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3,53

sur 202 notes
En refermant ce roman, j'ai eu un coup de blues. Bien que l'histoire se déroule majoritairement dans une discothèque, par principe lieu de divertissement où l'on fait la fête entre potes, il en ressort une profonde mélancolie.

Dès les premières pages, s'installe une sorte de spleen. Arthur n'est pas un ado heureux. On le suit dans ses efforts pitoyables pour ressembler aux autres. Au rythme de la Play List, on partage ses pensées les plus intimes. Car Arthur est le narrateur de cette vie gâchée à courir après ses fantasmes de vie amoureuse et sociale.
Cette discothèque, « un grand bâtiment jaune et rectangulaire qui ressemblait à un container » se nomme « La plage » et c'est là qu'Arthur, adolescent timide et encombré de son corps trop maigre, se contente d'admirer les autres, les décomplexés qui dansent, chahutent et draguent avec naturel. Comme Vincent, le copain trop cool qu'il envie. Mais lui, l'inadapté à toute vie sociale, s'enfonce dans sa solitude à mesure que passent les années.
Partout où il passe, Arthur a du mal à s'intégrer. Même dans sa famille où l'on ne comprend pas cette frénésie à sortir plusieurs fois par semaine pour passer ses nuits dans une boite bruyante et bondée.

Peu à peu, le garçon timide a mué, du moins en apparence. Il sculpte son corps en pratiquant la musculation et il danse à présent sans retenue, mais c'est toujours le vide dans sa vie, et ses rencontres à « La plage » avec ces Dylan, Wassim, Marlène ou Isabelle ne sont que feu de paille.
« Je rêvais d'une petite amie, d'une personne à qui tenir la main, avec qui aller au cinéma, faire des promenades et l'amour en plein après-midi. Je n'en trouvais pas ici. »
Les années passent et Arthur toujours aussi seul, continue de fréquenter assidûment « La plage », son lieu d'ancrage qui lui tient lieu de famille, même si la clientèle change et ignore ce presque quadra qui mime les jeunes. C'est pitoyable et on se prend de compassion pour ce solitaire, toujours à contretemps dans sa vie, sauf sur le dancefloor.
« Je commençais à entrevoir la durée effective d'une existence, à en pressentir les contours, à comprendre que tout irait plus vite que prévu et qu'en conséquence, il valait mieux se presser un peu pour ne pas mourir seul »

Victor Jestin a su avec justesse cerner son héros, immature et solitaire. Son écriture fouille, éclaire au rayon laser cette vie faite de faux-semblants et d'artifices sous les néons et les boules à facettes.
Un second roman réussi.




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Dans une petite ville du bord de la Loire, Arthur, un garçon maladivement timide, introverti et asociable, fait ses premiers pas dans la boîte de nuit La Plage à dix ans, à l'occasion d'un goûter d'anniversaire d'un camarade, dont l'oncle, Guy, est le propriétaire. Il est d'abord tétanisé par l'endroit et lorsque Guy propose de danser, il ne bouge pas. Pourtant, progressivement, sur une période de trente ans, il va faire de cet endroit le centre de sa vie. ● J'avais aimé La Chaleur et je trouve que Victor Jestin réussit son deuxième roman, en accomplissant l'exploit de nous donner à voir une existence vide et solitaire, répétitive, sans nous ennuyer une seule seconde. ● Arthur est un garçon différent, toujours à contretemps, très mal à l'aise dans les relations sociales, et cela, l'auteur le montre très bien par le récit (et non par la description). « Voilà. J'étais moyen », nous dit Arthur. « J'avais du mal, par exemple, à tenir une conversation. Tout ou presque dépendait de ça. Certaines personnes le faisaient naturellement, trouvaient des choses à dire sans cesse et sans réfléchir ; je n'en avais qu'un petit fond, toujours le même dans lequel fouiller pour boucher les silences : Ça va ? Ça fait longtemps que t'es là ? Tu penses qu'il va pleuvoir ? Et puis je m'essoufflais. Je n'arrivais pas à rebondir sur les réponses. Je n'étais pas intéressant, intéressé à peine, puisque je ne prenais pas le temps d'écouter, trop occupé à réfléchir, à chercher des choses à dire, en vérité pas même des choses mais des phrases, des mots, des bruits. Ce devait être embarrassant. Les gens préféraient m'éviter. » ● Pour autant, Arthur ne semble pas souffrir d'une maladie mentale : « Ces difficultés, quoique fréquentes, n'étaient pas assez fortes pour suggérer chez moi un handicap ou un alibi de ce genre. Il s'agissait tout bonnement de mon caractère. » ● La danse, qu'il met si longtemps à apprivoiser, est la seule activité où il peut se sentir vivant, car, après l'avoir tant effrayé, elle le rassure, dans la codification qu'elle propose des rapports humains : « C'est là que j'ai ressenti précisément pourquoi j'aimais tant ça. Je le savais depuis longtemps sans jamais me l'être formulé : dans la danse, la vie s'ordonnait, se réglait en un système de rythmes et de mouvements dont même les ruptures répondaient à une logique ; c'était comme un quadrillage géant, un filtre familier posé sur ce qui partout ailleurs relevait pour moi de l'immaîtrisable. » ● Il n'est pas étonnant dans ces conditions qu'Arthur soit inapte au bonheur : « Je craignais d'entrevoir trop violemment le bonheur ou quelque chose du genre. J'aimais mieux m'en tenir à ce qui était à ma portée. » ● le roman propose aussi une certaine vision de la masculinité aujourd'hui. Il a un vrai ton, une vraie sensibilité. J'ai beaucoup aimé, je conseille !
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Le décor est simple : La Plage, une boîte de nuit, ouverte dans les années 90. Les premiers pas humiliant sur la piste de danse auraient pu le dissuader à vie d'y revenir . Et pourtant, peu à peu, dans le vide de son existence le narrateur s'accrochera à cette vie nocturne et ses artifices, au point d'en devenir un ancrage sécurisant.

