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3,99

sur 58 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lointain souvenir de lecture; amoureuse de l'Afrique: Sénégal et Cameroun en vrai et d'autres via la littérature comme le Congo de Mabanckou, j'avais rencontré l'auteur et nous avions beaucoup discuté. J'ai un très bon souvenir de ce livre sous ses divers aspects: le mariage avec Belange chez les pygmées, l'histoire de Livingstone et Stanley, l'état du Congo pillé par les colonisateurs avec l'aide des pontes du pays...
Jeune ado, j'accompagnais souvent mes parents en Belgique; j'avais été impressionnée par le fait que le Congo appartienne à Léopold personnellement; il se disait alors : que deviendra la Belgique sans le Congo?
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Traîne-savane c'est le récit de voyage de Guillaume Jan et sa compagne, la belle Belange, à travers la jungle congolaise. Les deux amoureux s'aventurent dans un périple qui doit les mener de Kinshasa à Oshwé, la capitale des Pygmées, avec en point d'orgue leur mariage. A pied , sur la moto de Joël ou en taxi-brousse, le jeune couple s'engage sur le Chemin des murmures, traverse la luxuriante forêt congolaise que Belange connait si bien (notamment les différentes espèces de plantes et leurs usages). Guillaume Jan nous transporte à travers cette végétation dense et ses paysages magnifiques avec enchantement, il aime l'Afrique et cela se sent dans son écriture. L'écrivain-voyageur est un doux rêveur et leur voyage est un bonheur simple. Jan n'en oublie pas pour autant son sens critique, il fait face à la réalité économique du pays, cette misère qui s'abat sur le peuple alors que les ressources naturelles du Congo sont importantes (notamment en métaux et minerais précieux). La situation à Oshwé est pour le moins préoccupante, il constate les conditions de vie déplorables ainsi que les inégalités qui existent entre les Kundus (l'ethnie dominante) qui possèdent tout et les Pygmées qui sont leurs esclaves. Pour autant, Guillaume Jan ne tombe pas dans le pessimisme à outrance et fait même preuve d'humour et de légèreté ce qui adoucit le tableau.

Mais ce qui fait le charme de ce récit, c'est l'ombre de Livingstone qui plane avec bienveillance sur nos deux jeunes gens. L'auteur dessine en parallèle le portrait de l'explorateur écossais David Livingstone. Cette partie du livre est passionnante, Jan nous raconte la vie de Livingstone, sans concession. Ce n'est pas un bon missionnaire, il n'a pas attrapé beaucoup de cloques dans les mains à distribuer des Bibles. C'est un homme distant, maladroit, très vertueux, anti-esclavagiste convaincu, un rêveur qui n'a pas hésité à repartir en Afrique, laissant sa femme et ses enfants sans le sou (d'ailleurs, il ne les connaît que très peu). C'est un nomade solitaire qui aime être à la tête d'une équipe de bons sauvages dociles et débonnaires, à marcher sur une terre inconnue sans avoir à se compliquer la vie avec les rapports humains. La vie de Livingstone est faite de hauts et de bas : après le succès de sa première expédition qui fait de lui un héros au pays, il devient un explorateur raté et moqué par ses pairs, secouru de justesse par Henry Morton Stanley. Livingstone connait pourtant une fin tragique, lui qui ne veut pas "rentrer sans achever sa mission, ça serait pour une vie de disgrâce et de misère". C'est en Afrique qu'il voulait être enterré et que son coeur repose. Sur ce dernier point, il sera exaucé.

