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Critique de Christophe_bj


Cyrille Bertrand vient de terminer une licence de lettres complétée par un diplôme en gestion. Il se rêve poète et s'identifie surtout à Valery Larbaud, bien qu'il regrette de ne pas avoir, contrairement à cet auteur, de fortune personnelle. Peut-être son amitié avec Ambroise d'Héricourt, issu d'une famille très aisée et pleine d'entregent, va-t-elle pouvoir l'aider à accomplir ses rêves ? Pour l'instant, après une période de chômage, il n'a réussi qu'à dégoter un poste peu glorieux d'employé au contentieux de Salons&Cuisines. ● C'est un roman riche et plein d'intérêt. L'ironie est constante et se manifeste par exemple dans la délectation que prend l'auteur à nommer Cyrille « notre héros », à la manière De Stendhal dans le Rouge et le Noir. La critique sociale est fort bien menée et a pour cible principale la décadence de l'Occident en général et de la France en particulier sous les coups de butoir du capitalisme américain. ● Les folies de la postmodernité sont particulièrement bien mises en évidence, par exemple grâce à ce musée de la littérature française, accusé de fascisme parce qu'il n'a pas pour objet les autres littératures du monde. ● La façon dont fonctionne le panurgisme bien-pensant est magistralement montrée, avec au sommet de la pyramide quelques grands pseudo-penseurs qui entraînent derrière eux en les manipulant les foules abruties par les réseaux sociaux, la télé, l'air du temps et même – horresco referens – l'école. ● C'est aussi un roman d'apprentissage et l'on voit le « héros » ballotté dans sa vie, presque toujours impuissant à lui donner le cours qu'il souhaite, jouet de forces qui le dépassent ou de personnages qui l'influencent. Son angoisse est de savoir quoi faire de sa vie, et de parvenir à le faire. Souvent revient sa hantise de n'être qu'un « figurant », qu'un membre anonyme de la fourmilière humaine. Réussir sa vie, au sens que l'on donne habituellement à cette expression, ne permet pas selon Cyrille de se distinguer du lot. L'idéal de création qu'il poursuit, selon le titre du roman, se heurte sans cesse et tragiquement aux dures réalités du monde. ● le style est classique, parfois même un peu précieux, osant par exemple utiliser l'imparfait du subjonctif. C'est pourquoi l'on comprend mal que l'auteur confonde, comme la plupart des gens maintenant, les verbes « se colleter » et « se coltiner » (page 303), et ne sache pas manier la particule de noblesse. ● Autre réserve : les multiples longueurs de l'ouvrage ; l'auteur aurait pu dire la même chose avec cent ou deux cents pages de moins. ● En tout cas Patrice Jean est incontestablement un auteur à suivre et ce roman à recommander vivement.
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