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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'auteur, Thierry Illouz, nous plonge au coeur d'une réflexion personnelle concernant la justice mais surtout cette question qu'on lui a tant de fois poser (et que l'on se pose également lorsque l'on pense à la profession d'avocat) : « Vous défendez tout le monde, même les monstres ??!! ». Pour lui, il n'y a pas de « monstres », juste des hommes, des vies, des histoires différentes, et malheureusement de la misère sociale, bien réelle et omniprésente. Il ne défend pas les crimes commis mais les personnes.

Voilà pourquoi se trouve en exergue la citation de Victor Hugo : « Démontez-moi cette vieille échelle boiteuse des crimes et des peines, et refaites-la. Refaites votre pénalité, refaites vos codes, refaites vos prisons, refaites vos juges. »



Cet essai m'a globalement beaucoup plu même si, je dois l'avouer, quelques affirmations m'ont fait titiller, notamment certains points quant à l'avis de l'auteur concernant les qualifications de « monstre » et « monstruosité »…



En partant de ce coeur, du terme « monstre », Thierry Illouz en vient à se dévoiler lui-même. Il nous parle de son histoire personnelle, de son métier, du comment et pourquoi il en est venu à porter l'habit d'avocat, à représenter la justice. Pour ce faire, il nous rend compte de certaines affaires qui l'ont plus ou moins marqué, lui permettant ainsi d'illustrer ses propos et de rendre la compréhension de son ouvrage encore plus abordable que ne le fait son écriture claire, précise et concise.

Mais ce que j'ai principalement apprécié est le fait qu'il ne s'arrête pas là mais aborde également la vie dans les tribunaux, les jurés (leurs expériences etc…), les prisons (les conditions de vie etc…) et aussi la lecture, oui, oui !

Cela se lit relativement très vite et n'est en aucun cas théorique. C'est du concret, c'est rapide et efficace !
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Monstre (n.m.) : personne qui suscite l'horreur par sa cruauté, sa perversité, par quelque vice énorme. (Larousse)

Ce sont ces « monstres » que Thierry Illouz, avocat pénaliste depuis 30 ans, a choisi de défendre. Et dans son livre, il nous explique pourquoi et cela passe par son histoire familiale. Thierry Illouz a grandi dans la région d'Amiens, dans une cité où l'on regroupe les pieds noirs qui viennent d'arriver en France, comme ses parents. Thierry Illouz aime son quartier et la diversité qui le compose. Mais surtout, Thierry Illouz aime les gens et croit profondément en l'être humain.

C'est sans doute ce côté altruiste qui lui fera se tourner vers la profession d'avocat. Et lorsqu'il revêt sa robe, c'est pour défendre ceux que le grand public a condamné avant même qu'ils n'aient été jugés : des violeurs, des pédophiles, des hommes violents, des meurtriers.
Thierry Illouz refuse de croire que les hommes sont divisés en deux catégories (les bons et les mauvais). Pour lui, derrière ces actes (indéfendables, certes) se cache un être humain avec une histoire de vie (défendable, elle). Il nous invite à la tolérance et à l'ouverture d'esprit : nous ne pouvons pas nous faire juge à la place du juge lui-même. « Mêmes les monstres » part du postulat que les monstres n'existent pas (sauf dans les contes de fées), seuls les hommes existent.

« Défendre, c'est comprendre ce qui se trouve derrière les gestes, derrière les comportements ; où cela commence un geste ? Dans quelles circonstances, par quel enchaînement ? Comment toute la vie de quelqu'un prépare patiemment le moment terrible du passage à l'acte ? »

J'ai adoré cette lecture et la vision profondément humaniste de Thierry Illouz. Je suis également d'avis qu'il ne faut pas regarder les accusés comme des monstres, mais comme des hommes dans leur globalité. D'ailleurs, si j'avais choisi de faire du droit pénal, je pense que j'aurais pu moi aussi défendre celui qui est assis dans le box des accusés. (En ce qui me concerne, j'ai choisi le droit du travail et la défense des employeurs : d'autres monstres ?)

Au-delà d'une simple réflexion sur les violeurs ou les pédophiles, l'auteur nous fait nous interroger sur l'efficacité de notre système judiciaire. Les peines prononcées sont-elles vraiment adaptées ? Ne devrions-nous pas nous pencher sur l'origine du Mal pour mieux le soigner et agir à titre préventif ? Ne pourrait-on pas éviter au lieu de sanctionner les comportements déviants ?

Il est clair que cette question dérange. Aussi, pour animer vos soirées, je vous propose d'aborder le sujet dans les dîners de famille : alors là, c'est grands débats garantis !


