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Critique de beatriceferon


Valentin Duvalois a toujours aimé les trains. C'est donc naturellement dans un appartement voisin de la Gare du Midi qu'il a établi ses pénates. Ses parents se disputaient continuellement. Après leur divorce, comme Madame ex-Duvalois était pauvre, exit la grande maison. Valentin est contraint d'enfermer son circuit avec ses rêves dans une caisse à bananes. Ses seuls voyages, désormais, c'est dans son imagination qu'il les fera.
Dans le supplément « Lire » de la « Libre Belgique », je découvre une présentation du roman de Michel Joiret. Immédiatement, le titre me tire l'oeil et me serre le coeur. Papa, un « vrai cheminot », avait voué sa vie aux chemins de fer. C'est certainement un livre pour moi.
A chaque chapitre apparaît un sous-titre « Quai » suivi d'un nombre. Ces quais innombrables sont, en réalité, des étapes dans le temps. L'auteur balade ainsi son lecteur sans aucun souci d'une quelconque chronologie. Valentin est sur les rails de ses souvenirs et des aiguillages permettent de faire se croiser sa modeste vie personnelle et la grande Histoire. Occupation, indépendance du Congo ou mariage du roi Baudouin rencontrent allègrement des moments importants pour Valentin : en Tunisie, il est tout petit encore lorsqu'on lui offre son premier train en bois, le début d'une passion qui occupera sa vie entière. Un jour, Valentin rentre de l'école plus tôt que d'habitude. La maison est vide. C'est le moment ou jamais de s'introduire subrepticement dans ce lieu interdit, comme la chambre de Barbe-Bleue, qu'est le bureau paternel. Heureusement, ici, point de corps ensanglantés, mais des livres, des livres partout, que Valentin subtilisera un à un afin de plonger dans le monde de la littérature.
Lors de l'expo 58, le jeune homme découvre avec émerveillement l'Atomium. Et rencontre Anne-Marie que, comme dans la chanson, la foule vient arracher d'entre ses bras. Ses parents se séparent. Son « père avait beaucoup changé, jeans décolorés, nouvelle montre suisse, le verbe haut et l'appétit retrouvé. A ses côtés, une Vanessa aux longs cheveux noirs et lunettes à monture violette. » Sa « mère ne se coiffait plus et sa peau prenait une teinte jaunâtre. » Et puis, Tonton Jacques « passant fréquemment la main autour de la taille maternelle et Tante Simone l'accompagnant de moins en moins souvent. » Plus tard, Tonton Jacques ramène d'un voyage au Congo, une jeune et jolie protégée noire. Valentin rencontre Céline. Valentin prend une retraite anticipée et, à cette occasion, « les copains du bureau se sont cotisés pour lui offrir un beau livre sur les anciennes locomotives, couverture cartonnée, papier glacé. »
A ces étapes importantes d'une vie livrée en vrac, Michel Joiret mêle des anecdotes historiques. Ici, le voyage en train du roi Léopold Ier et de sa suite. Là, l'indépendance du Congo avec les discours de Lumumba. Une petite halte à la célèbre « Mort Subite », dont il nous révèle l'origine du nom. Céline entraîne Valentin au spectacle. C'est « Pauvre B... » adapté du texte baudelairien par Patrick Roegiers et joué par un « Idwig Stéphane plus Baudelaire que le poète lui-même. » Pour éblouir sa compagne, Valentin se documente sur l'auteur et son calamiteux séjour dans notre pays qu'il prendra en grippe. A mesure que Valentin fait profiter Céline de son érudition toute neuve, le lecteur peut s'instruire en même temps qu'elle. Plus loin, il raconte la mort tragique du Général Boulanger sur la tombe de sa maîtresse, Madame Bonnemain, au cimetière d'Ixelles. Comme j'adore les cimetières, j'ai visité celui-ci et j'ai vu cette émouvante sépulture.
Valentin éprouve un grand amour pour « Le fabuleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède », tout comme moi. Il se rappelle l'heureux temps où les alentours de la Gare du Midi étaient embaumés par les arômes du chocolat Côte d'or. Je m'en souviens aussi avec gourmandise. Valentin ressent un immense chagrin lorsqu'il est obligé d'anéantir son beau chemin de fer électrique, orné de toute sorte de monuments connus. Cela me brise le coeur. Je suis brutalement projetée dans notre maison d'enfance, que nous avons dû vendre après le décès de nos parents. C'est en pleurant à chaudes larmes que je dois détruire le circuit construit avec amour par papa et dans lequel il avait reproduit notre maison et celle de nos grands-parents, l'Atomium et le crématorium d'Uccle, Bokrijk et la Belgique Joyeuse. Valentin ramasse, pour sa collection, des tickets en carton lilas, tout semblables à ceux que nous utilisions dans notre jeunesse. Il évoque Stephenson, « La Flèche » et « l'Éléphant » (des locomotives prestigieuses) dont papa nous parlait avec tant de passion en nous faisant visiter le musée du train à la Gare du Nord.
Ce livre a donc tout pour que je l'adore. Mais, malheureusement, ce ne fut pas le cas. Il m'a paru confus et désordonné. Je n'arrivais pas à me situer dans la chronologie. Quand l'auteur cite le discours de Lumumba sur trois pages interminables, j'ai l'impression de périr d'ennui...
J'ai donc été déçue.
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