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Critique de Nanako-Mai


Sur ce même thème, j'avais déjà lu Les mémoires d'une geisha de Yuki Inoue, un ouvrage que j'avais beaucoup apprécié également, bien qu'il se soit révélé très factuel et trop descriptif par moments. Il manquait également un peu de cette empathie que j'aime ressentir lors de mes lectures. Ici, Mineko Iwasaki s'exprime à la première personne du singulier, nous conte sa vie depuis ses 5 ans, et j'ai trouvé son récit plus immersif car plus émouvant, moins distant. En plus de nous décrire le fonctionnement de l'okiya, elle nous parle de ses ressentis, de ses liens avec les autres membres du foyer, de leur histoire et de leur passé. Ainsi, nous comprenons mieux leurs réactions et leurs comportements. Elle nous explique comment elle est devenue cette geiko adulée, “la plus grande geisha de sa génération”.

D'ailleurs, je suis toujours étonnée de constater le fossé abyssal entre la perception occidentale des geishas et ce qu'elles sont réellement. Tout le travail qu'elles doivent fournir perpétuellement afin de s'élever au rang de geiko, afin d'être reconnue dans leur métier. Cette mesure, cette retenue et cet acharnement afin d'exceller dans les Arts. A travers son autobiographie, c'est cette perception biaisée que Mineko Iwasaki tente d'abolir. Non, les geishas ne sont pas des femmes de compagnie aux moeurs légères ! Ce sont des femmes accomplies, cultivées, sensibles à tous les domaines artistiques, et pourtant tellement ignorantes quant aux aspects “pratiques” de la vie quotidienne. de ce fait, j'ai beaucoup ri lorsque Mineko raconte la fois où elle a tenté de vivre seule, et ses débuts “ratés” en cuisine et ménage… Les gestes les plus simples sont finalement les plus obscurs (comment ça, il faut allumer le gaz et brancher l'aspirateur ?).
Enfin, il y a aussi des intrigues, des chagrins d'amour, des esclandres, des jalousies au sein du quartier des geishas… La vie en communauté n'est pas toujours harmonieuse. D'autant plus quand les femmes vivent seulement entre elles, car les hommes y sont exclus. Ces derniers ne sont autorisés à Gion qu'en tant que visiteurs, aucun n'a le droit d'y passer la nuit. Des rivalités voient le jour, de l'entraide également. Mais rien n'est simple.

C'est donc un univers complexe, hors du temps, extrêmement codifié et exigeant que nous dépeint Mineko Iwasaki.

Cette autobiographie est agréable à lire, de par son style simple et fluide, sans lourdeur. Les termes propres au Japon et à l'univers des geishas sont explicités par l'autrice sans que le récit ne soit surchargé de notes de bas de pages. On sent qu'il y a une réelle intention de transmettre une culture et non d'exposer une suite de faits. C'est un récit fort instructif pour qui veut en apprendre davantage sur la vie des geishas, de leur “naissance” à leur accomplissement, en passant par un apprentissage rigoureux et un travail éreintant.
Mineko Iwasaki nous partage sa vie et son expérience, son quotidien luxueux et si exigeant. Elle dénonce également le statut des geishas, le poids qui pèse sur leurs épaules et déplore leur manque d'émancipation et d'indépendance qui perdure encore en 1960… Qu'en est-il aujourd'hui ?

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