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Critique de berni_29


Je n'aurais jamais lu ce roman sans ma médiathèque préférée et le prix Cezam 2021 auquel celle-ci participe, et moi aussi en tant que lecteur.
La soustraction des possibles, c'est la quintessence de ce que produisait de plus horrible la fin des années quatre-vingt. 1989 précisément ici. Cela dit, rien n'a changé, c'est même pire, mais c'est peut-être là que tout a commencé avec outrance et sans complexe...
Le monde de la finance me barbe, je le hais, cependant il est là dans notre paysage, on n'y peut rien. Il m'arrive même parfois de l'effleurer dans ma vie professionnelle, mais vraiment c'est ce qui s'appelle un effleurement du genre : on ne s'est pas touché, hein ?! Bref ! Je ne suis pas un Bisounours, je sais que tout cela existe, ce qu'on voit ou connaît de la finance est une infime partie déjà pas très blanche d'un iceberg à la dérive et qui recèle dans ses fonds un morceau immense, abyssal, pas prêt de fondre. Bon, quand je parle de blancheur, vous pensez tout de suite à blanchiment et vous n'avez pas tort car c'est bien le sujet ici.
Le monde de la finance me barbe, que ce soit la finance propre ou sale (mais oui il y a de la finance propre, je vous en parlerai un jour) et les romans qui en parlent me barbent tout autant.
Alors ici pourquoi ce roman m'a plu, m'a captivé, car ici il est question de la finance non pas sale, mais très sale, tout ce qui a de plus abject... ? Tout simplement, parce qu'il y a de l'amour, une étonnante histoire d'amour qui m'a saisi, emporté, captivé... Je n'ai pas lâché le récit car je ne voulais plus quitter, lâcher les deux protagonistes... Je voulais savoir jusqu'où ils iraient en plongeant dans cet univers peuplé de requins...
Et puis il y a aussi une écriture, celle d'un écrivain que je découvre avec émerveillement, Joseph Incardona, une écriture enlevée, riche, érudite, qui m'a ouvert des chemins vers d'autres lectures inattendues d'ailleurs. J'ai senti ici un souffle, une dimension forte, une ampleur qui emporte le lecteur jusqu'au bout sans jamais qu'il ne lâche les pages... En tous cas, ce fut mon expérience.
Dans ce récit, il y a très peu de gentils. On va dire qu'il y a des très méchants, des méchants, des moins méchants, des qui ne sont parfois pas méchants mais presque et puis il y a les autres. Tout cela n'est pas forcément mon univers de prédilection, sauf lorsque je lis un polar. Ici il s'agit plutôt d'un thriller psychologique... Cela dit, ça tire dans les coins et il y a de l'hémoglobine sur le sol...
Bon, je vous parle des amants ? Je sais qu'il n'y a que cela qui vous intéresse. D'ailleurs, il n'y a que cela que j'ai compris dans le récit parfois complexe sur le plan finance, trafic, blanchiment d'argent, tralala... Surtout tralala ! du reste, j'ai apprécié que l'auteur, à un moment du récit, précise que ce n'est pas grave de ne pas tout comprendre de ce qui se passe dans l'intrigue, car lui non plus ne comprend pas tout ce qui se passe dans un récit qu'il écrit lui-même... Va comprendre Charles ! Ah ! C'est rassurant.
Alors, les amants les voici. Lui s'appelle Aldo, joueur de tennis beau comme un Dieu (je n'en ai encore jamais vu, mais ça doit être beau, non ? En tout cas Aldo est beau). D'ailleurs il le sait, il se sert de son physique pour côtoyer le monde justement de la finance et du blanchiment d'argent, il est amant d'une certaine Odile, dont le mari confie à Aldo en mal d'argent des missions pour transporter de l'argent entre Lyon et Genève.
Tout se passe bien jusqu'au jour où il découvre le véritable amour. L'amour ! L'amour ! L'amour ! Il le découvre auprès de Svetlana, une belle et jeune banquière arriviste et amoureuse. Elle aussi aime l'argent, mais je vous assure qu'ils s'aiment.
Cependant, tant qu'à s'aimer, imaginer l'eldorado où poser cet amour, et voir tout cet argent qui passe ici et là, je ne sais pas vous, mais eux ont une idée très claire tout d'un coup...
J'ai aimé la manière dont les personnages sont dessinés, fouillés, des personnages au début totalement lisses et puis les projecteurs, la lumière vers eux montrent quelques aspérités qui invitent au voyage.
J'ai adoré cette écriture cinématographique, qui claque, qui rebondit, j'ai adoré cette manière dont l'écrivain nous amène à nous interpeler, à s'adresser à nous lecteurs. C'est fait avec habileté.
J'ai adoré ce clan corse, solidaire, où la matrone, Mimi Leone, est aussi vive dans l'érudition que dans l'exécution de ceux qui la dérange.
C'est un récit où tous les coups sont permis, jusqu'au bout. Soyez prévenus...
Et puis, oui il y a cette histoire d'amour, elle est belle, elle tente d'enlever ces amants d'une réalité sordide pour espérer les élever plus haut qu'eux. C'est beau car brusquement, dans cet amour fulgurant, il y a quelque chose qui relève d'une tragédie antique... On y croit et en même temps on craint pour eux... On a sans doute raison...
J'ai trouvé cette lecture tout simplement addictive.
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