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Critique de Tross371


Ils sont morts simplement parce qu'ils existaient au pire moment , mais ils sont toujours présents : c'est ce que le travail de Jablonka nous présente dans ce livre. Ils ont été effacés physiquement par la barbarie fasciste et raciste mais ils seront toujours dans la mémoire collective .

Quelques soient les atrocités commises par les meurtriers, il y aura toujours quelqu'un à un moment pour relater leurs méfaits. Rien ne s'oublie complètement quand on porte atteint à l'essence même de l'humanité.

Travail difficile que celui qu'a du mener ici l'auteur, l'histoire générale étant à l'origine de sa vie familiale.

L' émotion, toute en retenue et pudeur, se ressent au fil du texte et des découvertes sur cette odyssée funeste, débutée en Pologne, passée par la France et achevée dans l' enfer des camps d' exterminations.

L'historien a fait un travail remarquable avec des recherches approfondies sur la vie de ses grands-parents . Les témoignages, les documents consultés, les précisions géographiques sur les lieux fréquentés , le voisinage, les lieux où ils sont passés, tout est détaillé, étayé et recoupé pour suivre pas à pas leur long et difficile chemin vers la mort . Les notes et les sources richement fournies, en fin d'ouvrage, nous montrent l'ampleur de la quête nécessaire pour effectuer une étude complète et indiscutable sur la courte vie de ses ascendants.

Les gens, juifs et non juifs qui les ont aidés à un moment ou à un autre sont présentés largement.
Leur participation, pour soulager ou sauver les victimes, nous montre que même dans le pire des malheurs, des hommes et des femmes ordinaires peuvent être présents pour porter secours au prochain au péril de leur propre vie, simplement parce que cela ne se fait pas et qu'ils ont ancré au plus profond d'eux-mêmes cette valeur universelle qu' est l'humanité.

Les lâches, les racistes, les jaloux montrent aussi leur vrai visage et viennent renforcer le malheur.
L'administration française, avec ses fonctionnaires, employés de bureau , hauts responsables ou simples gendarmes et inspecteurs de police a joué un rôle essentiel en participant, souvent au-delà des consignes données par l'occupant, à ce massacre organisé et planifié.

Ce qui est incroyable c'est la force qu'ont du déployer Matès et Idesa pour survivre plusieurs années à Paris, ville d'espoir, immense, effrayante et dangereuse, pour des étrangers en fuite, venant d'un village isolé, en ne parlant pas du tout la langue et sans ressources assurées.
Même à l'ère d' internet et des communications modernes, cela serait un exploit remarquable, alors en 1940 …

On connaissait la vie dans les ghettos (Régine Frydman ) et à l'intérieur des camps ( Primo Lévi , Jorge Semprun, Elie Wiesel, Charlotte Desbo, Zalmen Gradowski ), mais par son oeuvre, Jablonka , nous relate et explique le chemin et le destin inéluctables du simple citoyen installé dans son village d'origine vers l'ultime destination.
Merci d' avoir fourni cet effort universitaire et émotionnel afin de nous éclairer sur le plus grand malheur du 20 ème siècle et peut-être de toute l'histoire de l'humanité .

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