Mais n’était-ce pas là la beauté des commissions d’enquête ? Offrir aux citoyens l’illusion d’une investigation sérieuse ?
Sa mauvaise habitude était revenue, son vice incurable avait repris le dessus sur sa volonté. Paris buvait, et vite.
Il priait pour qu’on ne lui fasse aucun mal. Peu importe ce qu’« Emmanuel » était vraiment, peu importe son origine et son comportement primitif, sa propension à la violence barbare. Il existait en lui une étincelle de jeunesse indéniable et probablement un désir de socialisation, d’humanité. Ce n’était qu’un enfant qui cherchait sa mère.
Dans le brouillard de son ivresse, plusieurs nuits s’étaient effacées de sa mémoire. De vagues images de son mari qui rampait sur elle comme une couleuvre malveillante lui revenaient en mémoire.
Qu’avait-elle donc fait de mal pour mériter un tel sort ? Les pleurs finirent par s’apaiser, ses sanglots laissant place à une froideur irréversible. La mort ne l’effrayait plus, loin de là. France se fit la promesse d’aller à sa rencontre dès que possible.
Une tristesse inimaginable se lisait dans ce regard, l’impression d’une détresse qui réclamait dans la mort une libération malgré son jeune âge.
La plupart des hommes étaient prêts à vendre leur pays pour satisfaire des fantaisies inadmissibles.
Plusieurs moments de cette période lui revenaient à travers un épais brouillard, comme observé par le fond d’une bouteille de bière vide.
On demandait aux policiers d’être humains, mais de ne pas faire d’erreurs. D’être prudents, pour ensuite les envoyer dans des guets-apens où des criminels mieux équipés, mieux armés et plus nombreux les attendaient.
Son quotidien difficile nécessitait du recul, de l’éloignement pour ne pas sombrer dans la folie, et ce fut dans l’engourdissement et l’abrutissement de l’alcool qu’il avait trouvé un semblant de répit.