se dessine une réflexion plus profonde sur ce qui fait de nous ce que nous sommes, sur notre besoin viscéral d'être reconnus et acceptés par nos pairs et intégrés à un groupe. Sur ce besoin criant de trouver notre place dans ce monde et sur la marginalité et la solitude que nous portons tous en nous à différents degrés.

Tendu jusqu'à la dernière ligne vous arriverez à bout de souffle à la fin de ce récit pour un final inattendu et bien pensé.

Une découverte totale car je ne connaissais pas l'auteur, de plus, ce livre est classé SF et je n'en lis presque jamais. Alors pourquoi cette lecture ? Parce que j'ai été happée par l'étrange couverture réalisée par Anouck FAURE. Un majestueux corbeau qui se mêle aux vagues déchainées qui viennent s'écraser violemment contre une falaise sur laquelle s'élève un phare. le tout en noir et blanc. Faire une belle rencontre tient parfois à peu de choses.

Commenter  J’apprécie          4936



Ont apprécié cette critique (44)voir plus




{* *}