La liberté de ton de l'auteur fait que l'on est loin du récit de voyage ennuyeux et étriqué, au contraire, cela fait longtemps que je n'ai pas lu un récit aussi captivant de bout en bout. Sur les traces de nos voyageurs, on se fond dans la jungle, escorté par ses bruits, son odeur, sa langueur. On s'imagine également aux côtés de Livingstone, ce Mundélé (blanc en Lingala) aux nombreux défauts mais aussi touchant par son amour sincère qu'il porte à l'Afrique, traversant les lacs, les affluents, les cascades, les plateaux, les savanes, les marécages, les mangroves et les lagunes de l'Afrique australe en sa compagnie. Un vrai coup de coeur que ce livre, assurément un des meilleurs récits de voyages qu'il m'ait été donné de lire !!!
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Ce livre est assez atypique dans ma bibliothèque, ce n'est pas mon genre de lectures a priori. Mais, comme je n'ai jamais été déçu par les éditions Intervalles, je l'ai commencé avec envie sans vraiment savoir de quoi il retournait puisque je ne lis pas ou peu les quatrièmes de couverture. Et bien m'en a pris, car ce livre de voyageur, de baroudeur disais-je plus haut est passionnant. Il alterne les chapitres : un coup un sur Guillaume Jan et Belange qui marchent sur le Chemin des murmures à la rencontre des Pygmées, un coup sur la vie et les marches de Livingstone. Les deux en parallèle, toute comparaison gardée.
De Livingstone, je connaissais le nom, point l'oeuvre. "Livingstone n'est pas un tocard, mais il n'est pas non plus le héros qu'on croyait." (p.281). Certains de ses biographes ont voulu en faire un personnage mythique voué à sa mission d'évangéliser les Africains et à celle de découvrir des passages sur les fleuves congolais. Or il n'a converti qu'un seul homme qui s'est empressé de revenir très vite à ses croyances et s'il a beaucoup marché, il a peu découvert. Par contre, à l'inverse de beaucoup d'explorateurs, il a découvert les hommes et les femmes de ce continent, il les a d'abord respectés (dans les années 1850/1870, la traite négrière est encore très active, notamment menée par les Portugais et les Arabes et lui s'est à de nombreuses reprises élevé contre cette pratique très fructueuse) et les a aimés. Guillaume Jan le compare à Don Quichotte, d'ailleurs beaucoup de chapitres commencent avec une phrase de Cervantès en exergue, un chevalier qui se bat contre rien de concret, qui tente beaucoup sans vraiment réussir. Il fut beaucoup malade souffrant terriblement mais jamais il ne renonça voulant prouver au monde qu'il n'avait pas tort de croire aux hommes de ce pays et qu'on pouvait travailler avec eux (l'Angleterre colonisera d'ailleurs une partie de ce continent après la mort de Livingstone). Les chapitres consacrés à Livingstone sont de très belles pages, une mini-biographie d'un homme à (re)découvrir pour ce qu'il fut réellement et non pas pour l'image qu'il eut après son décès, la plume alerte à la fois critique et respectueuse, un rien moqueuse et admirative de Guillaume Jan rend ces passages très vivants et passionnants.
Les autres chapitres sont consacrés à la marche de Guillaume et Belange (et Joël leur guide qui les accompagnera plus qu'il ne les guidera vraiment ne connaissant pas plus le chemin qu'eux). Ces chapitres sont l'occasion pour l'auteur de faire le point sur la vie au Congo, ce pays au sous-sol riche qui fut exploité (hommes et biens) par Léopold II roi des Belges qui en fit sa propriété personnelle, puis par ses divers gouvernants qui s'enrichirent personnellement au détriment des Congolais qui eux s'appauvrirent. Depuis que les premiers Européens se sont aventurés sur ce continent au XVème siècle, ils n'ont eu de cesse d'en profiter. le Congo d'aujourd'hui ne réussit pas à sortir de la misère, sa capitale est pauvre, les Kinois (les habitants de Kinshasa) vivent dans des bidonvilles, ils ne survivent que grâce à des combines, des ventes assez incroyables ainsi Belange a pu investir dans un congélateur, et elle vend de la glace en petites portions, un autre loue des chaises, ... le constat de Guillaume Jan est terrible, fait peur et s'il dit bien que la faute originelle est la nôtre à nous Européens, il précise également que les potentats locaux en ont profité également et qu'il ne faudrait sans doute pas grand chose pour que le pays reparte. Ces chapitres sont aussi l'occasion pour l'auteur-marcheur d'un voyage initiatique, au lieu de passer de l'enfant à l'adulte, il passe du solitaire qui aime arpenter les pays, à l'homme amoureux qui envisage la vie à deux qui se voit sans difficulté partager son existence avec Belange, qui partage avec Livingstone la fascination pour le pays de celle-ci et pour ses habitants. Comme pour les chapitres consacrés au médecin-missionnaire, l'écriture de Guillaume Jan rend vivante son aventure et instructif mais pas didactique son constat sur la vie au Congo.

Encore un beau texte chez Intervalles.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Traine-Savane est un récit de voyage, mais pas que. L'auteur raconte effectivement son voyage en République Démocratique du Congo, mais il mêle son récit avec celui de Livingstone, comme il avait fait sans cesse référence à Stanley dans "Le Baobab de Stanley". Là-dessus s'ajoute une histoire d'amour qui verra l'auteur s'unir à l'élue de son coeur au milieu de la brousse et en présence de deux témoins Pygmées inconnus.
La remarque qui vient à l'esprit est que l'auteur raconte à la fois Stanley et Livingstone qu'il admire tous les deux pour des raisons différentes. Stanley géographe efficace mais se comportant en brute épaisse avec les populations locales, Livingstone missionnaire et anti-esclavagiste convaincu, pétri de bonnes intentions, mais dont la contribution scientifique fût nulle et qui abandonna sa famille pour se concentrer sur ses missions de découverte. Au cours de ses différents périples il a converti une seule personne, et encore, celle-ci a renié la religion chrétienne à la fin de sa vie. Fiasco total pour ce pauvre Livingstone qui serait tombé dans un oubli total sans la mémorable rencontre avec Stanley justement.

