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Critique de michfred


Abonnée aux Cox (dont un cabriolet décapotable rouge tomate,  vraiment collector, dont je me suis séparée avec larmes, malgré ses trous au plancher qui faisaient défiler la route plus vite!) , je n'ai jamais connu le plaisir du camping car VW, ce Combi  de légende,  même  si nous en rêvions tous les 5...Un de mes fils a réussi à  concrétiser, à moitié, ce fantasme collectif et familial : un "camion"  est bien sa coquille d'escargot ...mais ce n'est pas le fameux Combi, qui malheureusement n'est plus fabriqué. ..

Alors quand j'ai vu qu'Ivan Jablonka (dont j'avais tant aimé Laetitia et Histoire des grands parents que je n'ai pas eus) avait écrit un livre sur le fameux véhicule, je me suis doutée que ce serait beaucoup plus qu'un bouquin de plus sur un vroum vroum légendaire. ..

La démarche est tout à fait originale et comme toujours chez Jablonka, beaucoup plus complexe, polyphonique,  qu'elle n'en a l'air.

Tout à la fois,

- c'est une sociologie des vacances itinérantes et familiales du début des années 80 jusqu'à la chute du mur;

- un récit d'enfance, une sorte d'autobiographique, de bildungsroman motorisé  dont le voyage et les vacances seraient le mode d'initiation, le médium privilégié;  

- un petit vademecum de la pédagogie active à l'honneur dans les années d'après- guerre, un manifeste pour le droit des enfants à la liberté et au bonheur, le droit à la pause, en dehors de l'école - les vacances itinérantes étant la façon la plus libre, la plus ouverte et la plus parlante d'appréhender la connaissance du monde.
 
- une recherche historique sur la résilience de monsieur  Jablonka- père , un enfant-Shoah, devenu père et  souhaitant transmettre à ses enfants l'originalité douloureuse de ses racines tout en leur permettant, sans trahir leur culture, leur origine, leurs valeurs,  d'être plus heureux que lui, mieux intégrés dans un futur espéré fraternel.

"Soyez heureux!" C'est sur cette injonction  paradoxale,  ce double bind, qui est aussi un cri de colère du père que s'ouvre l'itinéraire de l'enfant Combi . C'est sur elle aussi que se clôt le livre.

Le devoir d'être heureux dépend du  bon usage du voyage (et de celui de son tapis volant mythique,  le Combi) .

Un bonheur à la marge, vadrouilleur, baguenaudant entre culture et nature, un bonheur de tribu- les parents, les potes des parents,  la bande des gosses - , un bonheur d'aventure, de rencontres, d'improvisation, de découvertes.

Le contraire d'un bonheur organisé, balisé, sécurisé, planifié.  Comme les vacances du même tonneau.

Et ce bonheur-là , pas chiche, le livre le dispense généreusement,  à  pleines bouffées.

En ces temps de masques, de gel hydroalcoolique, de "gestes barrières" et de "distanciation sociale", il nous rappelle  notre fraternelle humanité,  pas si loin, pas si caduque, et c'est un bonheur qui fait même un peu mal...
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