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Critique de Christophe_bj


Dans une petite ville du bord de la Loire, Arthur, un garçon maladivement timide, introverti et asociable, fait ses premiers pas dans la boîte de nuit La Plage à dix ans, à l'occasion d'un goûter d'anniversaire d'un camarade, dont l'oncle, Guy, est le propriétaire. Il est d'abord tétanisé par l'endroit et lorsque Guy propose de danser, il ne bouge pas. Pourtant, progressivement, sur une période de trente ans, il va faire de cet endroit le centre de sa vie. ● J'avais aimé La Chaleur et je trouve que Victor Jestin réussit son deuxième roman, en accomplissant l'exploit de nous donner à voir une existence vide et solitaire, répétitive, sans nous ennuyer une seule seconde. ● Arthur est un garçon différent, toujours à contretemps, très mal à l'aise dans les relations sociales, et cela, l'auteur le montre très bien par le récit (et non par la description). « Voilà. J'étais moyen », nous dit Arthur. « J'avais du mal, par exemple, à tenir une conversation. Tout ou presque dépendait de ça. Certaines personnes le faisaient naturellement, trouvaient des choses à dire sans cesse et sans réfléchir ; je n'en avais qu'un petit fond, toujours le même dans lequel fouiller pour boucher les silences : Ça va ? Ça fait longtemps que t'es là ? Tu penses qu'il va pleuvoir ? Et puis je m'essoufflais. Je n'arrivais pas à rebondir sur les réponses. Je n'étais pas intéressant, intéressé à peine, puisque je ne prenais pas le temps d'écouter, trop occupé à réfléchir, à chercher des choses à dire, en vérité pas même des choses mais des phrases, des mots, des bruits. Ce devait être embarrassant. Les gens préféraient m'éviter. » ● Pour autant, Arthur ne semble pas souffrir d'une maladie mentale : « Ces difficultés, quoique fréquentes, n'étaient pas assez fortes pour suggérer chez moi un handicap ou un alibi de ce genre. Il s'agissait tout bonnement de mon caractère. » ● La danse, qu'il met si longtemps à apprivoiser, est la seule activité où il peut se sentir vivant, car, après l'avoir tant effrayé, elle le rassure, dans la codification qu'elle propose des rapports humains : « C'est là que j'ai ressenti précisément pourquoi j'aimais tant ça. Je le savais depuis longtemps sans jamais me l'être formulé : dans la danse, la vie s'ordonnait, se réglait en un système de rythmes et de mouvements dont même les ruptures répondaient à une logique ; c'était comme un quadrillage géant, un filtre familier posé sur ce qui partout ailleurs relevait pour moi de l'immaîtrisable. » ● Il n'est pas étonnant dans ces conditions qu'Arthur soit inapte au bonheur : « Je craignais d'entrevoir trop violemment le bonheur ou quelque chose du genre. J'aimais mieux m'en tenir à ce qui était à ma portée. » ● le roman propose aussi une certaine vision de la masculinité aujourd'hui. Il a un vrai ton, une vraie sensibilité. J'ai beaucoup aimé, je conseille !
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