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Critique de Rodin_Marcel


Thierry Jonquet "Mon vieux", Seuil "Points" 2004.

Vingt ans après «Le bal des débris», Jonquet publie «Mon vieux». le ton a changé, il est dramatique, poignant.
L'enjeu est autrement plus fondamental : le fils va-t-il – avec une myriade de bonnes voire excellentes raisons – tuer son père pour sauver sa fille ? Va-t-il mettre en pratique cette euthanasie que nos brillantissimes manadjeurs de tout poil et gouvernants mortifères aspirent aujourd'hui à légaliser sous couvert de «mourir dans la dignité» pour supprimer «les bouches inutiles» non rentables ? Ce serait d'autant plus facile que l'action se situe pendant l'été 2003, pendant cette canicule qui provoqua dans la France entière une véritable hécatombe de personnes âgées, pour la plupart abandonnées par leurs enfants partis «profiter de congés bien mérités» et sacro-saints, à tel point que des centaines de dépouilles ne feront l'objet d'aucune reconnaissance de la part des familles…

L'auteur renforce encore son propos et son questionnement en mettant en parallèle cette déchéance de la vieillesse avec celle – encore plus cruelle ? – de la déchéance sociale aboutissant à la clochardisation la plus abjecte.
Ce roman prend ainsi des dimensions de témoignage vécu : il reprend de nombreux éléments sur le quartier, exposés dans «Jours tranquilles à Belleville», cette fois sous l'angle documentaire.

C'est un effarant réquisitoire exhibant le statut social de la grande vieillesse dans notre société d'individualisme, de jeunisme et d'hédonisme, dépourvue de tout idéal.
L'un des plus grands textes de Jonquet, à lire et relire.
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