Guillaume Jan nous raconte le pays qu'il traverse, la RDC, où rien ne fonctionne suite à l'incurie des années Mobutu. Tout est à l'abandon, tout est corrompu, après tout c'est à l'image de celui qui fût leur président pendant de longues années. Une des choses les plus extraordinaires de la RDC est l'optimisme qui subsiste malgré le côté catastrophique de la situation. Les Congolais savent que personne ne les aidera, donc ils ne comptent que sur eux-mêmes et "se débrouillent". Guillaume Jan attire notre attention sur le sort des Pygmées qui sont victimisés par tout le monde. Eux qui dépendent entièrement de la forêt, voient leur environnement disparaitre et sont exploités par les "grands Noirs".

Le mélange du récit de Guillaume Jan, de son histoire d'amour et des pérégrinations de Livingstone est bien réussi, et le tout forme un livre très agréable à lire.
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Une petite promenade dans la jungle du Congo en compagnie de Guillaume Jan et de David Livingstone. roman biographique d'un jeune explorateur ayant déjà parcouru le monde mais ayant un amour particulier pour ce pays, d'autant plus qu'il y rencontra quelques années auparavant une jeune femme qui deviendra son épouse. Les chapitres alternent entre son histoire propre et les mésaventures plus qu'explorations du grand David Livingstone.

Excursions approximatives pour ces deux explorateurs dont l'un nous conte ses déboires avec la jungle et les autochtones, l'autre nous est conté à travers ses périples qui finissent toujours mal, le tout enveloppé d'humour, d'amour et d'espoir qui m'ont vraiment transporté au Congo. Pas de jolie phrases qui tentent de vous vendre du rêve seulement du "100% véritable" parfois dur sur l'avenir catastrophique d'une grande forêt, l'histoire tourmentée d'un pays qui n'en a pas fini avec les désastres, la pauvreté et le rejet de certaines ethnies, mais la débrouillardise et l'envie de vivre pleinement qui surpasse tout ce qu'il y a de mauvais.

Je ne m'attendais pas à un tel livre, le titre ne m'inspirait pas vraiment, la quatrième de couv' guère plus et pourtant je me suis laissée transporter dans cette histoire, à crapahuter dans la jungle, me faire bouffer par les moustiques et survivre aux fièvres, rencontrer des gens extraordinaires et RESPIRER.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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J'ai adoré ce roman emporté dans mes bagages en allant m'installer au Kenya. Dévoré en quelques jours, peu de temps après mon installation. La petite histoire rencontre la grande histoire de la colonisation de cet immense continent. L'écriture est vive et documentée et on rentre dans les deux histoires avec un bonheur renouvelé à chaque chapître !
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Je vous ai déjà parlé de Traîne-Savane, cette aventure sacrément bien au coeur d'un "pays qui n'a rien en tout" et qui glisse crème sous la jolie plume fiévreuse de Guillaume Jan, un gentil gentil garçon (mais à la grosse paire de coronès quand même hein) ?
Maintenant que c'est au format poche, vous n'avez plus d'excuse.
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découvert par hasard sur les tables de la section voyage d une librairie toulousaine,il était décoré de la banderole"ombre-blanche aime"et
en parfaite victime consentante du marketing , je l ai acheté illico
lisez ce merveilleux roman ,vous ne le regretterez pas
l auteur,journaliste et "écrivain voyageur" décide de partir au Congo à la découverte des pygmées et de leurs mélopées envoûtantes dont il avait apprecie qq bribes lors d un voyage précédent
ce voyage s impose à lui comme une évidence,le magnétisme du pays est puissant
Il part plus ou moins sur un coup de tête ,de Kinshasa ,à pied et sans grand chose dans les poches si ce n est une biographie de l explorateur Livingstone (lue en cours de route)
mais... accompagné de la belle,jeune et svelte Belange dont il est amoureux.
Le recit de leur folle equipée à pied (en tongs!)et à moto à travers la forêt est entrecoupé de la relation des voyages de David Livingstone,médecin ,pasteur missionaire ,ce "traîne savane "un peu fou , d'origine écossaise et plus que modeste,qui cherche de facon obsessionnelle les sources du Nil jusqu 'à en mourir consumé de fièvres et de dysenterie.Son corps ,fumé et embaumé par ses fidèles porteurs africains sera ramené envers et contre tout à la civilsation.
ce même Livingstone dont l histoire ne retiendra ,après une campagne de communication bien orchestrée par HM Stanley ,que les voyages les plus glorieux et cette fameuse poignée de mains agrémentée de la célèbre réplique "docteur Livingstone ,I presume?!
J ai adoré ce livre,histoire d amour avec en spectaculaire toile de fond le congo au quotidien;l auteur partage le sort du congolais lambda+
récit coloré des voyages de David livingstone dont je ne connaissais que la légende



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