Malgré tout, la solitude hante les pages ; Arthur ne parvient pas à créer des liens durables avec ses congénères et en particulier avec les filles. le roi de la danse reste désespérément seul.

Avec les années qui passent, on sent qu'au-delà des néons et de la déco minimaliste, à l'extérieur des minces frontières de la boite, les temps changent. Les êtres croisés apportent avec eux les indices qui témoignent de cette évolution.

Beaucoup de sensibilité dans ce texte intime, qui retrace l'itinéraire d'un solitaire, en quête permanente d'une place légitime, jamais à l'aise dans la relation, toujours à contretemps dans sa façon d'être.

Très belle écriture, précise et authentique. Belle réussite après La chaleur.


192 pages Flammarion 24 Août 2022
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Ultra moderne solitude

Victor Jestin confirme avec ce second roman tous les espoirs nés avec La chaleur. En suivant Arthur, qui passe presque toutes ses nuits en boîte, il explore le mal-être de toute une génération.

C'est à la fête d'anniversaire d'un copain de classe, à laquelle il est invité après un désistement, qu'Arthur découvre La Plage. La boîte de nuit, privatisée pour l'occasion, ne va cependant pas lui laisser un souvenir très agréable puisqu'il va se retrouver bloqué au moment d'inviter sa cavalière sur la piste de danse.
Ce n'est donc pas de gaîté de coeur que huit ans plus tard, il y retourne. le lieu est alors l'endroit où les garçons doivent choper les filles, c'est-à-dire parvenir à les embrasser et plus si affinités. Mais là encore – par crainte et maladresse – Arthur va être incapable de suivre cette injonction. Mais il suit avec curiosité ses amis et cherche le moyen de dépasser sa timidité maladive. En s'inscrivant dans un club de sport, il se dit qu'il pourra transformer son physique chétif, mais il va surtout finir par trouver un emploi à l'accueil, ce qui va lui permettre de dégager du temps pour ses sorties à La Plage et financer ses rendez-vous qui se multiplient jusqu'à devenir réguliers, du jeudi au dimanche.
Entre temps il aura pris des cours de danse et croisé la route de quelques jeunes filles. Mais s'il n'est plus puceau, il est incapable de construire une liaison stable et va faire de la piste de danse le lieu de son exutoire.
En retraçant en de courts chapitres la chronologie de cette addiction, Victor Jestin trouve l'angle idéal pour raconter l'ultra moderne solitude chantée par Souchon:
Pourquoi ce mystère
Malgré la chaleur des foules
Dans les yeux divers
C'est l'ultra moderne solitude

Pourquoi ces rivières
Soudain sur les joues qui coulent
Dans la fourmilière
C'est l'ultra moderne solitude

