Je tâchai d'échapper à ces poussées morbides qui m'assaillaient comme des vagues. J'essayai de m'élever à la beauté d'une lumière gazeuse, diaphane, rendant à leur unité primordialeles éléments séparés qui forment le monde, mais, par tous les diables, qu'il est difficile de se chasser soi-même de l'Eden ! Le moi est un tyran tout petit, avide, crépusculaire, qui, à l'éventualité de sa perte, préfèrera toujours celle de l'humanité entière.
Leur île semblait un paquebot échoué que ses matelots continuent d'entretenir, contre vents et marées, attendant qu'une eau vive relâche enfin l'étrave.