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Critique de Tostaky0


Je me souviens de ces repas gargantuesques que nous faisions en famille dans ma Bresse natale. J'étais enfant, et le déjeuner s'étirait jusqu'en milieu d'après-midi, au milieu des conversations animées et des rires. Pour conclure ce magnifique banquet dominical, ma grand-mère posait, sur la table, l'inévitable Moka. Gâteau fait de crème au beurre, que chacun des invités regardait, non pas avec gourmandise, mais avec embarras. Où trouverions-nous la place pour mettre la part qui nous était destinée ? Nous n'avions déjà plus faim et le dessert que l'on nous proposait, s'avérait des plus lourds à digérer.
C'est à cette pâtisserie que m'a fait penser le nouveau roman de Philippe Jaenada, Au paradis des monstres. Dans mon appétit insatiable de lecteur, j'ai eu du mal à déguster ce livre. Comme pour le pâtissier qui confectionne le fameux Moka, je ne jetterais pas la pierre à l'auteur de ce pavé, Jaenada fait du Jaenada. J'en suis plutôt friand d'habitude. J'aime son style, sa façon de mener les enquêtes, travail acharné, incroyable, méticuleux. Tout est épluché, vérifié, analysé, les témoignages, les courriers, les pv, les comptes-rendus, la presse.
1964, Luc Taron, onze ans, est retrouvé mort dans une forêt.
Un homme, Lucien Léger, s'accusera bientôt du crime.
Philippe Jaenada s'est attaché à reprendre pas à pas l'une des affaires criminelles les plus médiatisées de son époque. Il reprend les faits, tels qu'ils ont été relatés, conduisant un homme pour des dizaines d'années en prison (il sera longtemps le plus vieux prisonnier de France) mais surtout, il tente d'apporter la lumière sur de nombreuses zones d'ombre qui ne semblent pas avoir été exploitées, voire ignorées, en leur temps.
Dans son roman (l'écrivain insiste pour que l'on garde ce terme à propos de son livre), chacun des protagonistes de l'affaire est passé au crible, qu'il soit directement impliqué ou qu'il ait un rôle obscur.
Ce qui rend la lecture de ce "Printemps des monstres" difficile, c'est la densité des informations, les nombreux personnages, on s'y perd parfois. le romancier a pour habitude d'alléger son récit en s'éparpillant, il aime entraîner son lecteur dans des anecdotes personnelles ou l'égarer en sortant du sujet principal. Ici, je ne sais pas si la situation sanitaire imposée (notamment le confinement et les restrictions auxquels il fait parfois allusion) a modifié sa façon d'écrire, mais j'ai trouvé son récit moins aéré, moins drôle que dans ses précédents ouvrages.
Bien sûr on reconnait sa patte et son obsession du travail bien fait, mais il reste que, comme le gâteau précédemment cité, son roman se déguste lentement, très lentement... trop ?
À vous de voir...
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