Lien : http://mademoisellechristell..
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"Un crime monstrueux....", "Le monstre a tué..."que de fois ce poncif nous a été asséné par les médias. Que de fois avons-nous eu de telles pensées à la lecture de comptes-rendus de procès?
Quand à l'avocat, c'est souvent aussi qu'on lui pose cette question "Vous défendez même les monstres?". L'avocat Thierry Illouz, s'en défend, il défend uniquement des hommes, des criminels. Il réfute le mot de monstre, et dans ce court livre d'une centaine de pages, presque une plaidoirie, l'avocat, l'homme Thierry Illouz, nous parle de lui, né en Algérie puis de la France, où il arriva, à un an, en 1962 dans le flot des pieds noirs.
Et aussi, et surtout, de cette vocation, de ce métier difficile qu'est celui d'avocat : "Il ne faut pas être d'accord avec le monde pour choisir le métier fou et désespéré de défendre."
Oui, seul contre tous, seul contre la foule qui hurle, seul contre les médias, il doit défendre, ce que tous appellent l'indéfendable, et "croire en l'humanité des hommes" que sont les jurés et les juges. Position inconfortable, mais nécessaire pour repousser toute tentation totalitaire.
Qui sont les accusés : des pervers construits à l'envers des gens normaux, des êtres vivant et agissant au gré de leurs pulsions, ou des êtres fragilisés mentalement, et moralement par des événements de la vie, par la précarité, par une enfance difficile, par des parents violents? Pourquoi d'un instant à l'autre sont-ils devenus des déviants, des criminels.
Cela fait plus de vingt ans, qu'il défend ces pédophiles, ces criminels que tous rejettent. Pourquoi a-t-il choisi ce sacerdoce ? Peut-être pour tenter de comprendre la nature humaine ou s'opposer à son père, dont il était le fils unique? Un père flic aux idées beaucoup plus manichéennes, résumant le monde au bien et au mal.
Ce plaidoyer pour la justice, contre les injustices, est dense et parfois déstabilisant; il permet à chacun, je pense, de s'interroger sur sa propre vision de la justice, de remettre en cause certaines positions que chacun de nous a pu soutenir lors de procès.
Impossible de rester indifférent face à cette remise en cause de nos certitudes.

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Une oeuvre poignante, ayant pour sujet principal les accusés dit "indéfendables", mais également sur cet homme qui a choisi de les défendre. Celui qui veut les défendre. Cet homme qui n'a jamais pu s'empêcher de défendre, quelque soit la situation ou la personne.

L'ouvrage s'ouvre directement sur un exemple sensible, de ceux qui nous met mal à l'aise et dont il est difficile à affronter : un procès sur un acte pédophile.
Le ton est donné, l'auteur ne va pas nous épargner. C'est direct, c'est sincère. Pas de tabou, juste un homme encore prêt à défendre l'indéfendable, nous expliquant pourquoi et nous laissant seul juge de notre verdict et surtout seul maître de notre propre conclusion. Car oui, les exemples et les cas sont donnés, quelques faits également en plus d'une brève "archeologie" du délit, mais l'auteur ne nous force jamais à penser de telle ou telle manière. Il expose et à nous de nous ouvrir, ou pas, à sa vision.

Le récit en parallèle de ces cas de "monstres", nous balade à travers le temps : on y parle des affaires récentes, de celles difficiles à oublier, mais aussi de l'enfance, de comment l'auteur a grandi, ce qui l'a poussé à défendre ces "indefendables". Ce qu'il cherche peut-être au fond de lui. du coup, l'ouvrage oscille entre le plaidoyer, l'essai et le récit intimiste. le tout dans un format relativement court dont il n'est pas difficile de suivre ou s'arrêter entre deux chapitres.

Ne nous mentons pas, parfois la lecture s'avère difficile. Particulièrement l'exercice de se placer à un autre point de vue que le sien. Accepter que derrière un coupable, il y a un homme. Parfois même une victime. Et que la justice est là pour juger les actes, et non l'homme derrière. C'est d'ailleurs également ce point là qui est intéressant : celui qui nous rappelle que l'avocat, ou encore celui qui refuse de voir des monstres, est quelqu'un du côté de la justice. Et la justice ne doit pas se mêler au jugement hâtif, à l'émotion, la vengeance ou tout autres sentiments qui peut brouiller une vision éclairée.

Si je devais résumer cet ouvrage en quelques mots, je dirai qu'on a ici un ouvrage hybride poignant et intimiste mais qui est avant tout un livre plein d'humanité.
Une expérience livresque à tenter.
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« Mais, tu arrives à te regarder dans un miroir ? »
« Comment tu peux être au côté de cette personne ? »
« Tu penses aux victimes parfois ? »
« Comment c'est possible de défendre un MONSTRE ? » ⚖️⌛️

Ces questions, Thierry Illouz y fait régulièrement face.
À l'incompréhension, aux dégoûts, aux regards des gens, face à lui, avocat depuis trente ans. Il essuie, dès le début de son récit, les crachats qui pleuvent sur sa robe. Lui, l'homme sans coeur, qui dans ce tribunal défend un pédophile. ⚖️⌛️

Le récit commence par cet exemple fort. le genre de procès qui nous amène à des réflexions extrêmes. Choque, brouille, bouscule, soulève le coeur. Nous laissant l'estomac noué, la nausée naissante, les pensées déviantes, doutant de la nature humaine. ⚖️⌛️

