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Critique de Osmanthe


Trois beaux récits de Yasushi Inoue, décidément un monstre sacré de la littérature japonaise.

La nouvelle éponyme nous donne rendez-vous dans un hôtel de Kishû, petite ville maritime nippone. Un homme, Sugi, et une femme, Nami, qui ne se connaissent pas, ont décidé chacun d'y passer leurs derniers jours avant…de se suicider. L'endroit leur semble idéal, la mer, les falaises, les vagues…Elle souffre d'un chagrin d'amour, lui est ruiné et déshonoré…Mais le passage à l'acte peut s'avérer difficile, surtout quand le destin met en présence deux êtres solitaires et désespérés qui pourraient bien se reconnaître. Et s'il restait une lueur d'espoir ?

Le jardin de pierres, qui n'est autre que le célèbre jardin minéral du Ryôanji à Kyoto, est le théâtre des pensées du personnage clé, Uomi Jiro. Ce trentenaire est heureux d'y amener sa toute nouvelle épouse de dix ans sa cadette, Mitsuko. Il va se remémorer sa visite quelques années auparavant en ce lieu chargé de spiritualité, où il rompit tout net avec Rumi, sa première femme, après pourtant l'avoir conquise de haute lutte quelques années plus tôt face à son meilleur ami Totsuka…Mais Mitsuko semble un peu distante, et un mauvais pressentiment l'étreint…

Anniversaire de mariage est encore un récit de la mémoire, où Karaki Shunkichi, veuf depuis deux ans, et peu enclin à reprendre épouse, se souvient du voyage d'anniversaire de mariage qu'il a partagé peu avant sa mort avec sa femme Kanako. Il venait de gagner 10 000 yens au jeu. Ce couple de radins qui avait fini par se mettre d'accord pour en dépenser seulement 5 000 en voyage, dans une luxueuse nuit d'hôtel, va, une fois parti pour cette destination d'Hakone, rivaliser de prétextes pour ne pas en profiter et rentrer en vitesse à Tokyo…dommage, car la vie passe décidément si vite et on n'emporte pas sa richesse dans la tombe…A moins que le vrai bonheur soit, au-delà des dépenses matérielles futiles, de profiter de la présence de l'autre qu'on ne voyait même plus dans le quotidien...

Trois récits magistraux, où la spiritualité japonaise est encore à l'oeuvre. Ces êtres simples sont confrontés aux sentiments de solitude et d'enfermement intérieurs, de culpabilité, mais aussi au principe d'impermanence des choses. Les personnages se trouvent dans une situation de dépouillement, au terme de laquelle il ne reste que la force de l'amour pour les maintenir en vie. Ce dépouillement est aussi à l'oeuvre dans l'écriture d'Inoue, qui réussit le tour de force d'y allier la finesse et l'élégance.

Après le fusil de chasse et histoire de ma mère, une nouvelle lecture maîtresse, qui donne à réfléchir sur le sens, la fragilité et le tragique de la vie, sur la mémoire et le temps qui passe...Mais aussi des récits pas si pessimistes, lorsque l'amour et l'altruisme, la volonté permettent de triompher d'un destin peut-être pas si implacable quand on le reprend en mains pour faire des choix…Encore de beaux textes, qui préfigurent pour moi d'autres lectures de cet écrivain que j'affectionne particulièrement.
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