AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Floyd2408


En recherche perpétuel de nouvelle lecture, je me laisse flâner dans les étals des libraires comme une âme en peine en quête d'un ovni littéraire, un joyau pure portant mon esprit au délice des anges.
Une ombre à l'éclat d'or scintille dans le tumulte des couvertures, ma main s'aventure vers cette masse légère au titre noir L'été des charognes de Simon Johannin, la quatrième de couverture ondule l'inconnue…

Merde, dans toute chose il y a une part pour les anges.

Cette déchirure ouvre les portes de ma curiosité avec une salinité dévorante, dès les premières lignes mon démon s'alimente de cette enfance rurale perdue dans l'atmosphère étrange d'un monde imaginaire où la réalité est celle des autres, la mienne en parenthèse de cette sauvagerie.
Premier roman, Simon Johannin aspire à lui le lecteur dans sa spirale infernale et transcendante. L'animalité rugueuse de cette vie isolée dans une campagne rude, froide, prisonnière de ses rites entraine ses enfants dans une routine bestiale.
L'écriture sanguine à la première personne, s'écoule dans l'âpreté terrible de cette vie dans la ferme, cet adolescent aux mots familier narre sa vie dans la blessure de l'enfance. Chaque scène cimente la dureté de cette enfance, la terre, le climat, les animaux et ses êtres humains, autochtones, de passages, d'amis, de la famille sont le théâtre de cette destinée rustique.
Le roman se compose de deux parties différentes l'une plus grande occupe plus de 105 pages, dressant le tableau de deux garçons inapprivoisés, deux campagnards élevés à la rudesse. La deuxième est plutôt une introspection dans cette dérive, happée par les démons des paradis artificiels, le jeune adolescent glisse dans la folie, tinte en moi le loup des steppes de Hermann Hesse.
Les premières lignes de Simon Johannin versent dans le sang, la bestialité de ses enfants lapidant un chien, cruelle destiné, dents pour dents oeil pour oeil, dicton oeuvrant l'existence de ces deux garçons. Puis la mort animal est un décor quotidien de ces jeunes, les chiens, les chats, les moutons, les poules et les autres, se côtoie aussi le corps à corps des êtres dans une sauvagerie animale, l'alcool coule à tout moment, les fêtes sont des orgies d'ivresse, une vie d'arme blanche et d'alcool, la bagarre est un rituel pour devenir un homme.
Simon Johannin perle les mots dans un langage familier et rustique comme un écho à Céline. Ce premier chapitre est un préambule à cette chute.
Le deuxième chapitre semble être une lente agonie, un écho animal, la bête tuée vient prendre position de l'âme de cet adolescent sous l'emprise des drogues. Une dérive lente comme un diagnostic, Baudelaire dans Les paradis artificiels aime décrire les sensations sous l'emprise de ces drogues comme peut le faire Simon Johannin. Une poésie acide articule cette deuxième partie du roman comme un chant lointain où vrillent les mots comme des larsens, une mélodie hypnotique dans l'enfer intérieur de notre héros.
L'écho troublant de ce chien, cette bête, spectre ancien venant hanter les émotions troubles de ce garçon embrasé par les substances illicites, ce chien lapidé au début du roman devient comme un piège du passé, une revanche purifié par la bénédicité des animaux.
Cette chronique sans colorant, brute et bestiale sans machiavélisme explose les papilles. Une histoire virtuelle aucunement autobiographique salive encore mon appétit.
Un vrai roman explosif.
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}