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Citations sur L'homme qui danse (56)

Au petit matin les boites de nuit trahissent. Elles révèlent d'un seul coup la laideur et la saleté. Les lumières s'allume, et la musique s'éteint ; l'air sent la sueur et l’usine, le sol colle, le palmier est en plastique. Il y a des murs et un plafond, la pièce a des dimensions. Pire, tout le monde s'en va. Reste les plus saouls, les plus désespérés, comme des enfants qui refusent d'aller au lit. Le videur les chasse. La fête est finie. Il n'y a plus que le bâtiment vide, et moi, oublié sur la banquette du fond.
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– Je finis mon verre et je vous rejoins! ai-je crié. La banquette sans accoudoirs m’a paru d’un coup trop grande. J’ai aspiré le fond de mon verre et la paille a fait des bulles dégoûtantes. Je me suis allumé une cigarette. Encore quelques minutes et je me lance, ai-je décidé. La piste s’étalait comme une mer à mes pieds. Là se trouvaient donc les filles à aborder. C’était un bal. Ça ne valsait pas mais en fait c’était tout comme un bal, archaïque et cruel. Chacun se cherchait un partenaire. Si jamais cette foule formait un nombre impair, l’un de nous se retrouverait seul au bout du compte, et cela risquait bien d’être moi, comme aux chaises musicales de mon enfance. Les gens se pressaient. Ils se ressemblaient. Tous se confondaient dans cette lumière, jetée sur eux pour lisser leurs visages, gommer leurs boutons, effacer leurs formes et leur en inventer d’autres. C’était une ambiance excitante, dangereuse aussi, car tous ici, devenus plus beaux, devaient redoubler d’attentes, saturer la boîte de désir, plus qu’elle n’en pouvait contenir. Il existait certainement quelque part un interrupteur pour rallumer les néons du plafond, faire que tout le monde sursaute, se réveille soudain dans les bras d’inconnus rouges et suants.
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Je devais me bouger. Il me semblait sinon pouvoir rester assis des heures et des jours sans que personne vienne me chercher. Je devais essayer, tenter le diable. Je me suis levé.
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La seule chose que je veux, au fond, c'est être amoureux.
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« -Et ça ne te lasse jamais? Les soirées ne se res-
semblent pas trop? »
T'ai fait non de la tête et cherché des arguments.
J'aurais pu lui parler de la pauvre routine de mes journées, de mon ennui au travail et de tous les petits gestes répétés du matin au soir, se lever, s'habiller, partir de chez soi en prenant les clefs, revenir et se recoucher, tout cela mécaniquement, à l'aveugle, comme on sinue sans se cogner dans l'obscurité d'une chambre connue par cour. Mais je me suis ravisé pour ne pas plomber l'ambiance.
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- Et toi, où est-ce que tu iras quand ce sera terminé ?
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C'était, en pire, le même sentiment qu'au début de l'adolescence, vers les quatorze ans, quand à la fin du collège mes amis avaient cessé de jouer dans la cour pour se tourner vers les filles, parler des filles, les convoiter de toute la force qu'ils mettaient jadis ailleurs, devenus trop sérieux, obsédés, arrachés à l'enfance, et tant pis pour moi si je voulais continuer à jouer, courir et faire des caches-caches pendant toute la récré.
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Je me suis réveillé. Midi passé. J'embauchais bientôt. Mon crâne était chaud, mes jambes courbaturées. Les lendemains de Plage étaient de plus en plus difficiles, même sans alcool. Ils s'empilaient les uns sur les autres. J'ai bougé dans le lit et ai senti mon haleine rance contre l'oreiller. Mon ventre était ballonné, j'ai pété sous la couette, une odeur terrible est montée. Comment aurais-je pu décemment me réveiller ce matin à côté d'un autre corps ? Rien que le mien était en trop.
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Ma vie ne tenait qu’à la boîte. Le reste était brumeux, hostile. J’avais peur de tout, de la rue, du travail, de la paperasse, des questions, des visages inconnus en plein jour. J’étais bloqué.
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Le temps passait plus vite qu'avant. Je le sentais à tous les niveaux, soirées, semaines, mois, saisons, années. Je me souvenais des mercredis de l'enfance et des vacances d'été sans fin. Je commençais à entrevoir la durée effective d'une existence, à en pressentir les contours, à comprendre que tout irait plus vite que prévu.
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