Citations sur Ce qu'il reste après tout (13)
Ça m’a brisé le cœur. Je n’ai même pas réussi à écrire pour me changer les idées. Je suis restée là, à me morfondre – ce que je continue à faire d’ailleurs – complètement incomprise du reste de ma famille. Mais de toute façon, que peuvent-ils donc bien co mprendre à l’amour ? Les parents sont des vieux qui ne se touchent plus et Samuel n’est qu’un gamin sans cervelle. Je ne suis même pas certaine qu’il sache ce qu’est une fille malgré le fait qu’il ait deux sœurs sous les yeux au quotidien…
J’ai tout essayé depuis hier : les pleurs, les cris, la négociation, le chantage affectif, les supplications. Rien n’y a fait, ils n’ont pas lâché. La pire, c’est maman, elle est impitoyable. J’ai fini par m’enfermer dans ma chambre avant d’entamer une grève de la faim.
Je n’ai pas pensé à emporter avec moi une des petites bouteilles de gel hydroalcoolique que Victoire a retrouvées dans la pharmacie ce week-end. Il faudra attendre le retour à la maison avant de pouvoir me laver les mains au savon. En attendant, j’essaie de ne pas me toucher le visage le temps du trajet.
Le secret pour obtenir une plus grande stabilité, c’est de faire une rangée dans un sens puis une rangée dans l’autre sens et ainsi de suite jusqu’au sommet. Je marque une pause dans ma construction afin d’admirer un peu mon œuvre : l’amas de branches m’arrive désormais aux genoux. Je jette un coup d’œil vers papa qui continue de tailler la haie, laissant derrière lui toujours plus de branchettes. C’est que je commence à fatiguer moi…
Ne pas la voir, ne serait-ce qu’une journée, était pour moi une torture. Voilà pourquoi je venais ici l’observer à son insu, tout simplement pour ne pas devenir fou, et tant pis si je passais pour tel aux yeux des gens.
Elle lève vers moi un regard inquiet. Elle semble si vulnérable en cet instant. Si vulnérable et si belle… Je voudrais pouvoir la prendre dans mes bras, la rassurer. Mais, je n’ose pas. Je n’ose plus. Elle est désormais si forte, si indépendante… Il est loin le temps où je me sentais son protecteur, son pilier. Aujourd’hui, je ne sais plus vraiment où se situe ma place dans sa vie.
Je pourrais même m’estimer heureux de dormir une demi-heure de plus, mais non, mon corps ne s’y fait toujours pas. Ou plutôt, mon cerveau a laissé mon corps réglé sur la fréquence de mes vingt ans, à savoir : week-end = grasse matinée.
« Ma sœur est une garce. »
Je crois que plus le temps passe et plus je la déteste. Je ne comprends pas que nous puissions partager le même ADN, car c’est simple, à part cela, nous n’avons rien en commun !
Y a vraiment des gens qui n’ont rien d’autre à faire que d’emmerder les autres ! » Je regarde le bus repartir et j’aperçois encore son visage dédaigneux dans le rétroviseur extérieur. J’ai bien envie de lui faire un doigt d’honneur, mais je crois que la petite mamie qui attend sa correspondance, assise sur son banc, serait choquée. Je jette un coup d’œil dans sa direction, mais elle ne semble pas me prêter attention. Tant mieux, je n’aurai pas à lui dire bonjour !
C’est tellement injuste d’être toujours freiné dans sa vie à cause des parents ! De ne jamais pouvoir faire ce que l’on veut quand on en a envie, de toujours devoir rendre des comptes partout et tout le temps ! Je sens une vague de colère me gonfler la poitrine. Je m’en fiche, je me débrouillerai pour rejoindre Justin quand même. Je pourrai toujours dire à maman que je vais passer un moment chez Julie ou Sarah et le tour sera joué. Je suis encore en train d’élaborer mes plans en descendant à mon arrêt lorsque j’entends un grognement qui me sort de mes pensées :