Au travers de 7 chapitres relatifs à l'âge (l'enfant, l'adolescent) ou à un état particulier de
Freud (l'amoureux, le médecin, le leader, l'après-guerre et l'instant de mort et l'exil et le royaume),
Roland Jaccard nous invite à découvrir l'homme qui fut le père de la
psychanalyse.
J'ai trouvé cet ouvrage franchement inutile. La majorité de son contenu se compose d'anecdotes, issues de l'abondante
correspondance de
Freud, à partir desquelles l'auteur se fait force de broder pour interpréter après coup l'un ou l'autre des aspects de la personnalité connue de
Freud. Par exemple, la réticence du psychanalyste concernant l'art serait due uniquement au fait que celle qui allait devenir sa femme, Martha, était avant fiançailles très proche de deux artistes. Sans doute, bien sûr, est-ce un élément explicatif, mais est-il vraiment le seul ? Jung le "dissident", par exemple, a beaucoup écrit sur l'art, et son lien avec l'inconscient collectif dont
Freud dont a toujours refusé de reconnaitre l'existence. Ne serait-ce pas un autre élément à prendre en considération ? En tout cas, ce n'est pas abordé.
La construction de l'ouvrage est à mon avis également critiquable. Dans la partie "L'enfant", on parle de l'auto-analyse de
Freud, qu'il a menée bien plus tard, ou de la mort de son père, qui eut lieu 40 ans après sa naissance.
Si l'auteur évoque peu la théorie freudienne, un temps important est cependant consacré des aspects particuliers de cette doctrine, comme par exemple la notion de narcissisme, qui évoluera vers le couple éros-thanatos et l'opposition entre pulsions de vie et pulsions de mort. Je m'interroge sur l'objectif de l'auteur quant à l'approfondissement de cette notion au détriment des autres.
La partie intitulée "Le leader" est à mon sens la mieux traitée et met en évidence les relations de
Freud avec les autres psychanalystes de l'époque et pointe parfois sur leurs divergences.
Je m'attendais à des éléments plus factuels, une sorte de biographie plus impartiale de
Freud, avec une mise en perspective historique plus importante ; par exemple, l'auteur souligne plusieurs fois que
Freud exerçait dans une Vienne devenue bourgeoise. Oui mais encore ?
Si ce livre est décevant, j'ai quand même découvert le très bel éloge funèbre écrit par
Stefan Zweig à la mort du maitre.
Pour le reste, on trouvera, à la fin de l'ouvrage, quelques pages sur
Freud et l'art écrites par
Michel Thévoz, et un ensemble de "Jugements et témoignages" (positifs) de personnalités connues, de
Sartre à Reich en passant par
Thomas Mann, sur le père de la
psychanalyse.