Dans ce lieu construit pour faciliter les rencontres, ce n'est pas la chaleur humaine que croise Arthur, mais le clinquant et le factice. Ce n'est pas la vraie vie, qu'il aspire à remplir, qui l'attend à la plage mais un monde sublimé que l'alcool et la musique transforment pour quelques temps en un cocon, une parenthèse enchantée. Sauf que la gueule de bois est inévitable et qu'au fil des années elle va se faire de plus en plus insupportable.
Dans ce drame de la vie ordinaire, le romancier se fait aussi sociologue, nous raconte la fin de ce type d'établissements supplantés par les sites de rencontre et les applications censées mieux faire matcher les profils. Une nouvelle arnaque?
Ce second roman confirme le talent de Victor Jestin. Après La chaleur, qui avait notamment été couronné par le Prix de la vocation, ce second roman vient de se voir attribuer le Prix Blù Jean-Marc Roberts par un jury exigeant. Gageons qu'il n'en restera pas là!

Lien : https://collectiondelivres.w..
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"Peut-on faire une vraie rencontre en boîte de nuit ?". Et notre narrateur, il en faut des rencontres : un chapitre, une nouvelle personne. Et, au bout du compte ? Il est fidèle, la discothèque en addiction sur des années. Y aller pour danser. Pas pour boire, ni se droguer, ni draguer, ni baiser. Danser. Les journées passées à attendre le nouveau passage de l'entrée, du videur, du vestiaire, et cette salle qui emmène. Ce livre me rappelle évidemment un ancien métier mais vu de l'autre côté ; j'en ai croisé tant et tant, souvent me demandant aujourd'hui ce qu'il ou elle est devenu(e). Tous ces gens qui dansent, bien ou pas, peu importe, avec toujours ma tendresse et une certaine curiosité pour celui qui dansait différemment, pas toujours en rythme, mais avec un telle joie qu'il attirait le regard. Souvent je m'imaginais tous ces corps mais sans musiques, ça devenait alors drôle mais pas risible. Ce roman écrit avec une grande simplicité est réussi : à travers ce prétexte de clubbing, ce sont les années qui passent, les rencontres sans lendemain, les "amis" de soirées qu'on ne connait finalement pas, et le monde de la nuit qui a bien changé. C'est aussi une nostalgie, celle des discothèques dites généralistes, des discothèques de campagne, le moment des slows, le rendez-vous de la semaine, les dragues en direct ; les applications de rencontres venant détruire cette spontanéité là, la séduction par le mouvement ; et plus la nuit passait, et plus le mouvement était remplacé par l'ivresse, et la séduction par la nécessité. Et puis, la lumière s'allumait, la magie en moins, la réalité brutale, la solitude entre deux, avant la prochaine nuit. La nuit plus forte, plus importante, plus vivable même que le jour. Merci pour ces souvenirs monsieur l'auteur. Spotlight !
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Nous allons suivre Arthur de ses 10 à 40 ans.
Un peu asocial, empêtré dans ce monde qui ne lui convient pas, il va petit-à-petit développer une addiction pour La plage, une boite de nuit.
D'une écriture simple, précise et délicate, l'auteur décrit une solitude abyssale.
La quête de l'amour, le désir d'être comme tout le monde, le besoin de rassurer sa famille sont poignants.
Il y a beaucoup de spleen dans ce court roman.
Un joli livre.
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Non content de m'avoir fait suer avec « La chaleur », son précédent roman, Victor Jestin récidive en me traînant dans une boite de nuit surchauffée, là où le désir sature l'atmosphère (« On vient rarement macérer cinq heures dans la sueur pour le seul plaisir de danser »).
Son deuxième roman réunit tous les défauts d'un premier roman maladroit : adolescence, expériences, dépucelage, première biture, premières déconvenues et beaucoup d'ennui.
C'est une prouesse qu'un sujet aussi banal - l'initiation d'un jeune homme - et qu'un cadre aussi convenu - une boite - nommée La Plage où viennent s'échouer les clubbeurs, aient pu produire 187 pages de littérature. Enfin littérature, le mot est excessif pour un sujet aussi anecdotique et une prose aussi quelconque.
Si je n'avais pas été emballée par « La chaleur », j'y avais reconnu l'ébauche d'un talent. « L'homme qui danse » le rappelle au détour de quelques phrases (ex : « Il me fallait une pulsation, sans quoi la musique n'était qu'une vapeur ») et d'une page informative et divertissante (p92). Sinon c'est le néant, l'histoire d'un type qui retourne à sa boite comme un hamster revient à sa cage et s'en va courir dans sa roue. Vain et déprimant.
