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Critique de Analire


C'est la première fois que j'ai la chance de lire un polar de Serge Joncour. Cet auteur français, qu'on ne présente plus, a reçu une flopée de prix littéraires, qui le classe parmi les plus talentueux de sa génération. J'ai pu lire Chien-Loup, récompensé par le prix Landerneau en 2018, créé par les espace culturels des magasins E.Leclerc, il récompense un auteur français promis au succès auprès d'un large public. Et du succès, Chien-Loup en a eut, comme tous les autres romans de l'auteur.

L'histoire est originale. Elle se divise en deux narrations distinctes, qui se passent dans deux époques différentes (l'une en 1914, l'autre en 2017), mais à un endroit similaire : dans le village d'Orcières, département du Lot, un hameau reculé, peuplé de collines verdoyantes et d'animaux sauvages. D'un côté, nous avons Lise, une actrice connue et Franck, son mari, producteur de cinéma, qui ont loué pendant trois semaines une bâtisse ancienne, délabrée, isolée en pleine forêt, sans même un accès à Internet. Ils souhaitaient fuir la furie parisienne pour se ressourcer auprès de la nature dans le but de booster leur créativité. de l'autre côté, un siècle plus tôt, l'ambiance est toute autre. La guerre fait rage, les hommes sont mobilisés au front et les femmes doivent assurer la continuité des tâches à l'arrière. le paysage est plus sauvage, la tension accrue. Un allemand, dompteur de fauves, trouve refuge dans les collines boisées du mont d'Orcières, accompagné de ses lions, qui demandent une attention constante. Joséphine, habitante du village le plus proche, se retrouve seule après la mort de son mari, envoyé comme médecin pour soigner les soldats au front. Joséphine s'éprend du dompteur Wolfgang ; une histoire d'amour secrète, un peu honteuse, naît alors entre eux. Personne ne comprendrait que Joséphine soit aussi vite retournée dans les bras d'un homme après le décès de son mari ; dans les bras d'un allemand, qui plus est.

J'ai beaucoup apprécié l'originalité de l'histoire. Serge Joncour a une imagination indubitable, puisqu'il nous donne à lire un récit novateur, qui nous embarque dans des contrées lointaines, dépaysantes, sauvages. On se retrouve plongé en pleine guerre mondiale, mais d'un côté que l'on a peu l'habitude de voir : auprès des femmes restées en arrière-fond, qui redoublent de travail pour pallier à l'absence des hommes. Elles doivent travailler la terre pour produire de la nourriture, faire tourner les usines pour renflouer les stocks de munitions, puis s'occuper de leur maison et de leurs enfants. Tout ça dans la crainte, l'angoisse et la profonde tristesse de savoir leurs fils, leurs maris ou leurs pères, engagés dans une guerre meurtrière, dont ils risquent de ne jamais revenir. le courage de ces femmes est parfaitement mis en avant ici et j'en remercie grandement l'auteur.

Outre cet aspect, chaque lecture est amené à sortir de sa zone de confort, puisqu'on est plongé dans une campagne désertée, où occupe connexion Internet n'arrive. Un environnement propice pour se reconnecter à soi-même. Mais plus insidieusement, l'auteur nous amène à réfléchir sur la désertification de certains espaces – notamment ici, dans le Lot où se déroule l'histoire, doté de 175 000 habitants seulement, le département occupe pourtant un large espace, plus de 5 300 kilomètres.

Les thématiques de Chien-Loup sont nombreuses, mais la principale est sans doute contenue dans le titre : Serge Joncour aborde la relation entre les animaux et les êtres humains. Les animaux sont partout dans le récit : ils sont un élément clef pour les humains, autant pour assurer leur subsistance que pour les aider à surmonter les difficultés de la vie. Animaux domestiques ou sauvages, moutons, chiens, loups, chacun occupe une place prépondérante dans le récit. En tant que maîtresse d'une jeune chatte de cinq ans, j'ai été particulièrement touchée par une citation que j'ai relevée : « Être maître d'un animal c'est devenir Dieu pour lui. Mais avant tout c'est assurer sa subsistance, sans quoi il ne redeviendrait rien d'autre que sauvage, ou mourrait« . Des propos élémentaires, dont on a parfaitement conscience, mais qui nous apparaissent avec encore plus de force lorsqu'on les voit écrit. Néanmoins, je déplore que l'auteur nous offre un véritablement point de vue sur la relation entre les animaux et les hommes. Il ne fait que disposer des faits factuels, sans pour autant s'engager sur une pente subjective qui nous apporterait une pointe de réflexion quelconque.

En définitive, même si l'histoire est intéressante, puisque dotée de thématiques variées et souvent peu abordées dans les autres romans, je me suis quand même ennuyée. Il n'y a que très peu d'actions et beaucoup de répétitions dans un roman qui compte plus de 500 pages… ça en fait ! le fil rouge de l'histoire n'est pas très clair, les sujets partent quand même dans tous les sens : on parle de la guerre, des femmes, d'amour, de la relation avec les animaux, des désertifications des campagnes, du monde cruel du business… on s'égard sans se fixer sur une seule ligne, ce qui nous éparpille dans la narration.

Un récit aux multiples sujets (la guerre, les relations entre les hommes et les animaux...), tous très intéressants, mais qui s'étirent en longueurs. Ce roman aurait pu être écrit en 200 pages, mais il en compte plus du double ! Ravie quand même d'avoir lu mon premier Serge Joncour et intriguée d'en découvrir d'autres.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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