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Critique de BlackKat


La réédition de la maison, de Nicolas Jaillet, chez Milady, a été agrémentée deux autres textes, La robe et La bague. le tout reste tout de même très court, cent cinquante pages à peu près, et se lit donc très vite...

En refermant ce recueil, je suis restée dubitative... les deux derniers textes sont trop brefs pour qu'une quelconque alchimie ait le temps de se créer. Reste "l'analyse" quelque peu distanciée qui s'effectue après coup... par contre le premier, et également le plus long, est captivant et angoissant!

3 textes: la maison, la robe, la bague...
En sens inverse du cours classique d'une rencontre amoureuse: on se fiance, on se marie, on achète une maison.
3 textes, 3 couples différents, 3 destins tout aussi différents...

La maison... cocon de la famille, chaleureuse, gaie et vivante... mais qui peut être également juste une façade de convenances aux couleurs ternes, le réceptacle de douleurs et de violences, une coquille vide quand son pilier n'est pas: la mère.
Martine sait depuis le départ qu'elle n'aime pas Jean. Mais Martine attend un enfant, alors le jour de son mariage est le 1er jour de sa peine qui va durer 16 ans, le 1er jour pour nourrir sa "libération". 16 ans à donner vie à cette maison, à élever son fils, à être présente aux côtés de ce mari violent et aigri, 16 ans de silence et de peur.
Un mariage de raison qui tient la route dans un climat oppressant et menaçant, un mariage dénué d'amour, de joie et surtout de vie. Martine a accompli son devoir, elle s'est placée entre parenthèses pour n'être qu'une épouse et une mère, elle a tout subi sans broncher... Et un jour, elle existe enfin...
C'est un récit dur, doux-amer et triste, raconté par ce fils qui n'aura rien vu venir... Un récit dénué de passion qui percute d'autant plus violemment qu'il traduit une mort lente et silencieuse d'une femme sous le couvert d'un mariage banal, d'une prison socialement "acceptable".
J'ai admiré le courage de Martine dans ses 16 ans de patience, de devoir, d'abnégation mais j'ai déploré la distance et le manque d'affection entre elle et son fils... Car au final, elle n'a rien gagné de ses 16 ans de sacrifice... la liberté valait-elle autant si elle ne connaît même pas l'amour maternel?
La robe marque l'usure d'un couple dans une valse d'habitudes et de rituels devenus automatiques et sans surprise. La robe est celle que Sandra revêt, année après année, malgré les enfants, malgré l'alcool, pour célébrer leur anniversaire de mariage. Une soirée essentiellement pour Marc et Sandra, un cadeau, la robe, une nuit d'ébats... Mais les apparences sont trompeuses, l'image semble tout aussi idyllique qu'au premier jour aux yeux de tous... Mais Marc et Sandra, eux, savent bien que tout n'est plus qu'illusions et mensonges par omission... Ou quand le quotidien étouffe les sentiments jusqu'à ce que les coutures craquent...
Un récit sobre et un final... aveuglant!

La bague est un récit du souvenir que laissera un couple à une de ses filles, raconté en quelques mots à un inconnu dans un train. Un couple qui s'est aimé, réellement, a traversé les années dans le bonheur et a, a priori, transmis à cette femme, un de leurs cinq enfants, cette notion de l'amour vrai, profond et sain... suffisamment pour qu'elle le vive à son tour.
Leur bague de fiançailles est le symbole que le couple peut être quelque chose de beau et de durable...
Une histoire finale pour adoucir l'amertume d'une robe qui craque et d'une maison vide, certainement...

La plume de Nicolas Jaillet est simple, dépouillée, directe... et humaine. Il nous parle d'amour: de son absence, de son usure et de celui dont on rêve tous: l'éternel... Au final, l'amour, est-ce la règle... ou l'exception?

Trois textes qui suggèrent seulement et laissent le lecteur face à ses réflexions sur le couple, mais une certaine froideur de ton m'aura empêchée d'être totalement sous le charme.

Je remercie les Éditions Milady et Lilas Seewald pour leur confiance.
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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