Manuel d'un tue l'amour, journal intime d'un loser, catalogue d'indigences, ce livre m'a mis de très mauvaise humeur. Il est la preuve, s'il en fallait encore une, que Flammarion a renoncé à l'exigence. Est-ce si compliqué de dire à son auteur que son texte n'est pas assez bon pour être publié ?
Bilan : 🔪🔪
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Le piège du deuxième roman ! Pour moi , l'auteur s'en est très bien sorti. La pandémie aidant, peut-être a t-il eu plus de temps pour méditer sur la solitude, la grande solitude.
Arthur est un type mystérieux, compléxé, timide, ce qui le condamne: pas de vie sociale épanouie.
V.Jestin situe son roman sur une vingtaine d'années, années émaillées pour Arthur de rencontres ratées. Après avoir fait de la muscu, son petit boulot dans un club aidant, il se décide à re-affronter la piste de danse de « La Plage », une boîte de province, révélation, c'est là qu'il passera toutes ses nuits. Rien ne lui importe plus que cette existence nocturne, passant peut-être près de personnes prêtes à l'aimer, mais il ne pense qu'à ces moments où la danse le libère pour quelques heures, puiqu'il ne sait pas quoi faire de sa vie.
Je doute fort que V.Jestin nous raconte la prochaine fois la vie d'un joyeux drille, mais sait-on jamais ?
Sans drame, sans coup de théatre, V.Jestin livre un texte très fort, lu d'une traite.
Merci aux Edts Flammarion et à Babelio pour cet envoi.
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Je fais partie de ceux qui avaient aimé La Chaleur, premier roman dans lequel Victor Jestin parvenait à installer une véritable atmosphère, une tension narrative remarquable. Écriture précise, prometteuse. Autant dire que j'étais curieuse de découvrir ce petit deuxième. Thème et décors étonnants annonçant un décalage intrigant. Même si j'avoue que les romans d'apprentissage ont tendance à me lasser et que les boîtes de nuit n'ont jamais été ma came, j'étais dans un bon état d'esprit au moment d'attaquer cet Homme qui danse. Mais je suis malheureusement restée coincée au bord de la piste, les fesses sur une banquette en train de regarder ce petit monde évoluer, les scènes se succéder sans jamais parvenir à entrer dans la danse. J'attendais que ça décolle, que quelque chose se passe enfin. C'est lent, et quelque peu répétitif. Disons que cette lecture a glissé sur moi sans qu'aucune aspérité ne capte mon attention ou ne stimule mon empathie. Je ne peux pas attribuer la faute à l'auteur, l'écriture n'est pas désagréable mais une rencontre entre un texte et un lecteur se joue à deux. Question d'état d'esprit, de centres d'intérêt. Je suis certaine que d'autres auront le sentiment d'en faire une belle de rencontre en la personne d'Arthur qui saura les émouvoir, que cette histoire fera écho pour d'autres. Chez moi il n'y avait rien pour la recevoir et pas suffisamment d'intensité dans le texte pour créer la surprise.
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Dans une petite ville en bord de Loire, La Plage est le nom de la discothèque ou Arthur, timide maladif, pratiquement asocial va vivre sa jeunesse et un peu plus.. Arthur va fréquenter pendant de longues années cette même boite, le week-end, puis un jour par semaine, puis deux, puis pratiquement toute la semaine.

A travers les années, Arthur voit la boîte se transformer mais est-ce que lui aussi évoluer ? Car, cette boîte, c'est son repaire, son cocoon. Arthur vit sa propre vie, à la recherche, à la quête d'une fin de solitude. Arthur arrive dans cette boite comme chez lui, où la danse va devenir un élément essentiel car elle va être pour lui un véritable lâcher prise.

Parfois, il y a des romans qu'on aime sans vraiment savoir pourquoi, on se laisse happer par l'histoire, par un personnage hors du commun, par un style. Une histoire simple diront certains mais un auteur au talent indéniable qui nous transporte entre les beautés de la vie et les fêlures d'un être épris de solitude.

Chaque chapitre, chaque prénom est une rencontre importante pour Arthur, et Victor Jestin croque à merveille toute cette galerie de personnages. Un roman brillant, touchant où la question de la masculinité est ressort grandi !

On danse, on rencontre, on transpire, on vibre, en même temps qu'Arthur, comme si celui-ci était un de nos amis qu'on aimerait aider, pousser, faire avancer, pour faire face à une société qui voudrait à tout prix le voir marier, avoir un boulot et des gosses.

Alors tenté ? Arthur vous attend sur le dancefloor, vous ne pouvez pas refuser l'invitation ;-)
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