Mais Thierry Illouz ne défend pas sans raison. C'est une histoire, un vécu, des souvenirs qu'il évoque de cette plume emprunte de nostalgie, et qui donne à son métier, toute sa justification.
Son discours peut marquer, choquer, interpeller. Il est nécessaire.
Parce qu'en défendant ces « monstres », aux histoires différentes, aux vécus divers, qu'on comprendrait ou mépriserait, Thierry Illouz montre, démontre, que l'humanité passe aussi par là. ⚖️⌛️
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Thierry Illouz parle de son parcours avec pudeur dans ce court récit autobiographique. Après sa naissance à Sétif en 1961, il grandit dans une cité avant de devenir avocat. Un avocat qui s'intéresse très vite aux marginaux et au statut de l'agresseur. Pour finir par défendre en majorité des agresseurs, des coupables. Les « monstres » comme certains les appellent selon l'affaire dont il est question. Un mot qui déshumanise et dont il est question à plusieurs reprises. Thierry Illouz en profite pour développer une réflexion sur la notion de justice, sur la place de la prison ou sur tout ce que représentent les tribunaux dans l'imaginaire collectif. Il se demande pourquoi il souhaite aussi ardemment défendre les coupables, les agresseurs. Pourquoi ces mêmes agresseurs provoquent une fascination morbide lorsque par exemple de nombreux lecteurs et lectrices lisent et dévorent des polars avec des meurtres et des coupables. « Même les monstres » donne un texte sincère, plein d'humanité et tout en nuance.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Ne croyez pas que l'auteur va vous citer toutes ces prestations avec des histoires plus scabreuses et horribles les unes après les autres. Il propose plus une réflexion sur sa vie, son rapport à sa famille, sur son travail et sur le système judiciaire lui-même. La prison est-elle toujours la bonne réponse? Son parcours est passionnant, touchant et drôle à la fois. Les pages se tournent avec plaisir pour mieux le connaître avec ces doutes, ces espoirs et ces interrogations. Une vocation qu'il réalise fièrement. Lui si discret dans son quotidien, devient éloquent dans sa robe. Une curieuse dualité qui montre la complexité de l'homme face à son destin. D'ailleurs, c'est pour cela qu'il prend la plume pour écrire. Un autre exutoire à la folie humaine où il se dévoile avec pudeur, fierté et authenticité.
Lien : http://22h05ruedesdames.com/..
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Si vous étiez avocat, pourriez-vous défendre n'importe quel prévenu ? Même les monstres ?
ceux qui tuent des enfants, des grands-mères sans défense ?

Cas de conscience !

Ces accusés, qui sont-ils ? Seulement des déviants, des pervers, des êtres abjects, des animaux mûs par leurs pulsions ? ou pourraient-ils être des gens que la pauvreté et la précarité ont assommés, des gens qui, vaincus par une enfance douloureuse, un passé difficile, deviennent tout à coup des criminels ? des gens dénués de coeur, d'empathie, voire de sensibilité ?

L'auteur ne se contente pas d'interpeller notre notion de la justice , ni simplement d'évoquer des cas de justifiables "monstrueux", il amène une réflexion plus profonde sur le regard des autres, sur notre propension à "juger" les criminels (en dehors des faits, du pouvoir supposé de la justice etc..) et émaille son propos de sa propre expérience, son histoire et son ressenti.

C'est finement écrit, c'est intelligent et c'est surtout empli d'une expérience unique dans une narration sincère et directe.

Merci aux Editions de l'Iconoclaste pour cette découverte !
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Un essai court mais intense, avec un sujet plutôt brûlant : qui sont ces gens qui défendent “des monstres” ?

Bien que quelques pages en plus n'auraient pas été de trop, Thierry Illouz nous propose de belles pistes de réflexion sur ce sujet vaste et plus compliqué que ce à quoi il a tendance à être réduit. Avocat pénaliste ayant eu à défendre des accusé.e.s depuis de nombreuses années, son recul face au sujet est constructif et intéressant et, si l'on est ouvert à la discussion, on peut remettre en question son propre avis.

Ce qui m'a peut-être manqué, c'est une confrontation des points de vue sur le sujet, des points de vue d'avocats qui ont eu à défendre des accusé.e.s. Je suppose que défendre les “mauvaises” personnes n'est pas toujours un choix ni une envie.

En commençant par parler de son enfance, l'auteur explique pourquoi il est devenu avocat pénaliste et a fait le choix de défendre les “méchants”.
Vous noterez peut-être que j'ai évité d'utiliser le mot “monstres” malgré le titre de l'ouvrage : Thierry Illouz déconstruit cette appellation et explique pourquoi il est plus pertinent de ne pas l'utiliser.

Après avoir lu son propos, je comprends mieux pourquoi certains avocats choisissent de défendre les personnes accusées. Je comprends mais pour autant, ce n'est vraiment pas quelque chose que j'aurais aimé faire si j'avais décidé de faire ce métier.

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