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Critique de umezzu


Voilà un livre que j'ai failli ne jamais commencer, les critiques lues étant fort mauvaises et la notation globale de Babelio plutôt calamiteuse. Soyons clair, ces critiques me semblent injustifiées.

Le fait de continuer une série avec d'autres auteurs est une pratique devenue courante en bande dessinées, avec plus ou moins de bonheur. Les Astérix version Jean-Yves FerriDidier Convard ou les Blake et Mortimer de Sente et André Juillard sont plutôt réussis. On peut crier à l'hérésie, mais ces projets, comme ce Nicolas le Floch, respectent un cahier des charges lié aux séries d'origine.

Ici, Joffrin prenant la suite de Jean-François Parot, décédé en 2018, devait faire avec des personnages devenus familiers, un contexte dix-huitième siècle parfaitement restitué par l'auteur d'origine, et un style très particulier utilisant nombre de mots qui ne sont plus aujourd'hui usités. Cette richesse linguistique n'est pas égalée dans ce roman, même si Joffrin place de-ci de-là quelques raretés de langage.

La période couverte par ce nouveau tome est profondément différente de la série d'origine. En reprenant Nicolas le Floch en septembre 1789, on quitte la monarchie en crise de Louis XVI pour la révolution commençant.
Le marquis de Ranreuil a forcément vieilli, il n'est plus en poste au Châtelet, mais à Versailles au côtés du Roi. Bourdeau a repris son ancien poste et les deux vont devoir de nouveau mener ensemble une enquête sensible, dans laquelle une dame d'honneur de Marie-Antoinette, sans doute en mission pour cette dernière, a été enlevée et jetée dans un fiacre avec un homme avec laquelle elle avait rendez-vous, retrouvé sauvagement assassiné par la suite. le tout s'est passé aux abords du Palais-Royal, lieu de débauche, mais aussi palais des Orléans qui se verraient bien à la tête du nouveau régime qui tarde à se mettre en place après la prise de la Bastille et la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

Le traitement des personnages est globalement conforme à ce qui ressortait des livres de Parot. Les amitiés durent. le lecteur habitué recroisera le bourreau – médecin légiste Sanson, le chirurgien de marine Semacgus et même un très vieillissant Sartine. L'ancien juge Noblecourt accueille toujours Nicolas avec plaisir, mais c'est désormais un vieil homme dont le monde nobiliaire s'effondre. D'où des propos plus engagés que son habituelle modération.

Évidemment, les personnages n'oublient pas de manger et de fréquenter les bonnes auberges où leur sont commentées diverses recettes.

Un personnage féminin haut en couleurs va tourner autour du policier, qui n'est pourtant plus si jeune.

Tout complot entraînant son lot de manipulation et de faux-semblants, Joffrin va alterner entre moments calmes de palabres entre un régime monarchique qui ne gouverne plus à grand-chose et un peuple de plus en plus remonté face à la non promulgation des lois de l'Assemblée, et surtout l'absence de pain dans Paris, et scènes de cavalcades ou d'interventions policières.

Parot avait pour habitude de perdre le lecteur dans les ruelles parisiennes et dans des intrigues complexes, parfois bancales. La logique et le bon sens s'effaçaient souvent dans de nombreuses impasses pour rendre le récit plus touffu. Cette forme débouchait parfois sur de grandes réussites, mais était aussi pesante dans certains des derniers romans. Là Joffrin va à l'essentiel. Son intrigue est claire et profondément liée aux soubresauts de la Révolution commençant. Il utilise des moments d'histoire factuels pour amener une intrigue plausible. le tout est plutôt réussi à mon avis.
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