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Critique de clude_stas


Pour le troisième volume des aventures policières de Victor Legris, les soeurs Korb ont fait fort : restituer la vie de Paris en 1891 en explorant le monde de la nuit. En effet, en cette fin de siècle, la Ville Lumière connaît, à nouveau, une série de meurtres (particulièrement sanglants, selon moi) et, parmi les victimes, se trouve Noémi Gerfleur, chanteuse de café-concert. Et les péripéties de l'enquête nous font entrer au « Chat noir », à l' « Eldorado », au « Moulin Rouge », tous ces lieux devenus mythiques, auréolés de légendes relayées depuis longtemps par la peinture, la littérature ou le cinéma. Et, au détour d'une description, des figures hautes en couleurs du monde du spectacle de la Belle Epoque se manifestent : Valentin le Désossé, la Goulue, Nini Patte-en-l'air, Jane Avril ou bien encore Yvette Guilbert. Et que dire du public, mélange hétéroclite de noblaillons, de bourgeois voulant s'encanailler et de bohèmes alcooliques ? Que s'y trouvent Henri de Toulouse-Lautrec, Paul Verlaine, Bibi la Purée ou le prince de Sagan, pas loin de femmes de petite vertu et de leur maquereau. Mais le plus drôle, ce sont les extraits de chansons qui émaillent ces pages-là. Edifiantes paroles que celles-là, véritables vers de mirliton, prouvant qu'il y a toujours eu une chanson française populaire ET idiote. Mais d'autres lieux sont visités par les deux enquêteurs (Victor Legris et son commis, Joseph Pignot, de plus en plus présent) : le Jardin des Plantes, le Mont-de-Piété, la Salpêtrière, l'église de Saint-Etienne-du-Mont… si bien que la cartographie de Paris se complète un peu plus. Ne pas oublier que sont également tirés de l'oubli certains petits métiers aujourd'hui disparus, mais fixés à jamais sur les photographies d'Eugène Atget : le chevrier beauceron distributeur de lait, la marchande de quatre-saisons, les vendeurs de journaux à la criée … Bref, ce qui fait le succès de ces romans policiers réside dans la résurrection d'une capitale qui s'est définitivement perdue au fil des transformations urbaines. Ainsi que des dialogues fleuris de savoureuses expressions argotiques, aujourd'hui cantonnées aux chansons de Pierre Perret… si bien que l'enquête policière en devient secondaire.
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