Il s'en passe de belles en ce mois de juin 1893 à Paris ! Les étudiants envahissent les rues pour manifester contre René Bérenger, un défenseur de la morale trop pudique à leur goût. Mais ce qui retient l'attention de Joseph Pignot, le commis de la librairie Elzévir, sise rue des Saints-Pères, c'est l'assassinat en plein jour d'un émailleur poignardé à mort. Adepte de faits divers, il ne peut s'empêcher de faire un rapprochement avec la disparition d'un imprimeur, le suicide d'un directeur de théâtre et, comble de malheur, la mort du relieur Andrésy, bien connu à la librairie, dans l'incendie de son atelier. le point commun entre ces évènements : la présence sur les lieux d'un mot évoquant un léopard. Bien qu'il ait promis à Tasha de se tenir à l'écart de toute enquête policière, Victor Legris se laisse entraîner par son commis dans cette étrange affaire.
Cinquième tome des aventures du libraire-détective Victor Legris et c'est toujours un plaisir renouvelé de le suivre dans le Paris bouillonnant de la Belle Epoque. le luxe y côtoie la misère la plus crasse, les petits métiers pullulent, c'est bruyant, grouillant de vie, enjoué.
Pour faire travailler les méninges des deux enquêteurs en herbe, le duo d'autrices a, cette fois, concocté une enquête très complexe qui met en scène un policier corrompu, des escrocs sans scrupules et un cambrioleur italien épris de liberté, et accessoirement de déguisements. Cette sombre histoire difficile à démêler trouve son origine dans le passé et plus spécialement dans la terrible répression de la Commune.
Parallèlement à l'enquête policière, on suit la vie privée des protagonistes. Victor se rase la moustache par amour, au grand dam de son entourage, tant un homme sans poil semble peu sérieux. Sa belle continue de chercher sa voie dans la peinture et se fait à l'idée d'un éventuel mariage. Joseph est brouillé avec Iris qui s'est laissée séduire par un beau-parleur. Et l'énigmatique Mori est troublé par la mère de Tasha, récemment arrivée d'Allemagne. L'avenir nous dira quels couples vont survivre aux aléas de la vie…
Une série que l'on savoure pour ses références historiques, son ambiance et la belle équipe de libraires. Un régal à chaque fois.
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Si la machine a remonter le temps n'existe pas encore, il y a les livres, et ce livre en particulier. C'est une véritable immersion dans Paris à la toute fin du XIXè siècle.
Deux libraires se prennent de passion pour certaines affaires et enquetes pour résoudre ces mystères. Ils cotoyent des gens d'univers différents et nous font une véritable visite guidée de Paris.On y rencontre aussi bien les gens issu de la haute bourgeoisie que des vendeurs a la sauvette qui m'ont ravie avec leur argot parisien.
J'ai passé un très bon moment, l'intrigue se tient jusqu'au bout et ces visites historiques sont toujours un régal pour moi. Pour ne rien gacher une once d'humour est venue se cacher au milieu de tout ça pour mon plus grand plaisir.
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Tu viens d'incendier la bibliothèque ?
-Oui.
J'ai mis le feu là.
-Mais c'est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage !
Le livre, hostile ou maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.
Quoi ! Dans ce vénérable amas de vérités,
Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire,
Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes ! Quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des Jobs, debout sur l'horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;
Il luit ; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine.
Il parle, plus d'esclave et plus de paria.
Ouvre un livre, Platon, Milton, Beccaria;
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille;
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille;
Ebloui, tu te sens le même homme qu'eux tous;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître;
A mesure qu'il plonge en ton coeur plus savant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fais plus vivant;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre;
Tu te reconnais bon, puis meilleur ; tu sens fondre
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Puis vient la liberté.Toute cette lumière,
C'est à toi, comprends donc, et c'est toi qui l'éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints !
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un noeud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi !C'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !
-Je ne sais pas lire.
A QUI LA FAUTE de Victor Hugo
"... Vous n'êtes pas sans savoir que depuis le 28 avril on a instauré une taxe sur les vélocipèdes.
Il lut :
- Dix francs par appareil, plus cinq centimes par franc, la cotisation y compris ces cinq centimes est augmentée de trois centimes par franc pour frais de perception. [...] Qu'en pense le sportsman que vous êtes ?
- Qu'on devrait instituer un impôt sur les pieds. A raison d'un sou par orteil, calculez le pactole qui inonderait le ministère des Finances."
Ah, l'amour ! Un mirage qui s'évanouit dès que l'on croit l'atteindre ! L'amour, je n'en parle pas, je le fais. Autrefois, c'était différent, j'étais jeune, j'avais la foi, j'avalais en vrac les serments de fidélité assortis de l'adverbe "toujours". Résultat : le coeur en miettes parce que ni mes maîtresses ni moi n'avions la force de respecter nos engagements. L'amour, ma poulette ? Un fourre-tout : l'amour de Dieu, de la patrie, de la bonne cuisine, de la liberté ! Des promesses de lendemains radieux, d'injustice sociale terrassée ! Et moi, les ailes coupées par les boucheries de 71 où j'ai vu crever mes amis, ils avaient le coeur plein d'amour, ces morts pour la liberté ! (p. 323)
La vengeance, c’est pire qu’une brûlure qu’on ne peut soulager. Andrésy m’a quitté, hagard, avec dans les yeux une expression pareille à celle d’un animal qu’on mène à l’abattoir.
L'existence est une vallée de misère.Confronté à cette triste réalité, j'ai décidé de phagocyter les repus.J'aime trop mon moi pour lui faire de la peine et l'obliger à récolter des rogatons.La société n'est qu'une jungle où les gros avalent les petits.Pourtant, la morale est sauve, on finit tous dans le trou, c'est ce que j'appelle l'égalité, la liberté et la fraternité.Je ne cause de tort à personne, j'engrange un maigre surplus.De toute manière, une fois qu'on a cassé sa pipe, gros ou petit, on n'emporte rien avec soi, pas même une tête d'épingle.