Le carrefour des Ecrasés

Et voilà ! Je suis refait comme une poule devant un œuf carré.

Tu es malade, dit-il tout haut. Mais il n'en pensait rien, il se trouvait ingénieux, habile, brillant, son plan s'était déroulé sans la moindre anicroche, si ce n'est qu'une fois rendu carrefour des Écrasés il s'était aperçu que la blonde ne portait qu'un seul escarpin. Impossíble de retourner rue Linné, trop périlleux. Il avait d'abord paniqué ce genre d'erreur peut être fatal. Puis la solutíon luí était apparue :il suffisait de lui ôter le second escarpin.

À peine entrevit-il à un carrefour la rude montée de la rue Lepic dominée par le Moulin du Point de vue, qu’il lui fallut s’immerger dans le maquis. Il s’engagea au cœur d’un village de bicoques faites de planches dérobées dans les chantiers, séparées par des buissons et des jardinets. Les animaux y pullulaient, des poules caquetaient en tous sens, des chiens grattaient leurs puces, des matous en rut clamaient leur passion sur des lilas squelettiques. La vigne vierge s’accrochait aux fenêtres percées de guingois, des morceaux de carton bitumé couvraient les cabanes hérissées de fumées - ateliers d’artistes, masures d’ouvriers, tanières où des individus douteux exerçaient leurs activités illicites

Quel plaisir d'arpenter le Paris de 1898 à la découverte d'endroits dont sont certains ont disparus.
Quel plaisir également de retrouver Victor Legris, ses associés, sa famille dans une aventure un peu tirée par les cheveux. J'avoue que l'intrigue un peu alambiquée ne m'a pas emballée, par contre l'épilogue est excellent.
L'écriture et le vocabulaire trop recherchés alourdissent la lecture, c'est dommage.
Cela reste quand même un excellent roman qui nous permet de nous replonger dans le Paris de la fin du XIXème siècle avec ses inventions, ses scandales (l'affaire Dreyfus).

- Qui vous a permis de quitter la barre ? glapit-il avec tant de force que Jojo manqua de tomber à bas de son siège.
Iris se leva posément sans manifester d'émotion.
- Qu'est-ce qui nous vaut ces manières grossières de vieux boucanier ? s’enquit-elle d'un air enjoué.
Victor sursauta et réalisa que son explosion d'indignation était absolument hors de saison.
- Faites excuse, cap'taine, enchaîna-t-elle sans se départir de son calme, nous voguions à quelques encablures de la cote, la vigie n'a signalé ni calmar géant ni coup de tabac, aussi avons-nous gagné le château de poupe. Ou est le mal, amiral ?

-Je l'ignore, Joseph. Je vous trouve un rien fouineur.
-Ah mince alors, fouineur, moi ! C'est vous qui dites ça, vous qui furetez partout ? Et vous voulez me faire porter le chapeau ?
-Il faut croire que vous avez une tete à chapeau. A plus tard, Joseph, on m'attend.

Ne ronchonnez pas et examinez plutôt ce roman qu'on nous a expédié spécialement de Londres : The Sign of four, en français Le signe des quatre. Son auteur est un médecin écossais, passionné de detective stories, il a inventé un enquêteur apte à résoudre nombre d'énigmes criminelles grâce à une méthode déductive . Il y a trois ou quatre ans, j'ai lu sa première nouvelle publié dans un magazine anglais, et jugé que Sherlock Holmes surpasse M. Lecoq. J'ai pensé que posséder une édition originale de ce second récit vous serait agréable.

Selon lui, l'art devait se soumettre à la venue de l'inconscient, tenter de reproduire la vie intérieure et mettre la logique du visible au service de l'invisible.

Le corollaire de la souffrance : la haine.Un sentiment violent qui pousse à la destruction.

Il se sentit découragé, il connaissait ce cycle familier qui semble ponctuer l'existence humaine, la joie lorsqu'une idée surgit, puis le malaise et le doute.